Toute la France transpire sous la vague de forte chaleur. Et ces épisodes sont appelés à se multiplier et à gagner en intensité dans les années et plus encore les décennies à venir. Pour lutter contre les effets du réchauffement climatique dans les villes, l’État a annoncé ce 15 juin la création d’un fonds de 500 millions d’euros et le soutien aux communes engagées dans des projets de renaturation. Ce fonds est destiné à développer des espaces urbains avec moins de goudron et plus d’arbres. Ces derniers apportent de la fraîcheur et limitent les températures dans les villes.
On est dans une ville qui devient rapidement une cocotte minute. On va cuire dans cette ville, si on n’est fait rien.
Mathilde Chaboche
Des inégalités aussi face au réchauffement climatique
L’adjointe au maire de Marseille, en charge de l’urbanisme et du développement harmonieux de la ville, Mathilde Chaboche, partage des chiffres alarmants : au cours des 60 dernières années, le nombre d’arbres dans les zones urbaines a diminué de 50 %. Mais ce n’est pas tout. Avec 4,6 m² d’espaces verts par habitant, Marseille est presque trois fois en dessous du ratio recommandé par l’organisation mondiale de la santé (OMS), qui est de 12 m² de surface verte par habitant.
Le zoom sur les différents quartiers de la ville permet de voir comment la résilience climatique est liée aux inégalités sociales : alors que les quartiers Sud de Marseille disposent de 5 m² d’espaces verts par habitant, le centre ne dispose que de 2,6 m² et les quartiers Nord de seulement 1,8 m². « Plus on est pauvre, plus on a chaud et plus on est exposé aux risques de santé » résume Mathilde Chaboche.
En 2050, 90 degrés en centre-ville
L’effet d’îlot de chaleur urbain (observation d’une température plus élevée en ville) est dû notamment à l’inertie des matériaux de surface, à la pollution et aux formes urbaines. Selon l’étude « Centre-ville résilient » menée par la Métropole d’Aix-Marseille-Provence et la Ville de Marseille en juin 2020, à Marseille, le quartier de Noailles est l’un des plus touchés par cet effet. Durant les périodes de canicule, le sol peut atteindre une température de 60 degrés et contribue en rayonnant à réchauffer l’air. Si aucune mesure n’est prise, le sol pourrait atteindre une température de 90 degrés en 2050.
Cette étude (voir l’intégralité en document source en bas de l’article) est la première étape pour élaborer un plan guide pour concevoir un centre historique durable. La solution pour la situation complexe à Marseille serait donc la création d’espaces verts, l’architecture bioclimatique (construction durable qui capte et diffuse la chaleur et conserve la fraîcheur) et la réhabilitation des bâtiments déjà existants mais aussi la sensibilisation et formation des différents acteurs, notamment les promoteurs et entreprises de construction.
L’un des plus grands projets de renaturation est actuellement la réalisation du Parc Bougainville, poumon vert des quartiers Nord, qui ouvrira en septembre 2024. « Les espaces verts en ville ne sont pas là pour faire joli, c’est un appui de santé publique. Et avec chaque nouveau logement il faut augmenter le nombre des espaces verts », dit Mathilde Chaboche. En octobre 2022, la version actualisée de la charte de la construction durable « Fabriquons ensemble la ville de demain » sera publiée et portera sur les défis et les solutions.
Document source : Marseille 2030 – Coeur historique en transition
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