Un objectif de 50 000 passagers
A la mi-décembre, après une première semaine d’exploitation, Éric Brioist confie à Gomet’ sa satisfaction : « Les chargeurs sont intéressés dit-il, les clients postent des messages très positifs et nous constatons un engouement prometteur tant pour le fret que pour les passagers. Nous n’allons pas déséquilibrer le marché, mais nous nous adressons à ceux qui cherchent une alternative. Nous sommes les seuls à prendre le risque d’une compagnie française, avec des navires qui nous appartiennent, avec un pavillon français et des marins français ! Et nous n’y allons pas pour regarder ». En contractualisant avec la compagnie, les premières agences de voyages spécialistes de la destination se sont positionnées pour commercialiser la nouvelle liaison maritime. Ce canal de distribution est complété par la centrale de réservation téléphonique et le site internet de la compagnie. La Méridionale vise un objectif de 50 000 passagers.
Une fois que la ligne Marseille-Tanger aura atteint son rythme de croisière, La Méridionale espère transporter chaque année 280 kilomètres linéaires de fret, soit l’équivalent de 20 750 remorques. Ce volume représente entre 5 et 6% du total des volumes de remorques transportés vers Tanger. « Nous sommes à la fois ambitieux, car la ligne est nouvelle, affirme Rafik Belhadj-Amara, mais réaliste, nous visons 5% à 10% de parts de marché. »
Le fret sera diversifié. Les produits agricoles sont échangés entre les deux pays, avec notamment des céréales en export et des fruits et légumes en import avec les remorques réfrigérées, du matériel roulant, comme les grues et camions neufs. Mais Navimed compte bien séduire les industriels qui font la réussite économique du nord du Maroc avec Renault au premier plan. Les pièces détachées qui viennent d’Europe de l’Est, comme les véhicules assemblés dans l’unité de Tanger en retour constituent un marché prometteur. La Méridionale se donne une année pour vérifier ses hypothèses de marché et adapter son service.
Cette ligne doit devenir une cause commune
Rafik Belhadj-Amara
Rafik Belhadj-Amara qui est un Méditerranéen engagé, il a été délégué régional de la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI), voit dans cette ligne un enjeu stratégique qui devrait mobiliser le territoire : « Cette ligne doit devenir une cause commune pour relocaliser en Méditerranée des productions parties en Asie, pour repositionner le port en allant chercher du fret en Belgique, en Italie, en Suisse, en Hollande. L’enjeu stratégique est de faire de Marseille un hub de dégroupage ».
(1) Le Financial Times a classé la plateforme industrielle Tanger-Med (Maroc) comme étant la deuxième zone économique spéciale dans le monde. Selon le classement 2020 des meilleures zones franches, Tanger Med se positionne derrière Dubaï Multi Commodities Center (Émirats Arabes Unis), alors qu’elle était classée 5e en 2019. Tanger Med, le plus important complexe industrialo-portuaire en Afrique, a obtenu à cette occasion d’autres distinctions dont le 1er prix mondial “Large Tenant” pour la catégorie grands projets d’investissements. Tanger Med Zones est développée sur une superficie de 2 000 hectares et comprend six zones d’activités orientées autour des métiers de l’automobile, de l’aéronautique, de la logistique, du textile et du commerce. Elle compte plus de 1.000 entreprises représentant un volume d’affaires annuel à l’export environ 9,2 milliards USD en 2019 et génère près de 80.000 emplois. Source : Financial Afrik