La mairie de Marseille poursuit son bras de fer face à Euroméditerranée à la Porte d’Aix. Dès son arrivée au pouvoir en juillet dernier, la nouvelle majorité a critiqué une partie des travaux réalisés par l’établissement public et le promoteur Cogedim pour la construction de l’Institut méditerranéen de la ville et du territoire (IMVT) : « ils détruisent un espace boisé et précieux dans ces quartiers qui en sont dépourvus », alertait alors Michèle Rubirola. Six mois plus tard, la municipalité continue de réclamer, dans un communique diffusé le 12 janvier « davantage de compensations environnementales. »
La mairie pour l’IMVT mais avec plus de végétalisation
En novembre dernier, l’adjointe à l’urbanisme évoquait Mathilde Chaboche, parlait d’une « négociation avec le promoteur pour le forcer à revoir son projet et à rechercher toutes les compensations possibles pour la destruction inadmissible des arbres ». Elle a alors obtenu des premières concessions auprès de Cogedim, « 14 arbres ont été transplantés et préservés, et le promoteur va financer des aménagements sur le parc adjacent, que la majorité municipale s’engage à ouvrir au printemps 2021 », se félicitait la Ville.
Pour autant, elle ne semble pas s’en contenter et prévient que sa « vigilance reste intacte sur l’autre parcelle où les travaux ont commencé ce lundi 11 janvier 2021 ». Si la mairie affirme soutenir l’installation de l’IMVT, elle demande aujourd’hui à Euroméditerranée « des engagements pour végétaliser et désimperméabiliser davantage l’espace public du périmètre de la Zac Saint-Charles ». Et d’ajouter : « Les habitants et forces vives du quartier devront être associés au choix des sites ainsi qu’aux projets développés grâce à l’investissement des équipes d’Euroméditerranée et de l’IMVT ». Depuis plus de dix ans, plusieurs associations s’opposent au projet de l’aménageur. En première ligne, le collectif Porte d’Aix vient notamment de publier une étude alertant sur les dangers de construire de nouveaux bâtiments sur la place.
Porte d’Aix : un sous-sol instable ?
Cette étude est fournie par le géologue Michel Villeneuve qui est un militant écologiste mais aussi un expert reconnu dans son domaine. Il est notamment à l’origine de la dernière version de la carte géologique officielle Marseille-Aubagne. Dans son rapport de six pages sur la porte d’Aix (voir document source page suivante), il affirme que « le sous-sol de la Porte d’Aix n’est pas le plus stable des endroits. Il s’apparente à celui de la rue d’Aubagne qui est son pendant au sud de Canebière (…) L’expérience nous a montré que les constructions réalisées sans tenir de la constitution du sous-sol, comme à la rue d’Aubagne, pouvait mener à des lézardes dans les bâtiments voire à des effondrements », alerte-t-il.
Le spécialiste explique que la porte d’Aix agît aujourd’hui comme une éponge absorbant les eaux de ruissellements dans les sous-sols et « que des constructions d’immeubles avec des caves ou des parkings souterrains font barrage à l’écoulement naturels des eaux et renvoient donc vers les immeubles ou les maisons voisines, les nuisances qu’ils auront générés ». Autrement dit, les projets immobiliers de Cogedim feraient peser une menace sur les immeubles anciens de la zone. Michel Villeneuve recommande donc de conserver la place dans son état actuel : « Une zone verte non construite comme les jardins de la Porte d’Aix, est une éponge naturelle qui amortit les zones de ruissellement sans créer des nuisances pour les constructions du voisinage », avance-t-il.
Un argument de poids pour les opposants au chantier qui exigent « l’arrêt immédiat des travaux actuels et un nouveau projet d’aménagement pour la Porte d’Aix tenant compte des contraintes environnementales ».