D’année en année, l’agence de développement économique de la Métropole, Provence Promotion, attire de plus en plus d’entreprises sur le territoire. Elles étaient 60 en 2016, puis 68 en 2017 et 2018 affiche une nouvelle progression avec 75 projets d’implantations concrétisés. Au total, cela représente la création de 1 788 emplois.
Des projets à plusieurs dizaines de millions d’euros
L’agence mise de plus en plus sur les gros investissements. Elle a ainsi permis la création d’une nouvelle plateforme logistique de l’enseigne Biocoop à Noves pour un montant de 80 millions d’euros. Elle est aussi à l’origine du Mif 68, le marché de gros à dominante chinoise installé dans les quartiers Nord de Marseille, qui a mobilisé 17 millions d’euros. Enfin, Provence Promotion a convaincu ID Logistics de déménager son siège social à Orgon pour 7 millions d’euros et 150 emplois à la clé.
Le numérique et la logistique sont les deux secteurs les plus importants dans les nouvelles implantations
Les start-up sont également devenues une cible prioritaire : « L’économie a changé et les jeunes entreprises innovantes prennent une place prépondérante dans la création d’emploi », avance Jean-Luc Chauvin, le président de la Chambre de commerce et de Provence Promotion. Et ces sociétés innovantes sont de plus en plus nombreuses à choisir Marseille ou Aix-en-Provence pour démarrer leur activité. Certaines viennent même de loin comme Bovlabs, une start-up née dans la silicon valley qui s’est installée à thecamp pour développer sa solution d’échanges d’énergie alternative : « J’avais le choix entre Boston, l’Australie ou encore Londres mais j’ai choisi Aix-en-Provence grâce à thecamp et ses liens avec les grands groupes », explique son fondateur indien, Jaikrishnan Pillai. La moitié des nouvelles installations réalisées grâce à Provence Promotion viennent de l’étranger.
Profiter du Brexit pour chasser les entreprises britanniques
L’Amérique du Nord, Etats-Unis et Canada, reste le principal pourvoyeur de projets, environ 10% des nouvelles entreprises. A noter, l’arrivée du canadien CGI, une société de services informatiques, qui annonce la création de 180 emplois dans les trois ans sur Aix-en-Provence. Le Royaume-Uni arrive en deuxième position avec des sociétés comme SPI Pharma, Ellpha ou Netwookie qui a développé une plateforme de prestation de services pour l’Afrique : « Nous étions à Cambridge où les investisseurs sont nombreux mais pas très tourné vers l’Afrique. Marseille nous a semblé le lieu idéal pour trouver des talents dans le domaine du numérique qui connaissent bien ce continent », raconte le patron de la start-up, Maximilian Bock. Avec le Brexit annoncé pour cette année, l’Angleterre sera plus que jamais un terrain de chasse privilégié pour Provence Promotion : « Je suis prêt à parier que ça va accélérer la venue des sociétés britanniques chez nous », annonce Jean-Luc Chauvin.
Les entreprises étrangères représentent près de la moitié des implantations en 2018
Négocier en direct avec les chefs d’Etat
Fort du bon cru 2018, Provence Promotion ambitionne de dépasser les 80 entreprises dès cette année. Elle peut d’ores et déjà compter sur la concrétisation de l’arrivée du chinois Quechen à Fos-sur-Mer qui doit signer son bail au dernier trimestre 2019. Ensuite, l’agence de développement va élargir son réseau de partenaires. Elle va créer des programmes d’influence avec les grands acteurs locaux comme CMA CGM, le Grand port maritime de Marseille ou encore Euroméditerranée. « Ensemble, on décidera de la stratégie et des destinations à privilégier pour convaincre les grands groupes », explique Philippe Stefanini, le directeur de Provence Promotion. Par exemple, sur le maritime, l’agence va mettre l’accent sur la Chine et Shanghaï grâce aux relations de la CMA CGM en Asie. « On veut passer à une gamme supérieure de décideurs, ajoute le directeur. On va chercher directement les patrons du CAC 40 et les chefs d’Etat étrangers », ambitionne-t-il. Toujours dans le but d’attirer de plus gros investissements, Provence Promotion va créer un cluster de quartiers généraux pour convaincre les entreprises de localiser leurs sièges sur la métropole. « Nous avons déjà commencé cette stratégie quand nous sommes allés à New-York pour convaincre les Nations Unies de créer une antenne européenne du PNUD, leur programme de développement, à Marseille », raconte Jean-Luc Chauvin.
Alerte sur la pénurie de foncier économique
Encore faut-il disposer du foncier économique suffisant pour pouvoir accueillir de grandes entreprises… « On a une vrai carence de mètres carrés disponibles sur le territoire. On est très en retard par rapport aux grosses métropoles comme Lille ou Toulouse. Sans offre à proposer dans les deux ans, on est plus dans la course et on rate de belles opportunités. Il faut que les collectivités comprennent cet enjeu », insiste Jean-Luc Chauvin. La pénurie se fait fortement sentir à Aix-en-Provence pour le tertiaire : « La ville est très attractive pour les groupes parisiens notamment. Sans foncier, c’est une perte sèche de projets pour nous », avoue Philippe Stefanini. Il attend avec impatience la sortie de nouveaux programmes immobiliers comme le quartier de la Constance qui tarde à arriver.