« La rentrée scolaire va être étrange … » C’est avec l’air perplexe, mais non moins remonté, que Magali Hidalgo, co-secrétaire du syndicat CGT Educ’action 13, entame la conférence de presse de rentrée du syndicat, jeudi 29 août. Car à quelques jours de la rentrée scolaire, lundi 2 septembre, celui-ci dénonce un climat d’incertitudes. « Nous avons face à nous une ministre démissionnaire (Nicole Belloubet, ndlr), qui expédie les affaires courantes » s’insurge Magali Hidalgo. De fait, la conférence donnée lundi 27 août par l’ex-Garde des Sceaux, passée ensuite à l’Education nationale, n’a pas convaincu le corps éducatif, au contraire.
Au delà des « effets d’annonce » dénoncés par la CGT (interdiction du téléphone portable, port de l’uniforme etc.), les déléguées de l’antenne locale s’inquiète de n’avoir aucune garantie sur la sanctuarisation du budget de l’Education nationale, alors que des coupes budgétaires sont annoncées par le ministère de l’Economie pour combler le déficit du pays.
Manque d’effectifs, choc des savoirs… les incertitudes de la rentrée scolaire
A côté de cela, comme chaque rentrée, les syndicalistes déplorent le manque d’effectifs, que ce soit au niveau du personnel enseignant ou périscolaire. « La ministre a promis un enseignant devant chaque classe à la rentrée de septembre … Mais encore faut-il qu’il souhaite y rester toute l’année », souligne Magali Hidalgo. « Un enseignant devant chaque classe, c’est bien, mais pour combien d’élèves par classe ? 25, 30 ? » renchérit à ses côtés Monia Haddaoui, élue syndicale. La CGT ne dispose néanmoins pas de données chiffrées communiquées par le rectorat pour étayer ces inquiétudes. Le syndicat s’appuie en revanche sur la mobilisation des listes complémentaires et remplaçants, ainsi que l’absence de création de postes sur l’académie. Le corps enseignant n’est pas le seul touché : il en va de même pour les accompagnants des élèves en situation de handicap, ou encore les surveillants et CPE.
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Ce n’est pas tout : en plus de cette problématique récurrente et en dépit du flou politique, le monde académique fait face à l’arrivée de nouvelles mesures … qu’il va falloir mettre en place. C’est le cas notamment des groupes de « besoins » au collège, inclus dans la réforme « Chocs des savoirs. » « On nage en eaux troubles. Comment vont être mis en place ces groupes, et sur quels critères ? Cela risque de créer des problématiques d’emploi du temps ainsi que des disparités de mise en œuvre en fonction des établissements » s’inquiète Magali Hidalgo. Il en va de même pour la mesure instaurant l’accueil en lycée général et technique de secteur de tous les élèves sans affectation au lycée, qui risque de générer des problématiques de place dans les établissements.
Deux mobilisations prévues le 10 septembre et le 1er octobre
Dans ce climat d’incertitudes, l’intersyndicale appelle à une mobilisation le 10 septembre prochain, qui ciblera spécifiquement la tenue des évaluations scolaires. Une seconde mobilisation est prévue le 1er octobre, qui concernera plus largement les conditions de travail des salariés. Un éventuel changement de contexte politique n’influerait pas sur la détermination du secteur à faire entendre sa voix : « Si un gouvernement issu du Nouveau front populaire monte demain, nous pourrons réfléchir à l’opportunité de faire grève. Mais quel que soit le ministre, nous maintiendrons nos revendications. N’oublions pas que nous avons été très échaudés par le gouvernement Hollande (PS) qui a complètement exclu les lycées dans l’éducation prioritaire. Il ne faut pas relâcher la pression », martèle Magali Hidalgo. La rentrée promet d’être animée …
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