Les inquiétudes se font vives au seuil de cette rentrée scolaire : y aura-t-il, comme promis par le ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye, un enseignant devant chaque classe ce 1er septembre ? A cette question, le rectorat de l’académie d’Aix-Marseille, qui a organisé une conférence de presse de rentrée mercredi 31 août, répond par l’affirmative. « Les effectifs des professeurs sont comblés », affirme ainsi Bernard Beignier, recteur de l’Académie, entouré pour l’occasion de l’ensemble des inspecteurs de la région. Pourtant, ce n’était pas gagné d’avance, reconnaît-il lui-même : « De fait, on constate au niveau national une baisse du nombre d’inscriptions aux concours de la fonction publique. Nous craignions de ne pas avoir assez d’enseignants, mais au final, nous avons réussi à pourvoir tous les postes pour le 1er degré. »
Quant au second degré, toujours selon les chiffres du rectorat, l’Académie accuse un manque de professeurs de 7,5% sur 16 000 enseignants, ce qui « en volume horaire devant les élèves équivaut seulement à une perte de 0,5% des effectifs », affirme également le recteur. Pour le combler, et parer à d’éventuels désistements de dernière minute, l’Académie n’exclut cependant pas la possibilité de recourir à deux « viviers » : la liste complémentaire du concours, dont les 56 lauréats ont d’ailleurs été mobilisés à la suite de la contestation des syndicats devant l’inspection académique lundi 29 août – mais aussi les contractuels. En outre, l’académie d’Aix-Marseille bénéficie pour cette rentrée d’une dotation de 211 postes d’enseignants équivalents temps plein, soit 111 postes dans le 1er degré et 100 dans le second degré.
Une bonne nouvelle pour la CGT Éduc’action 13, contactée par Gomet’, qui nuance cependant les chiffres avancés par le rectorat :« Si l’on prend en compte la fermeture de certaines classes, alors effectivement ils sont peut être dans leurs effectifs. Cependant, lorsqu’on regarde ces suppressions et qu’on ajoute le nombre de classes qu’il faudrait ouvrir pour accueillir tous les élèves, ce sont 200 postes d’enseignants qui manquent», alerte Lorane Francou, secrétaire départementale du syndicat.
La précarité des contractuels dénoncée par les syndicats
Ce lundi 29 août, les syndicats se sont réunis devant les locaux de l’Inspection académique, boulevard Charles Nédelec à Marseille (1er) pour protester contre le recrutement de contractuels, dénonçant le fait que certains professeurs formés restent sans affectation. Mobilisation à la suite de laquelle l’Inspection a annoncé sa décision de recruter les 56 enseignants stagiaires inscrits sur la liste complémentaire du concours. D’emblée, Bernard Beignier coupe court à toutes polémiques sur le sujet : « Faire appel à des contractuels, ce n’est pas nouveau, nous le faisons chaque année. Mais chacun comprendra que ces nouveaux professeurs ne sont pas formés en quatre jours. Ils suivent effectivement une formation de cette durée pour connaître les bases de l’éducation nationale, mais ils sont ensuite suivis et tutorés tout au long de l’année et ont également la possibilité de suivre des formations », rappelle-t-il.
Par ailleurs, selon le rectorat, la plupart des contractuels recrutés pour la rentrée ont déjà exercé l’an passé. Ainsi, sur les Bouches-du-Rhône, les 70 contractuels recrutés l’an dernier ont été renouvelés. « Nous n’avons donc pas besoin de recourir à de nouveaux contractuels dans 1er degré. Dans le second degré, les contractuels représentent 7,5% des enseignants et seuls une cinquantaine de nouveaux contractuels ont été recrutés sur tout le département, c’est donc une part infime », affirme de son côté Vincent Stanek, inspecteur d’académie des Bouches-du-Rhône.
« Notre académie reste très attractive pour ceux qui souhaitent exercer le métier d’enseignant. »
Bernard Beignier
D’autant que le recteur l’assure : « Notre académie reste très attractive pour ceux qui souhaitent exercer le métier d’enseignant. » Ce n’est pas le même son de cloche qui retentit du côté des syndicats, en dépit des dernières annonces gouvernementales, en particulier le salaire à 2000 euros net en début de carrière : « J’exerce depuis dix-sept ans et touche à peine 2200 euros. Cela veut dire que je vais gagner ce salaire jusqu’à la fin de ma carrière ? C’est toute la grille tarifaire qui est à revoir », s’insurge Magali Hidalgo, professeur en lycée professionnel et co-secrétaire de la CGT Educ’action 13, à l’occasion d’une conférence de presse organisée ce mardi 30 août, à la veille de celle du rectorat.
Pour le syndicat, qui dénonce une précarisation du métier d’enseignant et réclame la titularisation de l’ensemble des personnels non-titulaires « sans condition de concours ni de nationalité », les annonces gouvernementales ne sont pas suffisantes. « Pour être titulaire, il faut d’abord effectuer six ans de CDD. Cela conforte les contractuels dans une situation de précarité. De plus, les annonces gouvernementales ne viennent pas régler les problèmes de surcharge dans les classes, ou encore de la démultiplication des missions », déplorent ses représentants. Malgré la volonté du gouvernement de « revaloriser la carrière des enseignants », le mal-être semble donc persistant chez ces derniers.
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