Le maire de Marseille Benoît Payan n’a jamais caché sa défiance vis-à-vis du secteur de la croisière et son impact environnemental : « Il faut arrêter cette catastrophe sanitaire et engager un immense plan pour réduire la pollution », annonçait-il au lendemain de l’élection du Printemps Marseillais à l’Hôtel de Ville. La mairie a joint le geste à la parole en annonçant lundi 3 mai, dans un communiqué le non-renouvellement de son adhésion au Club de la croisière Marseille Provence , un « outil de lobbying (…) dans lequel la relation entre pouvoirs publics et intérêts privés n’est pas équilibrée », affirme-t-elle.
Lors du conseil municipal du 21 décembre, la Ville a déjà supprimé plus de la moitié des subventions accordées au Club de la croisière, soit 30 000 euros contre 70 000 euros auparavant. En annulant son adhésion, elle prive l’association de 50 000 euros supplémentaires. Mais le Département des Bouches-du-Rhône, présidé par la LR Martine Vassal, a déjà compensé en partie ce manque à gagner en votant une augmentation de 20 000 euros de son aide.
La mairie prône « une réforme profonde de la gouvernance » du club
La mairie de Marseille se dit « en désaccord avec la stratégie de développement touristique et les récentes prises de position du club de la croisière ». Elle fait notamment allusion à la remise en cause par le président du club, Jean-François Suhas, des données publiées par l’observatoire de la qualité de l’air Atmosud. La mairie affirme par contre être « aux côtés » des autres membres fondateurs du club, le Grand port maritime de Marseille (GPMM) et la chambre de commerce et d’industrie (CCIAMP) souhaitant « impulser une stratégie partenariale renouvelée afin d’accompagner efficacement la relance durable des activités de croisière et leur repositionnement stratégique ».
Dans un courrier transmis au président du club de la croisière, l’adjoint à l’économie et au tourisme du maire de Marseille, Laurent Lhardit écrit à propos du club : « Sans une réforme profonde de sa gouvernance et de ses objectifs, nous considérons qu’il n’est plus à ce jour en capacité d’offrir à ses partenaires un lieu privilégié de dialogue entre acteurs et de relance des activités ». Laurent Lhardit avait récemment pris aussi ses distances avec la stratégie de l’Office métropolitain de tourisme et des congrès.
« L’ensemble de la filière présente à Marseille fait preuve d’un engagement précurseur »
Club de la Croisière Marseille Provence
Le Club de la croisière a pris acte de la décision de la Ville à travers un communiqué (lire l’intégralité page suivante) : « Le Club se concentre sur la reprise de l’activité croisière et poursuit ses actions concrètes au service de l’intérêt général, grâce à la mobilisation de ses membres » déclare l’association. Tout en rappelant les retombées économiques de l’activité sur le territoire, le Club insiste sur les avancées en matière de développement durable : « L’ensemble de la filière présente à Marseille fait preuve d’un engagement précurseur et ambitieux en faveur d’une croisière plus responsable ainsi qu’en témoignent les investissements et les innovations technologiques engagés par tous les acteurs (port de Marseille Fos et armateurs) sous l’impulsion et la coordination du Club de la Croisière Marseille Provence.»
Créé en 1996 par la Ville de Marseille, la CCI et le port de Marseille, le Club de la croisière Marseille Provence compte aujourd’hui 48 membres dont les principales collectivités du territoire, les groupements professionnels du secteur touristique local et de grands groupes maritimes comme la compagnie du Ponant, Boluda ou encore Cofrapex.