La saison estivale approche à grand pas et avec elle, l’envie de relâcher la pression des mois précédents, marqués par la crise sanitaire. Mais prudence ! Pas question d’ouvrir les vannes à fond sans précautions. C’est en tout cas l’avertissement délivré par Laurent Lhardit, l’adjoint au maire de Marseille, délégué à l’économie et au tourisme durable mercredi 21 avril, au cours d’une conférence de presse sur la stratégie touristique de la Ville.
Le terrain touristique est partagé avec de nombreux acteurs à commencer à Marseille par l’Office Métropolitain de Tourisme et des Congrès de Marseille … ce qui n’est pas sans générer des tensions. En effet, l’adjoint a largement fustigé la stratégie de l’Office, qu’il juge inadaptée à la situation actuelle, stratégie fondée sur une promotion accrue de Marseille en France et à l’étranger. « Or, cette promotion ne tient pas compte du budget de l’office, insuffisant pour développer la capacité d’accueil dans notre ville », déplore Laurent Lhardit.
En réponse, Marc Thépot, élu président de l’office métropolitain de tourisme en janvier 2021 (lors de son élection, il avait battu Laurent Lhardit) et directeur du Nhow Palm Beach, se défend d’adopter une stratégie de communication disproportionnée : « Notre volet communication cible spécifiquement la période qui va au-delà du mois d’août et s’adresse spécifiquement à des touristes français, même si d’ores et déjà nous préparons la communication à l’égard des publics étrangers dans l’espoir d’une réouverture des frontières européennes d’ici fin 2021 ».
Des critiques injustes et démotivantes pour Marc Thépot
Les critiques adressées par Laurent Lhardit sont donc « injustes » et « démotivantes » pour le président de l’Office, affirmant que la Ville pratique la politique de la chaise vide depuis l’élection de Marc Thépot en janvier 2021. « Tout ce que nous voulons c’est travailler main dans la main avec la mairie pour proposer une stratégie qui permette à la fois de ne pas revivre un été aussi meurtrier qu’en 2020, tout en gérant la surfréquentation », conclut-il, conciliant.
Jusqu’en 2018, l’Office de tourisme était rattaché à la municipalité, avant d’être placé sous autorité de la Métropole. Pour Marc Thépot, élu pour sa part à la tête de l’Office au titre de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH), les critiques adressées par Laurent Lhardit relèverait donc « d’une guerre politique entre la Mairie et la Métropole, dont le tourisme est victime collatérale »..
La crainte d’une surfréquentation cet été
Au cœur des préoccupations de la Mairie, la surfréquentation de certains lieux, notamment les Calanques et Notre-Dame-de-La-Garde. En effet, Laurent Lhardit redoute une vague de touristes aussi élevée que l’an dernier, sans toutefois fournir de chiffre précis car il n’existe pour l’heure aucun moyen de quantifier précisément la fréquentation touristique dans la Ville, faute d’outils adaptés.
« L’image de la ville risque d’être ternie si les choses ne se passent pas bien », s’inquiète l’élu. Mais comment empêcher les touristes de se rendre dans certains lieux ? « Il n’est pas question d’interdire l’accès, mais de chercher à diversifier les lieux d’accueil des touristes, par exemple en organisant des événements ailleurs que dans les zones surchargées ». De son côté, Marc Thépot se montre moins inquiet : « L’an passé, la municipalité venait tout juste de se mettre en place et les moyens sécuritaires pour gérer le flot de touristes n’était pas encore au point, ce qui a empêché de gérer certains débordements ». La Ville accuse aussi l’Office de « vouloir jouer le quantitatif » en termes de touristes, alors que ce dernier affirme vouloir proposer lui aussi des parcours alternatifs aux visiteurs.
« L’été marseillais » dévoilé le mois prochain
Concernant le programme d’animation estivale de la Ville, le suspense durera encore un peu. « Nous vous dévoilerons tout le mois prochain », promet Laurent Lhardit. Le dispositif devrait notamment inclure des propositions concernant l’accès aux Goudes particulièrement encombré par le trafic automobile. D’autres adjoints ont d’ailleurs fait une série de propositions pour réguler le flux de visiteurs vers les calanques.
Quoi qu’il en soit, du côté de la Mairie comme de l’Office Métropolitain, on se dit « prêt à se mettre autour de la table » pour adapter la stratégie touristique de la saison estivale qui, cette année encore, sera marquée de la crise sanitaire.
Liens utiles :
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