Candidat centriste malheureux en 2008, ancien adjoint de Maryse Joissains, Stéphane Salord entend incarner une candidature à la mairie d’Aix sous bannière écologiste, alors qu”EELV a décidé de soutenir Dominique Sassoon. Avec l’appui de l’élue d’opposition Charlotte de Busschère, celui qui multiplie les engagements associatifs et politiques entend porter un projet écologiste du centre malgré les nombreuses candidatures existantes sur cette espace politique.
Vous avez récemment enregistré le renfort de la conseillère municipale Charlotte de Busschère. Est-ce un soutien de poids pour votre candidature ?
Stéphane Salord : Charlotte de Busschère est une femme de qualité, qui a mené des combats seule, envers et contre tous, pour l’écologie urbaine. C’est bien la seule, pendant ces six années de pouvoir Joissains, qui a voulu protéger les populations, sans tomber dans une opposition systématique. Elle a notamment soutenu les gens qui s’occupaient des arbres, mais également sur la question de la qualité des effluents de la chaudière à bois d’Encagnane, avec une volonté de démocratie locale et de parler, de partager librement. Elle a assumé. Elle a amené des preuves de soutien et d’intérêt à la vitalité démocratique, au débat et aux questions écologiques. Elle a un bon passeport politique
Vous portez une candidature écologiste en même temps que Dominique Sassoon est soutenu par EELV. En quoi vos projets se distinguent-ils ?
S.S : Je possède une triple investiture : celle de Génération écologie, du Mouvement des progressistes et d’Urgence écologie. Mais je ne me pose pas la question comme cela. Je préfère parler du mode de construction de notre projet écologiste. C’est un projet qui s’est bâti dans trois dimensions : la première c’est l’urgence, qui est clairement posée avec la question de la destruction de la qualité de l’air de manière accélérée. Ce problème est caché, il est sous le tapis. Moi-même je suis insuffisant respiratoire, et, avec les chiffres de l’ARS, je vois que sur un indice de 100, nous sommes à 160 % sur les infections respiratoires. Je commence à me dire que cette ville n’est pas résiliente, qu’elle n’est pas engagée sur la voie du changement profitable à une véritable révolution de la qualité de l’air dont nous avons besoin pour vivre demain sur ce territoire.
Cette révolution de la qualité de l’air, comment entendez-vous la mener ?
S.S : Elle passe par deux moyens : le premier c’est d’aller enfin vers le grand système de transports métropolitain dont nous avons besoin. Le second consiste à couvrir au moins deux de nos structures autoroutières par des ponts végétalisés, avec également des systèmes d’absorption de CO2, microparticules et gaz à effets de serre. Cela se fait ailleurs, on fait des grands ponts partout en France pour faire passer des animaux sauvages. Nous, ici, nous n’avons pas d’animaux sauvages, mais nous avons des habitants civilisés, qui ont envie notamment d’unir la ville, ouest et est, coupée en deux depuis 50 ans par des autoroutes malencontreuses, qui ont en plus bétonisé une partie de la ville, et envoyé une partie de nos concitoyens dans ce que l’on appelle « les quartiers ». Les quartiers, j’en ai marre, je veux réunifier ma ville une bonne fois pour toutes. Je veux une ville équitable, quand les autoroutes sont contre la ville équitable et la ville respirable.
Ce projet, n’est-il pas possible de le porter avec Dominique Sassoon ?
S.S : Je ne sais pas, peut-être. Clairement, Dominique est le bienvenu dans ce qui peut ressembler à une coalition de gens du centre et de la société civile. J’en appelle à son esprit de société civile, puisqu’il se définit lui-même comme un homme libre, comme un homme de la société civile, avant même de parler du soutien qu’il a d’EELV. Je pense à ce titre là qu’il a sa place – même pas parmi nous – mais directement après la mienne, dans quelque chose qui peut être un trinôme. Je pense que cela peut être pour les électeurs le plus beau signal de toute la campagne, puisque les gens me disent depuis le début : « Monsieur Salord, unissez-vous, réduisez le nombre de listes, on veut tourner la page à Aix, et on sait que s’il y a trop de listes on ne tournera pas la page ».
Je ne tolérerai plus dans l’opinion publique de ma ville que les gens me disent que cette Métropole n’est pas la leur, qu’elle ne fonctionne pas pour eux.
Stéphane Salord
N’accepteriez-vous pas d’être derrière Dominique Sassoon dans une liste commune ?
S.S : A cela, j’ai une réponse aimable pour un monsieur extrêmement respectable. Je pense que, à l’heure de choix politiques très complexes pour la Métropole, il faut avoir l’énergie, les coudées franches, la visibilité politique, être un peu éduqué à ce genre de choses pour avancer assez vite. On va trouver, je vous le dis, une situation politique métropolitaine extrêmement tendue et compliquée à gérer. A un moment donné, il va bien falloir que cette Métropole soit gérée par tous les métropolitains. Moi je le sais ça. Je ne tolérerai plus dans l’opinion publique de ma ville que les gens me disent que cette Métropole n’est pas la leur, qu’elle ne fonctionne pas pour eux.
Comment souhaiteriez-vous voir fonctionner cette Métropole que vous décriez ?
S.S : Cette Métropole doit être résiliente dans son ensemble. Cette immense machine avec des potentiels inimaginables doit se mettre en route très vite et très fortement. Il faut des maires volontaires pour le faire. De même, nous devons vivre différemment dans nos proximités, en favorisant nos richesses et nos atouts locaux, notamment via les circuits courts alimentaires. Nous devons également faire une rupture énergétique en provoquant la production massive d’énergie au niveau local. Enfin, je plaide pour une rupture par rapport à la réussite éducative et scolaire des enfants qui est le seul moyen de casser la spirale de la misère dans laquelle beaucoup trop d’habitants de cette métropole sont en train de s’enfermer. Il faut casser cette logique d’installation de la misère, en misant tout sur nos gosses.
Certains estiment que votre passé politique, notamment le fait d’avoir été l’adjoint de Maryse Joissains, ne vous permet pas d’incarner le renouvellement. Que leur répondez-vous ?
S.S : Si l’on regarde bien le paysage politique sur 20 ans, toutes les lignes ont bougé. Moi j’ai toujours été un homme de l’entreprise, avec des valeurs de solidarité, d’écoute, et je n’ai jamais dénigré ni stigmatisé qui que ce soit. Deuxièmement, j’ai toujours été un homme de l’action et de l’apport local. J’ai quand même une culture territoriale qui n’est pas celle, sectaire, d’un parti. Je n’ai jamais finalement été l’homme d’un parti politique. J’ai été élu en 2001, avec Maryse Joissains certes, mais sans étiquette. J’ai été candidat aux cantonales de 2004 sous l’étiquette de l’UMP, j’ai quitté le parti de la majorité présidentielle fin 2006, en profond désaccord avec Maryse Joissains. En 2008 j’adhère à Génération écologie, soit il y a presque douze ans. Je ne vois en quoi ce parcours est gênant, et surtout pour qui. Il n’y a rien de particulièrement ni gênant, ni atypique.
Quel regard portez-vous sur la situation judiciaire de Maryse Joissains ?
S.S : Ici à Aix-en-Provence, nous sommes dans une ville dans laquelle s’est installée une culture qui amène à une grande fatalité. Si Maryse Joissains sort du jeu, on va ouvrir une ère nouvelle, on va surtout ouvrir les fenêtres si vous voyez ce que je veux dire. Je ne me suis pas trop prononcé sur Maryse Joissains depuis le début de cette campagne, sauf sur la guerre des afficheurs. Après, moi, j’ai 50 ans, elle est au bord des 80 ans, nous n’avons jamais été de la même génération. A ce moment de ma vie et de mon engagement politique, je suis tourné avec détermination, et un peu d’inquiétude, vers l’avenir. J’ai envie d’être de ceux qui vont avoir une proposition non pas politique, mais sociétale, pour que demain l’on puisse vivre sur ce territoire. J’y mettrai toute mon énergie.
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