Cela fait plusieurs semaines que l’on entend cette même petite musique inquiétante. « Les TPE et PME souffrent », répète d’Alain Gargani, le président de la CPME Sud, le syndicat des patrons des petites et moyennes entreprises. Après un ralentissement de leur activité pendant le Covid-19, les entreprises font aujourd’hui face à la hausse des prix de l’énergie. Mais l’inquiétude d’Alain Gargani pour les entreprises est surtout liée aux difficultés de recrutement. Le représentant, esquisse alors, quelques solutions pour soutenir l’embauche locale lors d’un point presse tenu le 10 novembre dernier au siège de la CPME Sud.
A ses côtés, Jean-Luc Gérard, directeur de deux franchises de matériel informatique LDLC, à Marseille et Aubagne, déplore la situation. « Quand on veut embaucher, on ne trouve plus personne ! » Le franchisé cible en partie les jeunes travailleurs qui « ne veulent plus travailler les week-end » et les changements de consommation des Français. « Les gens dépensent moins d’argent et ça se ressent… », partage le commerçant.
Reconduire la prime pour l’alternance
Pour y faire face, plusieurs solutions sont exposées par les deux dirigeants. D’une part, ils proposent de « reformer » l’assurance chômage. « Il y a 200 000 demandeurs d’emplois dans la région et 100 000 emplois à pouvoir. Il devrait y avoir un moyen de faire concorder les deux », assume Alain Gargani. Bien que le chômage (7,3%) reste stable au troisième trimestre (-0,1%) en France selon les chiffres du Bureau international du travail (BIT), la prime à l’alternance (entre 6 000 et 8 000 euros par embauche depuis 2020) a permis à toutes les entreprises d’embaucher significativement des jeunes.
En revanche, les entreprises ne semblent pas prêtes à renoncer à cet avantage économique. « Il faut absolument prolonger cette prime », demande Alain Gargani. Pour embaucher, selon lui, la solution n’est pas les dividendes salariés ou la hausse des salaires, comme le propose le gouvernement. « Les vaches à lait ne peuvent pas être les TPE/PME », lance le dirigeant d’Atout organisation science (AOS), également élu au conseil municipal de Marseille et au conseil régional.
Des conditions aux dividendes salariés et à la hausse des salaires
La solution des dividendes salariés, un partage des profits entre salariés et actionnaires ou dirigeants,promis dans la campagne d’Emmanuel Macron, n’est pas non plus envisageable pour les petites entreprises. « Les dividendes, quand une société en perçoit, servent bien souvent à consolider les fonds propres ou à payer le dirigeant qui ne s’est pas payé depuis plusieurs mois », explique Alain Gargani. Pour lui, les dividendes salariés seraient uniquement applicables « si les salariés sont prêts à partager le risque quand l’entreprise va mal. »
Quant à la hausse des salaires, si elle est possible, elle doit se faire sous conditions.« L’Etat doit baisser les charges patronales s’il souhaite que les entreprises augmentent les salaires », suggère Alain Gargani. Une réquisition qui n’est pas nouvelle de la part des dirigeants d’entreprises.
Le représentant de la CPME Sud concède par ailleurs que « les entreprises vont devoir se réinventer » pour subsister. L’aide de l’État semble nécessaire si le président de la République souhaite atteindre le plein-emploi, autour de 5 % de chômage, son objectif pour 2027.
Liens utiles :
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