Le groupe de consulting EY vient de rendre public son rapport annuel. Sur le plan national, les chiffres sont en forte croissance : 11,6 milliards d’euros ont été levés pour 784 opérations, soit une augmentation de 26 % en volume et de 115 % en valeur. Le montant moyen est de 14,76 millions d’euros. Douze nouvelles licornes[2] ont vu le jour, 22 tours supérieurs à 100 millions d’euros ont été bouclés. « Une année historique ! » titre EY. Camille de Guillebon, office managing partner pour le Sud-Est a répondu aux interrogations de Gomet’ sur les chiffres de notre région.
Gomet’ : Quelles sont les levées de fonds que vous prenez en compte dans le baromètre EY du capital-risque ?
Camille de Guillebon : Nous recensons les opérations de financement en fonds propres des start-up en phase de création ou dans leurs premières années d’existence du 1er janvier au 31 décembre de l’année écoulée. La dette pure ne figure pas dans notre recensement. Nous prenons en compte la totalité du venture capital quelle que soit l’origine, française ou étrangère à partir d’une veille de presse sur Dow Jones VentureSource, CF News, Capital Finance, dealroom.co… et nous comparons avec les pays d’Europe, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni…
Qu’avez-vous relevé cette année dans notre région ?
CdG : Notre région est différente du reste de la France. Sur le plan national, le trio de tête est constitué des services internet qui comptabilisent 304 opérations pour un montant de 3,9 milliards, viennent ensuite les Fintech (2,5 milliards) et les logiciels (2,16 milliards). Dans la région viennent en tête les “life sciences” (biotechs, medtech, pharma et santé), les cleantech et les logiciels avec de très gros tickets. Mais pas de fintech.
Dans la région viennent en tête les life sciences (biotechs, medtech, pharma et santé), les cleantech et les logiciels
Camille de Guillebon
Nous passons de la 5ème à la 4éme place sur 13 régions alors qu’en terme de population Paca est la 7éme région de France. Nos voisins immédiats Auvergne Rhône Alpes et Occitanie sont meilleurs, mais notre région est devant la Nouvelle-Aquitaine, les Pays de la Loire ou les Hauts de France. Et n’oublions pas que l’île de France capte à elle seule 9,3 milliards d’euros sur les 11,6 de 2021. La progression est fulgurante. Le volume a été quasiment multiplié par trois, passant de 120 millions d’euros à 300 millions d’euros. Alors que Rhône Alpes n’a augmenté que de 50 % et que Paris a fait fois deux. Le deal moyen est passé de 3,5 millions d’euros à 6 millions d’euros. Et c’est une moyenne, en haut du palmarès nous avons Émergence Therapeutics (Marseille) à 87 millions d’euros, Skeepers (ex-Net Reviews et Avis Vérifiés, Marseille) avec 68 millions d’euros, 28 millions d’euros chez Vulog (autopartage Nice) , 23 millions d’euros chez Volta Medical (Marseille) Nous sommes en progression et nous gagnons une marche sur le podium.
Voyez-vous des différences entre l’est et l’ouest de la région ?
CdG : Dans notre baromètre, il n’y a pas de discrimination infrarégionale. Mais nous avons le sentiment qu’il y a un dynamisme puissant sur Aix Marseille au niveau des accélérateurs et des incubateurs, de l’early stage. Il portera ses fruits dans les baromètres du venture capital de demain. Ce dynamisme est différenciant dans la métropole Aix Marseille. Il y a incontestablement un momentum extrêmement dynamique à l’ouest, ce qui était le cas à l’est, il y a quelques années à Sophia et sur la Côte d’Azur.
Quelle est la nature des levées de fonds de 2021 ?
CdG : Dans le Top 10, la moitié concerne des premiers tours et un seed. Les autres sont très souvent des 3ème ou 4ème tour
Comment se présente 2022 au regard de votre vécu de conseil ?
CdG : A mon avis, la croissance régionale se maintiendra à un niveau supérieur au national, ce n’est pas ponctuel, c’est une tendance sur le moyen terme. En janvier, les levées sont déjà supérieures à celles de décembre : le trend est très élevé, nos équipes croulent sous les deals. Nous voyons les mêmes tendances qu’en 2021, qui était exceptionnel. C’est encourageant : l’année 2022 est partie pour être un très bon cru. Il y a beaucoup d’argent en ce moment : dès qu’une entreprise présente une exploitation rentable, les fonds se battent, dans tous les secteurs, traditionnels ou innovants. C’est plus dur pour les autres, sauf pour les start-up qui trouvent du capital ou de la dette. Le marché est très réactif avec énormément de transactions en acquisitions ou en cessions.
[1] Créé en 1984 : 365 sociétés de gestion et 180 sociétés de conseil adhérentes. Par sa mission de déontologie, de contrôle et de développement des pratiques de place, France Invest est l’une des associations reconnues par l’Autorité des marchés financiers dont l’adhésion pour les sociétés de gestion est une des conditions d’agrément.
[2] Startup des nouvelles technologies créée il y a moins de dix ans et valorisée à au moins un milliard de dollars avant d’être cotée en Bourse.
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