« Je souhaite que (…) sous l’égide du préfet des Bouches-du-Rhône, on réalise une concertation locale avec tous les acteurs sans exception : avocats, magistrats, greffiers, personnels administratifs, CCI, mairie, élus, députés, Métropole, Région… d’ici à l’été », a annoncé le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti dans les colonnes de La Provence, lundi 24 avril.
Christophe Mirmand jouera donc les arbitres de mai à juin 2023 dans un match qui oppose deux parties. D’un côté, le barreau de Marseille et le monde économique local, qui plaident ensemble pour le maintien de la cité judiciaire en centre-ville afin de protéger notamment l’activité des commerçants. Et de l’autre, le ministère de la Justice, qui affiche sa volonté d’installer le site en dehors du cœur de Marseille.
En réponse, dans un communiqué diffusé le 26 avril, la CCI AMP et le barreau « saluent » l’initiative du ministre. Toutefois, ils attendent « une réelle concertation permettant aux différentes parties concernées par l’avenir du centre-ville d’objectiver et mettre en perspective tous les tenants et aboutissants du dossier pour conduire à une décision éclairée et avisée ». Etdemandent le début de la concertation « dans les plus brefs délais ».
Cité judiciaire : quatre options évoquées par le ministre
Dans l’entretien accordé à La Provence, Éric Dupond-Moretti l’assure : « rien n’est acté du tout ». La concertation va permettre selon lui de fonder « une cité judiciaire digne de Marseille » sans dévitaliser le centre-ville. Le ministre y décline quatre options.
La première est une cité judiciaire dans le cœur de ville. Mais « elle pose un problème technique : envisager la jonction des palais Monthyon et Autran, l’Agence publique pour l’immobilier de la justice (Apij), ce n’est pas réalisable. »
La deuxième est un terrain mis à disposition par la ville de Marseille qui est « trop exigu » pour une tour de 41 étages. Sa construction durerait six ans pour un coût de 450 millions d’euros. Ce montant représenterait 100 millions d’euros de plus que la troisième option, plutôt privilégiée par le Ministère : une tour dans le quartier Arenc, « à 15 minutes en tramway du centre-ville ».
Sa construction est estimée à 350 millions d’euros d’investissement pour trois ans de travaux.« Ou un palais de justice sur Euroméditerranée, une partie restant à Monthyon (les prud’hommes et le commerce), 370 millions d’euros pour quatre ans de construction… », précise l’ancien avocat.
La dernière« grande option» proposée est celle du député Renaissance Lionel Royer-Perreaut d’installer la cité judiciaire dans le quartier de la Capelette (10e) en pleine restructuration. L’ancien maire du 9e et 10e arrondissement veille toujours au grain à la transformation du quartier qui lui est cher. Mais cette proposition présente« des difficultés techniques liées à la proximité d’un centre de traitement des déchets ».
Malgré une brève pause, le projet n’a pas fini d’animer les débats à Marseille. « Ce n’est pas le Clasico, c’est Paris pour Marseille et Paris avec Marseille », assure le ministre.
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