Le service métropolitain de location de vélos, assuré depuis 2007 par JC Decaux avec l’offre “Le vélo”, va passer à l’électrique début 2023. « Tous les engins vont être remplacés », précise une source proche du dossier à Gomet’. Et le délégataire pourrait bien changer lui aussi. La Métropole Aix-Marseille Provence, qui dispose des compétences transports et voirie, a en effet lancé un appel d’offres en février 2021. Le nouveau contrat sera signé pour une durée de onze ans. Il prévoit notamment un doublement de la flotte métropolitaine, avec 2000 vélos à assistance électrique répartis sur 200 stations – contre 130 actuellement. De nouveaux quartiers seront ainsi couverts. Une manière pour la Métropole d’épouser plus fortement le tracé du métro et du tramway. Plusieurs candidats se sont positionnés. Parmi eux, l’opérateur français Fifteen, qui vient de lever 40 millions d’euros. La jeune société assure, dans un entretien accordé à la rédaction le 11 mars, vouloir « créer des cyclistes à Marseille ».
La société Fifteen est née de l’acquisition en avril dernier de Zoov, nouvel acteur du vélo en libre-service, par Smoove, l’entreprise derrière le Velib’ parisien, et qui opère également à l’international (Lima, Helsinki, Moscou…).
Une station « ultra-compacte » et un service connecté
L’opérateur français présente de solides arguments afin de bousculer JC Decaux, l’actuel délégataire, qui compte bien rester dans la course. Premier point, la station Fifteen a une surface équivalente à celle d’une place de parking, et peut contenir jusqu’à 15 vélos « qui s’emboitent comme des caddies », nous explique Caroline Van Renterghem, la directrice des affaires publiques. Un système facilement ajustable et démontable « en 45 minutes », assure-t-elle.
L’autre argument, c’est le vélo développé à l’origine par la société Zoov. Un engin « au service de la data », avec guidage GPS sur itinéraire cyclable intégré. Fifteen dispose sur son application d’une carte de chaleur afin de « savoir où passent les vélos en temps réel », précise Caroline Van Renterghem. Un atout qui permet à l’opérateur de connaître en permanence les besoins des usagers en terme de mise à disposition de véhicules. Fifteen voudrait à terme créer un « réseau intermodal augmenté » à Marseille – sorte d’offre généralisée à tous les modes de déplacement actifs.
Relever le défi marseillais malgré un réseau cyclable fragmenté
Le dernier baromètre des villes cyclables publié en février par la fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) est sans appel. Marseille est toujours la lanterne rouge des villes où il fait bon rouler à vélo. Une triste distinction qui ne semble pas effrayer l’opérateur de vélos électriques Fifteen. La société voit plutôt en cette dernière place une opportunité. Elle table dans les années à venir sur le développement du réseau cyclable marseillais. Une extension annoncé depuis 2019 par la Métropole Aix-Marseille à travers son plan “place aux vélos“. L’institution promet notamment 85 kilomètres de pistes en 2024, et 130 kilomètres en 2030. Mais selon les collectifs pro-vélo de Marseille, ces objectifs sont inatteignables au vue des quelques travaux effectués à ce jour. Ces usagers dénoncent une politique de l’offre sans aménagement. Malgré tout, Caroline Van Renterghem reste optimiste : « plus on mettra en place des services, plus on créera des cyclistes ».
Cohabiter avec la flotte municipale de vélos en libre service
À Marseille, la mairie dispose déjà d’une flotte de 2000 vélos électriques en libre service (sans station) – les opérateurs Dott et Lime en déploient 1000 chacun. Mais selon Caroline Van Renterghem, « ce n’est pas la même cible ». Elle décrit l’offre municipale comme étant « principalement destinée aux touristes », et ajoute : « il faut être très riche pour se déplacer en (vélo) Lime chaque jour de l’année ». Pour rappel, la société américaine, implantée à Marseille depuis mai 2021, propose un forfait de 39,99 euros au mois, contre 24,99 euros pour Dott.
Concernant l’offre métropolitaine, le service “Le vélo” coûte actuellement 5 euros par an, et un euro seulement pour les abonnés RTM. Il est cependant fort probable que les tarifs augmentent dans le cadre de la nouvelle délégation de service publique – les engins passant à l’électrique début 2023. « On verra à combien le délégataire sélectionné fixe ses tarifs, c’est évidemment un critère important dans l’appel d’offres », explique notre source proche du dossier. Elle signale au passage que « si les vélos sont trop chers, personnes ne va les prendre ». Le lauréat de l’appel d’offres devrait être dévoilé cet été.
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