En juin dernier, le ministère de la Transition écologique actait le choix de la zone de Fos-sur-mer pour implanter un parc d’éoliennes flottantes de 250 mégawatts. Mercredi 12 juillet, les représentants de l’Etat en charge du dossier organisait, avec l’accompagnement du cabinet Stratis, une nouvelle soirée de concertation avec les acteurs impliqués pour définir la suite des opérations et répondre aux interrogations, qui restent nombreuses. La concertation s’est déroulée sous l’égide de deux nouveaux garants de la Commission nationale du débat public, Bernard-Henri Lozenzi et Laura Michel, à la suite de la démission des précédents garants.
Treize candidats sont toujours en lice pour l’exploitation du futur parc. Si le lauréat sera choisi au printemps 2024, la préparation du cahier des charges « continue d’avancer » promet en préambule Olivier Teissier, secrétaire général adjoint pour les affaires régionales au sein de la Préfecture Provence-Alpes-Côte d’azur. « Le choix de la zone 2 nous permet d’affiner à présent les études sur ce périmètre et donc de déterminer le cahier des charges » poursuit-il.
Lien utile : Eoliennes en mer : la phase de concertation engagée malgré les zones d’ombres
Les premiers résultats de Migralion dévoilés
Par ailleurs, outre le cahier des charges, l’Etat mène plusieurs études sur le périmètre, notamment sur le gisement éolien afin de déterminer la capacité de production du site, des études de bathymétrie et sédimentologie, et enfin de géophysique et géotechnique pour préciser la nature des sols marins.
A côté de ces études, des zones d’ombres persistent encore sur l’impact des éoliennes en matière de biodiversité, alors que les résultats de l’étude Migralion ne sont pas encore finalisés. A l’occasion de la réunion du 12 juillet, les premières conclusions de cette étude ont néanmoins été dévoilées par Alexandra Gigou, de la DFM Méditerranée de l‘Office français de la biodiversité (OFB) qui pilote le projet.
Lancée en 2021, Migralion est dotée d’une enveloppe de 4,2 millions d’euros pour recenser des données sur les flux migratoires des oiseaux dans la zone où seront implantées les éoliennes. Or, souligne Alexandra Guigou, la tâche s’avère complexe : « Nous manquons aujourd’hui d’informations sur les flux de circulation, l’altitude de vols … Il n’y a pas un comportement unique propre à chaque espèce, on peut observer des comportements individuels au sein d’une même espèce. C’est un challenge de combiner toutes les données » explique-t-elle. Au total, mille oiseaux issus de trente-sept espèces seront baguées, dont les passereaux qui, en raison de leur taille, sont plus difficiles à équiper, ainsi que les chiroptères, à ne pas négliger.
La maire des Saintes-Maries-de-la-mer, Christelle Aillet, pour sa part, a de nouveau exprimé des réticences concernant le projet : « Nous sommes très inquiets. Ce projet se situe sur une zone Natura 2000, qui est un axe majeur des migrations, le projet semble donc en total contradiction » expose-t-elle, pas convaincue par les arguments avancés par l’OFB et les autres représentants de l’Etat.
Eoliennes en mer dans le golfe de Fos : « et les poissons ? » s’inquiètent les pêcheurs
Le ton rassurant employé par les responsables du projet n’a pas non plus permis de rassurer les représentants des pêcheurs, présents en nombre lors de cette seconde concertation. Ils regrettent le manque de données sur l’impact des éoliennes concernant la biodiversité marine, et plus largement sur leur activité. « Comment se fait-il qu’autant de moyens soient déployés concernant les oiseaux, et pas sur les poissons ? » pointe Thomas Sérazin, chargé de mission du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) Occitanie, région où est implantée l’une des deux fermes éoliennes.
« On en est à peine au stade des fermes pilotes et on observe déjà des problèmes. Nous voulons une réponse : allons-nous pouvoir continuer notre activité ou devrons nous trouver un métier derrière ? » se préoccupe Bernard Perez, président du Comité des pêches d’Occitanie. Tous s’inquiètent en outre de l’interdiction d’accès pour les chalutiers et les palangriers.
« Les zones retenues prennent en compte les enjeux environnementaux, mais également les différents usages. In fine, nous devrons affiner encore le périmètre afin de trouver une solution acceptable par le plus grand nombre. Il est cependant vrai que nous n’avons pas pu accéder à la demande des pêcheurs d’éloigner les fermes à 45 kilomètres des côtes, pour des questions techniques liées au raccordement électrique » admet Frédéric Autric, directeur général éolien flottant pour la Dreal Occitanie.
De son côté, Etienne Perrot, chef du bureau des énergies renouvelables au sein du ministère de la transition énergétique, rappelle que « l’Observatoire de l’éolien en mer a lancé un appel à projets visant à approfondir la connaissance des milieux marins qui s’adresse aux laboratoires universitaires comme aux associations, afin de permettre à chacun de s’emparer du sujet. » Les premiers résultats de l’appel à projets seront dévoilés en septembre, et une seconde vague en fin d’année.
Face aux multiples interrogations qui persistent le ministère de la transition énergétique « prévoit de nouveaux rendez-vous » promet Frédéric Autric. L’échéance se rapproche : si les fermes éoliennes commerciales de 250 mW ne devraient pas voir le jour avant 2030, les fermes pilotes, elles, doivent commencer à turbiner dès la fin 2023, notamment celle située au large de Fos-sur-Mer, Provence Grand Large, dont la première éolienne vient de finir d’être assemblée sur le chantier d’EDF Renouvelables.
Document source : le diaporama présentée lors de la concertation
Liens utiles :
> Visionner le débat de la réunion publique sur Youtube
> Eoliennes flottantes : le maire de Fos demande « des moyens et de la cohérence »
> Eolien flottant : EDF en quête d’innovation pour s’adapter au « biofouling »
> Notre rubrique environnement