Alors que les regards sont tournés vers le cinéma marseillais, depuis l’annonce du plan Marseille en grand par Emmanuel Macron en septembre dernier, une autre filière, plus discrète mais pas des moindres, croît dans les Bouches-du-Rhône : celle du cinéma d’animation. « La finalité qui est de produire un film est la même, mais la façon d’y parvenir est radicalement différente » insiste d’ailleurs Thierry Berthier, producteur et trésorier du syndicat Sudanim, qui fédère les professionnels locaux du secteur. Afin de mieux faire connaître cette filière, il a d’ailleurs pour projet de monter d’ici trois ans un pôle dédié à l’animation, mais aussi à l’univers du jeu vidéo et du métaverse, dans le centre-ville de Marseille. « Cette maison de l’animation réunira tous les studios marseillais (Chromatic, Toon Factory , CocoRibou, Tambours de soie, Films du cygne, Sacre Bleu production) et d’autres encore par la suite ! L’idée est de créer un co-living / co-working pour ces studios avec du matériel commun, mais on y trouvera aussi une salle d’exposition ou encore une école d’animation », détaille Thierry Berthier, instigateur du projet. Parisien d’origine mais marseillais d’adoption, il voit en la cité phocéenne un potentiel pour le développement et souhaite « être aux premières loges pour en bénéficier. »
2000 m² de locaux pour des studios, une salle d’exposition et une école d’animation
Si le territoire compte déjà plusieurs écoles dédiées, dont deux classées au top 10 mondial (MoPa à Arles et Nouvelles Images à Avignon), le futur pôle d’animation pourrait en accueillir une de plus. « Nous souhaitons à terme créer une école d’une quarantaine d’élèves, recrutés sur concours, qui pourrait ensuite être embauchés directement au sein des studios présents dans le pôle », explique le producteur. Il tempère toutefois : « Le projet dans sa globalité doit rester à taille humaine, intimiste et qu’un esprit artistique y règne ». Le porteur du projet reste cependant discret sur le montant global de ce dernier. Seul indice, le pôle devrait s’étaler sur 2000 m² de locaux, « ce qui n’est pas immense pour accueillir plusieurs studios et les autres projets ». Afin d’appuyer sa démarche, Thierry Berthier a déjà rencontré les institutions locales : Département, Métropole, Région et la Ville, qui soutient le projet et a notamment voté l’attribution d’une subvention de 20 000 euros au syndicat Sudanim pour l’organisation de plusieurs événements, dont le salon CartoonNext, qui s’est tenu la semaine du 12 au 15 avril à Marseille. « Le fait de soutenir ce type de projet revêt un double intérêt pour Marseille : celui de se positionner sur les industries créatives et culturelles mais aussi sur la filière numérique, qui est intrinsèquement liée. Il faut développer ce type de projet, c’est un sujet qui dépasse tous les clivages parmi les acteurs publics » explique pour sa part Laurent Lhardit, adjoint à l’économie de la Ville de Marseille. Le projet, cependant, reste entièrement privé et « repose sur la volonté des acteurs de la filière de se structurer ».
Une production éco-responsable
En attendant de trouver des locaux adaptés dans le centre-ville de Marseille, un pôle de préfiguration s’est formé au sein du Pôle média de la Belle de mai. Mais les locaux s’y avèrent « pas adaptés, avec une connexion internet insuffisante », déplore Thierry Berthier. D’autant que d’ici peu, les normes dans la production vont évoluer : en effet, le Centre national du Cinéma (CNC) a annoncé en juin 2021 un plan d’action pour intégrer la transition écologique et énergétique dans la filière cinématographique, très énergivore. Thierry Berthier souhaite aller dans le sens de cette démarche et rendre son futur pôle d’animation le plus écologique possible : « On peut imaginer un système de recyclage de la chaleur et de l’eau, minimiser l’impact de l’énergie en utilisant du Led … » projette-t-il.
Ce n’est pas le seul pôle qui est en train de se monter dans les Bouches-du-Rhône : des projets similaires sont en cours du côté d’Avignon et d’Arles, deux autres hotspots locaux de l’animation. De même, à Aix-en-Provence, le projet de rachat de thecamp par le producteur Ashargin Poiré prévoit lui aussi le développement du jeu vidéo, du métaverse ou encore de l’animation. Par ailleurs, des studios sont également en train d’essaimer à Marseille, à l’instar du studio Chromatic – à l’initiative de Mathieu Morfin, réalisateur et président de Sudanim – qui ouvrira ses portes en juin prochain à la Friche et prévoit une cinquantaine de recrutements. Un développement bénéfique pour la filière, appuie Thierry Berthier : « Plus nous serons nombreux, plus le secteur sera attractif pour les talents et les entreprises », se réjouit-il.
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