Entretien avec Maïwenn et Jean-Noël Tabary
La mise en scène que je préfère, c’est quand on ne voit pas la mise en scène.
Maïwenn
La force du film tient beaucoup au jeu des acteurs, d’un naturel incroyable, que vous filmez de façon quasiment documentaire, pouvez-vous nous en dire plus ?
Maïwenn : Ce n’est pas parce que les acteurs sont naturels que c’est du documentaire. J’essaie de lier la vie avec le tournage. Je fais en sorte que les comédiens ne sentent pas la différence entre le moment où ils vont être filmés et le moment où ils arrêtent (…) La mise en scène que je préfère, c’est quand on ne voit pas la mise en scène.
Henri-Noël Tabary : Comme vous le savez, sur un plateau c’est : silence, moteur, ça tourne. Avec Maïwenn ce n’est pas ça. Entre la vie et le jeu, il n’y a pas de coupure. C’est là qu’elle est forte. Même moi quand je vois le film, j’ai l’impression que ce n’est pas mis en scène. Sauf que c’est très mis en scène. En fait elle nous demande, ce qui peut être désarmant parfois, de ramener à soi .(…) En même temps, il y a un vrai scénario, de vrais personnages et une vraie histoire à suivre et c’est ça qui est intéressant et qu’elle arrive à faire de manière très délicate.
Justement cette scène dans la maison de retraite est particulièrement drôle et savoureuse. Comment avez-vous procédé ?
Maïwenn : On a tourné dans une vraie maison de retraite à l’étage des patients atteints d’Alzheimer. Les résidents étaient dans le champ, je les ai laissés aller et venir et les comédiens se mettaient avec eux. J’aime sentir la vie autour.
Henri-Noël Tabary : Oui parfois tu disais “Laissez-les rentrer !” Et c’est toi qui faisait venir les choses. (…) Souvent, les metteurs en scène te filment et disent :”Laissez les vieux au fond !”.
Pouvez-vous nous parler de Dylan Robert ?
Maïwenn : Je l’avais vu dans Shéhérazade et je l’ai adoré ! Il me bouleverse. Il est multiple Dylan. Ce qui le caractèrise, c’est qu’il n’a peur de rien et pour moi c’est la définition du charisme. Quand on a fait les essais, il a improvisé en deux secondes. Il est bon tout le temps !
Henri-Noël Tabary : Il est touchant, c’est certain.
Comment vous est venue l’idée de ce repas chez le père avec les serpents ?
Maïwenn : C’est pour montrer la tornade toxique du père.
Ce sont de vrais serpents ?
Maïwenn (s’esclaffe) : Comment voulez-vous qu’on les fasse bouger, avec des fils ?
Henri-Noël Tabary : Oui c’était de vrais serpents, il y avait un dresseur. Moi je vous avoue que je n’étais
pas rassuré, mais je pense que personne ne l’était !
Vous aimez beaucoup Maurice Pialat avec lequel vous avez des affinités évidentes.
Maïwenn : Oui, mais pas que … j’aime aussi Sautet, Cassavetes, Rohmer. J’adore les films français des années 70, des réalisateurs qui sont sous-évalués, Granier-Deferre, Verneuil ou à contrario très adulé comme Melville. J’aime cette période, des films très silencieux, glamours. Les cinéastes qui précédent la nouvelle vague également, comme Renoir, Bresson. Et puis je suis fan du documentaire !
Avez-vous des projets à venir ?
Maiwenn : Je tourne Madame du Barry l’année prochaine (comtesse du XVIII°s, dernière favorite de Louis XV, ndlr)
Henri-Noël Tabary : Un premier long-métrage de Julien Hosmalin et le prochain d’Alix Delaporte.
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