Malgré la crise sanitaire qui paralyse l’économie mondiale, le spécialiste des centre de données Interxion profite de la hausse des besoins numériques et voit même ses commandes augmenter. A Marseille, son troisième data center sera livré en juin et il a récupéré un nouveau terrain pour MRS4 au port de Marseille. Fabrice Coquio, le P-dg d’Interxion France fait le point pour Gomet’.
La crise du Covid-19 a-t-elle impacté votre chiffre d’affaires ?
Fabrice Coquio : Pour l’instant, pas du tout. Notre action en bourse a même pris 20 % ces six dernières semaines. Mais je pense que nous sommes une valeur refuge pour les investisseurs en cette période de crise. Ce n’est peut-être que temporaire. Il ne faut pas pour autant se réjouir trop vite. Nous sommes évidemment dépendant de l’économie mondiale et quand je vois que Google, qui est un de nos gros client à Marseille notamment, a perdu 16% de son activités sur les annonces publicitaires, je me dis que nous ne sommes pas complètement à l’abri. Après, nous avons l’avantage de disposer d’une assise financière colossale depuis notre rachat par Digital Realty avec une valorisation boursière de 40 milliards de dollars. C’est un sacré filet de sécurité.
Avez-vous de remporter de nouveaux contrats malgré la crise économique ?
Fabrice Coquio : Tout à fait. Les demandes commerciales ont été multipliées par deux en six semaines. Parmi les derniers contrats notables, on peut citer Disney qui a signé pour s’installer chez nous à Marseille. C’est d’ailleurs intéressant de voir que quand une major comme Disney lance sa nouvelle plateforme VOD en Europe, elle choisit Marseille pour héberger ses données. Les raisons sont simples : c’est l’endroit le plus rentable et le plus simple pour diffuser sur tout le continent. Petit détail intéressant, elle a des relais dans de nombreuses grosses villes européennes mais pas à Paris.
En cette période de confinement, le trafic des données internet a-t-il augmenté ?
Fabrice Coquio : Sur les deux premières semaines, nous avons noté une hausse de 5% de la consommation électrique sur nos installations de Marseille. Ce n’est pas mirobolant mais c’est habituellement l’augmentation que l’on voit sur une année complète. Ça montre tout de même qu’il y a eu une forte hausse de la demande sur les contenus vidéos notamment avec le streaming ou encore les outils de télétravail. France IX, l’un des points nodaux de l’internet français, a lui-même enregistré une forte hausse de 15 sur les deux premières semaines du confinement.
Comment avez-vous adapté le fonctionnement de vos équipes dans les data center ?
Fabrice Coquio : En tant qu’opérateur central de l’activité numérique mondiale, Interxion est préparé à ce genre de crise. On avait notamment préparé un plan de continuité d’activité drastique lors de la crise de H1N1 en 2010. Résultat, on s’est organisé en 14 heures dès le premier jour. Nous avons mis 55% de nos effectifs, essentiellement les fonctions supports, au télétravail. Pour les techniciens, on a fait des équipes tournantes pour avoir toujours quelqu’un de disponible en cas de contamination. Enfin, nous avons mis en place les gestes barrières pour nos équipes comme pour nos clients avec des cheminements qui permette d’éviter au maximum les contacts. C’est important car sur Marseille par exemple, nos centres de données accueillent entre 100 et 200 personnes par jour.
Nous avons décidé de laisser l’accès de nos data center 24h/24h à nos clients contrairement à certains de nos confrères. Ils ont fait un choix que je ne critique pas, je comprend qu’il y ait une crainte avec l’épidémie. Mais il me semble que c’est contradictoire avec notre mission première. Nous louons de l’espace à nos clients qui sont chez eux chez nous. C’est comme si le propriétaire d’un appartement encaisse le loyer mais refuse l’accès à son locataire. De plus, il y a des tas de situations qui nécessitent une intervention physique directe de nos clients sur le site que nous ne pouvons pas assurer.
Vous deviez inaugurer votre nouveau centre de données marseillais MRS3 en mars. Où en êtes-vous ?
Fabrice Coquio : On a subi un arrêt de chantier de quatre semaines et les travaux ont repris le 27 avril. On devrait donc finalement livrer une première partie en juin pour un important client de plateforme vidéo qui attend beaucoup de cette installation. On ne se plaint pas cependant car Bouygues qui conduit les travaux a été très réactif et a réussi à boucler un accord très rapide avec le gouvernement pour reprendre le travail dans de bonnes conditions.
Avez-vous avancé sur le prochain centre de données MRS 4 annoncé en octobre dernier ?
Fabrice Coquio : Oui, nous avons déposé le dossier de démolition il y a une dizaine de jours. MRS4 va s’installer en lieu et place d’un bâtiment situé non de MRS 2 devant l’entrée de la porte 4 du grand port maritime. On récupère un terrain de 7 000 mètres carrés et la surface informatique sera comparable à celle de MRS3. D’ailleurs, le montant investi devrait sensiblement similaire avec un peu plus de 100 millions d’euros. Nous avons fait un gros travail sur le bâtiment pour l’intégrer au mieux au paysage urbanistique du port avec des terrasses arborées. Nous espérons très prochainement vous dévoiler les premiers dessins d’architecte. La livraison reste envisagée entre fin 2021 et début 2022.
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