La future Maison des femmes Marseille Provence, encore en travaux, a exceptionnellement ouvert ses portes lundi 26 septembre à l’occasion d’une présentation officielle en présence des élus des collectivités qui soutiennent le projet – Ville, Etat, Département, Métropole -, ainsi que sa marraine la chanteuse Clara Luciani en guest star.
C’est une grande bâtisse de 460 m², qui accueillait autrefois les services du Département, avant de devenir un squat puis d’être évacuée. Située au 165 rue Saint-Pierre, derrière l’hôpital de la Conception qui abrite une « maison des femmes » provisoire dans l’attente des futurs locaux, la Maison des femmes Marseille Provence a vocation à accueillir les femmes victimes de violences conjugales et sexuelles ainsi que leurs enfants, pour leur fournir un accompagnement sanitaire, certes, mais également l’aide de juristes et des services de police.
Difficile pour l’heure de l’imaginer à la vue des grandes pièces vides et des colonnes de fer qui soutiennent l’escalier, mais bientôt, les trois niveaux de la structure accueilleront des bureaux occupés par des médecins, des assistantes sociales, des juristes et l’ensemble des professionnels qui luttent contre les violences faites aux femmes … A noter que la Maison des femmes n’hébergera pas ces dernières mais elles « seront en revanche orientées vers des associations ou des solutions pouvant leur permettre de trouver un hébergement », précise le Professeur Florence Bretelle, qui dirige la Maison des femmes.
Déjà 225 femmes accueillies dans les locaux provisoires de la Maison des femmes à la Conception
Un modèle qui s’inspire de celui implanté en Seine Saint-Denis, qui accueille une maison des femmes depuis 2016. Sa fondatrice, le Professeur Ghada Hatem, est d’ailleurs aussi à l’origine de la Maison des femmes à Marseille. « L’idée a surgi dans un bar marseillais, derrière une bière, en discutant avec des amis. Dix-huit mois plus tard, le projet était né », se remémore-t-elle tout sourire. Coup de pouce supplémentaire pour Ghada Hatem et ses partenaires : le soutien officiel du président de la République, lors de ses annonces au Pharo le 2 septembre 2021.
Marseille n’est ni donc la première, ni même la seconde Maison des femmes à voir le jour : en effet, il en existe actuellement douze, et huit autres sont en gestation. « Ce sont les premières structures qui traitent les violences conjugales et sexuelles sous le prisme de la santé. D’autres structures s’occupent de l’accompagnement psychologique, judiciaire, mais ce n’est que récemment que l’impact sur la santé a été reconnu », explique Ghada Hatem. A ce jour, plus de 5000 femmes ont été reçues en Seine Saint-Denis, preuve que la demande est présente. Quant à la maison provisoire installée depuis février à l’hôpital de la Conception à Marseille, elle a permis à 225 femmes de disposer d’un accompagnement. Le fait d’avoir des locaux plus spacieux permettra donc de prendre en charge 400 femmes en tout sur la première année de fonctionnement. Un chiffre symbolique alors que « 400 femmes ont été hospitalisées à l’AP-HM des suites de violences conjugales, dont 80 mineures » rappelle le président de la Région Sud Renaud Muselier dans son discours prononcé ce lundi 26 septembre.
Mobilisation des acteurs publics et privés
A Marseille, Ghada Hatem a pu s’appuyer sur les équipes de l’Assistance publique des hôpitaux de Marseille, ainsi que les collectivités qui toutes ont mis la main au porte-monnaie, soit 300 000 euros pour la Région, 150 000 pour le Département qui fournit également les locaux, ou encore 350 000 de l’Agence régionale de santé. S’est ajouté aux collectivités l’appui de la Fondation Kering, qui abonde à hauteur de 450 000 euros sur trois ans. La fondation fondée en 2008 par François-Henri Pinault accompagnait déjà le projet de la Seine Saint-Denis et a été séduit par sa déclinaison marseillaise, d’autant que Kering fait partie du collectif Re-start, créé par le Professeur Ghada Hatem, et qui réunit les grandes entreprises – L’Oréal, Accor, Axa, Korian, Superga Beauty … – autour d’actions de mécénat. « Nous nous sommes dit que le modèle avait fait ses preuves et nous souhaitons l’encourager », explique pour Gomet’ Céline Bonnaire, déléguée générale de la Fondation Kering.
Grâce aux dons publics comme privés, la somme d’un million d’euros a ainsi pu être collectée. Ce n’est pas tout : en plus d’être marraine, la chanteuse Clara Luciani a annoncé lors de sa venue que l’intégralité des fonds récoltés pour la vente du 45 tours de son album « Coeur », sorti il y a quelques mois, seraient reversés à la Maison des femmes Marseille Provence.
Liens utiles :
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