C’est un dossier à rallonge qui n’en est peut-être pas à son dernier rebondissement. Lancée le 16 janvier dernier par arrêté préfectoral, la consultation publique pour la réalisation de la plateforme logistique dite « Gemfi Berre 2 », joue les prolongations.
D’abord parce que le projet initial, présenté en 2022 et déjà soumis à consultation, a été remanié pour être de nouveau soumis à l’avis du public. Ensuite parce que cette nouvelle consultation, initialement prévue jusqu’au 10 mars, a été prolongée de 10 jours supplémentaires, soit jusqu’au 20 mars 2025. Enfin et surtout parce que les deux communes concernées par ce dossier, Berre-l’Étang et Rognac, sont en opposition frontale, la première y étant favorable quand la deuxième est vent debout contre un projet dont elle craint de n’avoir que les inconvénients quand sa voisine aurait tous les avantages.
A Rognac, le maire change mais l’opposition à Gemfi 2 reste
Une position tranchée que le changement de maire, lors des élections municipales anticipées de novembre 2024, qui ont vu Christophe Gonzalez (RN) succéder à Sylvie Miceli-Houdais (UDI) à l’hôtel de ville de Rognac, n’a pas fait varier d’un iota. Dans un communiqué en date du 7 octobre, la Ville de Rognac réaffirme ainsi « avec force » son opposition « face à ce projet qui menace l’équilibre de notre territoire. Cette implantation entraînerait des nuisances majeures pour notre cadre de vie et un impact significatif sur notre environnement. » Et d’appeler « tous les Rognacais à se mobiliser en participant à cette consultation publique. Chaque avis déposé est un signal fort adressé aux décideurs. Il est essentiel de faire entendre notre voix collective pour défendre l’avenir de notre commune. »
Consultation du public et modalités d’accès au dossier
Les habitants de Berre-l’Etang et Rognac sont invités à consulter le dossier et à exprimer leurs observations :
– sur place : en mairie de Berre-l’Étang (Centre administratif – Entrée Cadaroscum, Pôle Urbanisme et Développement, Place du Souvenir Français) au Service Urbanisme et Développement, du lundi au vendredi de 9h à 12h et de 14h à 16h30 ;
– en ligne : sur le site de la Préfecture des Bouches-du-Rhône ;
– par correspondance : les observations peuvent être envoyées à la Préfecture des Bouches-du-Rhône, Direction de la Citoyenneté, de la Légalité et de l’Environnement, Bureau des Installations et des Travaux Réglementés pour la Protection des Milieux, Place Félix Baret CS 80001, 13282 Marseille Cedex 06 ;
– par mail : à l’adresse pref-cp-gemfiberre2@bouches-du-rhone.gouv.fr
Un entrepôt de cinq cellules pour 29 379 m² au total
Pour rappel, Gemfi, filiale du groupe Gicram, basée à Montrouge, dans les Hauts-de-Seine, et spécialisée dans la réalisation d’opérations de promotion en immobilier d’entreprise, sollicite un enregistrement au titre des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE) pour la construction d’une plateforme logistique sur deux friches industrielles situées sur les rives nord de l’étang de Berre, uniquement sur la commune de Berre-l’Etang.
Le projet, revu à la baisse par rapport à sa version initiale, consiste en un entrepôt de cinq cellules de 29 379 m² au total (contre 7 cellules et 42 693 m² initialement), dont une demi-cellule dédiée au stockage de produits dangereux (3 000 m²), ainsi qu’un immeuble de bureaux de 1456 m² (en R+2) et 22 178 m² de voie et stationnement, comprenant un parking de 173 places. Le tout sur une emprise de 7,8 hectares couvrant le site de l’ancienne usine Cabot France et une partie de l’ancien site pétrochimique LyondellBasell.
Des précédents à la Valentine, à Saint-André…
Insupportable pour la commune de Rognac, consultée parce que située dans un rayon d’un kilomètre autour du site et soutenue dans sa mobilisation par des associations de riverains, ou environnementales, comme la LPO, qui pointent du doigt, pêle-mêle, « une augmentation du trafic routier sur les axes de circulation proches de la D20, de la N113 et sur la voie rapide Rognac-Berre vers les accès à l’autoroute déjà saturés », « la pollution atmosphérique » et autres « nuisances environnementales pour l’étang de Berre proche ».
Des tensions qui confirment la difficulté croissante de faire accepter ce type de projets logistiques, poussés par les changements de modes de vie et le développement de la livraison, par les populations. Comme à La Valentine, à Marseille, où la mobilisation citoyenne a conduit à l’abandon d’un projet similaire, début février. Ou encore à Saint-André, dans le 16e arrondissement de la cité phocéenne, où c’est cette fois un projet porté par le groupe britannique Segro Urban Logistics qui se heurte à l’opposition de plusieurs associations.
Document source : description du projet
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