Le suspense n’aura pas duré longtemps. Michèle Rubirola a finalement confirmé sa démission à 16h mardi 15 décembre devant plusieurs dizaines de journalistes réunis pour l’occasion à l’hôtel de ville de Marseille. Elle ne sera restée qu’un peu plus de cinq mois dans le fauteuil de maire de Marseille mais l’exercice semble l’avoir épuisée.
« Je me suis donnée à 150% mais Marseille demande d’être à 300% et ce n’est pas toujours évident », avoue-t-elle. Cet été, l’écologiste a rencontré des soucis de santé qui l’ont amené à laisser vacant son siège plusieurs semaines à cause d’une opération. Revenue en octobre, elle se disait rétablie et plus combative que jamais mais finalement, Marseille aura eu raison de ses forces. « Ces épreuves ne m’empêchent pas de servir les Marseillaises et les Marseillais mais elles limitent l’énergie que je peux mobiliser et contraignent le temps que je peux consacrer mes missions », se justifie-t-elle.
« Depuis 1945, Marseille n’a jamais été aussi près de sombrer »
Michèle Rubirola
De plus, elle rappelle les conditions particulières de son arrivée en pleine épidémie avec « une crise sanitaire violente, une crise économique brutale et des souffrances sociales profondes ». Enfin, la troisième raison évoquée pour expliquer son départ est liée aux 25 ans de pouvoir exercé par Jean-Claude Gaudin. Une fois de plus, elle attaque le bilan de son prédécesseur : « Notre ville est dans une situation financière calamiteuse, encore plus que nous ne l’avions pensé, avoue-t-elle. Depuis 1945, Marseille n’a jamais été aussi près de sombrer », prévient-elle. Bref, Marseille est malade mais le docteur Rubirola ne se sent pas à la hauteur pour relever le défi.
Michèle Rubirola : « Je suis un médecin du temps long »
« Je suis un médecin du temps long et Marseille a besoin d’un urgentiste », estime-t-elle. C’est ainsi qu’elle justifie son souhait de voir son premier adjoint Benoît Payan prendre le relais. En tant que premier adjoint, il a remplacé Michèle Rubirola pendant sa convalescence et pendant des années, il a mené le combat de l’opposition socialiste face à la droite au pouvoir. « C’est de son énergie et de son expérience dont Marseille a besoin aujourd’hui, plus que de la nouveauté que j’incarne. C’est pourquoi je souhaite que l’on inverse nos missions », avance-t-elle. En clair, Benoit Payan récupère le costume de maire et Michèle Rubirola se contentera désormais du poste de premier adjoint. C’est la proposition qui sera faite au conseil municipal de lundi prochain et qui devra être validée par une nouvelle élection.
Le Printemps Marseillais derrière Payan pour l’élection de lundi
Après l’intervention (10 minutes sans questions des journalistes) de Michèle Rubirola, prononcée dans la salle d’honneur à l’étage de l’hôtel de ville (revoir la vidéo), deux leaders du Printemps Marseillais attendent à la sortie : le communiste Jean-Marc Coppola, adjoint à la culture et la fondatrice du mouvement MadMars Olivia Fortin (4e adjointe). « Nous sommes sereins pour l’élection de lundi », assure le premier. Selon ses calculs, le passage de témoin pour Benoît Payan devrait se dérouler sans accroc. Le Printemps Marseillais compte actuellement 44 conseillers et les huit élus du groupe de Samia Ghali peuvent lui assurer la majorité. « Pour l’instant, je n’ai pas eu de nouvelles de sa part, avoue Olivia Fortin, mais elle a été prévenue par la maire », affirme-t-elle. Les deux adjoints assurent en tous cas que Benoît Payan dispose du soutien plein et entier du groupe Printemps Marseillais. « Il a prouvé sa valeur à de nombreuses reprises », répond Olivia Fortin. Et d’ajouter : « Le collectif ne change pas, les joueurs sur le terrain restent les mêmes ».
Si Michèle Rubirola a annoncé officiellement son départ à l’ensemble de son groupe mardi après-midi, les cadres du Printemps Marseillais sont au courant depuis dimanche. « Nous avons été convoqués à la mairie dimanche soir avec Benoît Payan, Sophie Camard et Jean-Marc Coppola », raconte Olivia Fortin. « Ce fut une surprise mais je respecte ce choix courageux qui démontre une fois de plus l’honnêteté de Michèle Rubirola qui va continuer à se battre pour Marseille », salue-t-elle.
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