Emmanuel Macron slalome pour rester à l’Élysée. Un coup à gauche, un coup à droite. Le président candidat s’attire les foudres de ses opposants politiques qui l’accusent de piocher tour à tour dans leurs programmes sans proposer une trajectoire claire. Selon le dernier sondage France Info Ipsos-Sopra Steria, le président sortant continuerait à faire la course en tête avec 26,5% des intentions de vote. Un score bien supérieur à celui obtenu dans les Bouches-du-Rhône en 2017. Il était arrivé 4e au premier tour avec 19,4% des voies après Marine Le Pen (27,3%), Jean-Luc Mélenchon (22%) et François Fillon (20%). Néanmoins, celui qui a traversé la crise des gilets jaunes, la pandémie de Covid-19, la guerre en Ukraine, ne parvient pas à distancier l’extrême droite qui le talonne une nouvelle fois.
LREM : une tentative d’implantation à consolider
Les élections départementales en juin 2021 ont confirmé que décidément, après les municipales ratées, En Marche avait du mal à s’implanter (2 cantons sur 29). L’annonce du plan « Marseille en Grand » en septembre 2021 va-t-il changer la donne dans la cité phocéenne cette fois-ci ? La feuille de route de l’État, chiffrée à deux milliards d’euros pour accélérer la rénovation des écoles et le développement des transports à Marseille, a été saluée par les élus du territoire comme le maire PS Benoît Payan. Ce dernier, socialiste depuis toujours, n’a pour autant pas soutenu la candidature du Président, contrairement à d’autres figures politiques locales.
Le macronisme séduit particulièrement à droite. Renaud Muselier le président de la Région Sud, qui avait précédemment quitté Les Républicains avec fracas, a annoncé son soutien à Emmanuel Macron quelques jours avant que celui-ci officialise sa candidature le 3 mars dernier. Puis, tout en restant dans le parti LR, la présidente du Département des Bouches-du-RhôneMartine Vassal, lui a emboité le pas au conseil municipal de Marseille le 4 mars : « Je vous le dis en conscience et avec franchise : on ne change pas de capitaine dans la tempête. J’ai donc décidé de soutenir M. Emmanuel Macron à la présidence de la République. Il est désormais le seul à pouvoir donner un espoir aux Français » défendait-elle. Dernièrement, le maire des 9e et 10e arrondissement de Marseille Lionel Royer-Perreaut, a également exprimé son soutien au locataire de l’Élysée.
De leur côté, les députés de la majorité ont tenté d’assoir la légitimité de LREM au niveau local. Les dizaines de visites ministérielles, avant et après Marseille en grand ont aussi accentué la visibilité de la majorité présidentielle.
Faire de Marseille un bastion…
Le président candidat veut montrer que Marseille lui est chère. Perçu comme le président de la « centralisation » par certains élus locaux, le président candidat a pourtant organisé son premier meeting de campagne à Marseille. Prévu le 5 mars au Dock des Suds, puis repoussé au 12 mars en raison de la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron ne s’y est finalement pas rendu. Ses 400 soutiens ont fait le travail à sa place, autour du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
La majorité présidentielle s’est rassemblée ce soir aux @DOCKDESSUDS pour soutenir @EmmanuelMacron.
— Saïd Ahamada (@saidahamada) March 12, 2022
Merci à @GabrielAttal et @GDarmanin d’avoir partagé ce moment avec nous. Le #10avril prochain, faites le bon choix pour la #France 🗳 #avecvous2022 #MarseilleAvecMacron pic.twitter.com/pGGn3v5Ewk
Cinq ans après, ce rendez-vous n’avait rien à voir avec son meeting enflammé de 2017. Les Marseillais se souviennent de près ou de loin de son allocution moquée ou encensée : « Quand je vois Marseille, je vois une ville Française (…) Je vois les Arméniens, les Comoriens, les Italiens, les Algériens, les Marocains, les Tunisiens… mais je vois je vois quoi ? Je vois des Marseillaiiiiiis ! »
Quand je vois Marseille, je vois des Marseillais, je vois des Français ! Ils sont là, et ils sont fiers d’être Français ! #MacronMarseille pic.twitter.com/oN37fkl8el
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) April 1, 2017
… pour battre l’extrême droite ?
Qu’il oscille entre la gauche et la droite, la vraie rivale d’Emmanuel Macron est l’extrême droite. Selon le dernier sondage réalisé par OpinionWay-Kéa Partners le 6 avril, l’écart se resserre avec Marine Le Pen. Au second tour, en cas de nouveau face à face, les intentions de vote seraient de 53% pour Emmanuel Macron contre 47% pour Marine Le Pen. Celle-ci, contrairement à 2017, pourrait bénéficier des reports de voix d’Eric Zemmour. Malgré une côte de popularité élevée (38%, soit 12 points plus haut que François Hollande à cette période) celui qui promettait de « tout faire » pour que les électeurs n’aient plus « aucune raison de voter pour les extrêmes » lors de son discours d’investiture du Louvre, devra s’y reprendre à deux fois pour tenir son pari.
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