Cette année, il n’y aura pas un mais deux lauréats de Provence Africa Connect. Le prix créé par la Métropole Aix-Marseille Provence et Emerging Valley, en partenariat avec Africa Link et la French Tech Aix-Marseille, est décerné à Doudou Tamba pour Tamba Labs et Fouad Khodja pour ICIA Technologies. La remise des prix s’est déroulée le 14 décembre, pendant « le sommet des start-up émergentes et de l’innovation organique Afrique-Europe,» Emerging Valley, au Palais du Pharo.
Doudou Tamba et Fouad Khodja arborent un sourire fier, visible à travers leurs écrans, à distance. Les deux entrepreneurs viennent de remporter le prix Provence Africa Connect qui récompense leurs innovations et leur développement vertueux au profit d’un ou plusieurs pays d’Afrique. Le vice-président de la Métropole Aix-Marseille-Provence, délégué aux fonds européens et aux relations avec les institutions européennes, Didier Parakian, témoigne : « Nous avons reçu une trentaine de candidatures, toutes de très haut niveau. Cinq d’entre elles se sont particulièrement démarquées. Parmi ces finalistes, deux présentaient des promesses ambitieuses.»
A la clef, les lauréats recevront « un accompagnement sur-mesure par Africa Link » insiste Samir Abdelkrim, le président et créateur d’Emerging Valley. La lauréate 2021, Messina Guikoume fondatrice de la société d’éco-construction Messibat International –implantée à Marseille, au Togo, au Cameroun et en Côte d’Ivoire – témoigne de son expérience à Gomet’ : « Denis Berger et Yves Delafon (Ndlr : le secrétaire général et le président d’Africa Link) me soutiennent. Dès que j’ai besoin d’informations relatives à la médiatisation, à la recherche de fonds ou à un futur voyage d’affaires, ils répondent tout de suite présents. Tout comme les équipes de la Métropole avec lesquelles j’ai une réunion le 4 janvier 2022 pour intensifier mes recherches de financements.»
Deux start-up aixoises tournées vers l’Afrique
Le premier primé,Fouad Khodja, développe CartoEco, descartographies économiques via sa société ICIA Technologies basée à Aix-en-Provence. À l’aide d’algorithmes, ces cartes permettent de recenser les sociétés présentes sur un territoire donné. Déjà présente au Cameroun, Sénégal, Mauritanie, en Algérie et au Maroc, cette technologie sert, in fine, aux prises de décisions d’une Chambre de commerce et d’industrie (CCI), d’une ville ou d’un État. Par exemple, Tanger a pu identifier les zones de pollutions sonores.« La ville a ensuite décidé de regrouper dans une même zone géographique les acteurs bruyants» détaille le fondateur de la société qui réalise un chiffre d’affaires de 300 à 400 000 euros par an avec six salariés.
De son côté, Doudou Tamba est seul pour mener la barque de Tamba Labs. Incubé à la CleanTech de l’Arbois, le docteur en pharmacie mène des recherches« sur les principes actifs, des molécules isolées à base de plantes, pour développer des compléments alimentaires.» Doudou Tamba développe ses compléments alimentaires à base de moringa, une plante très riche qui pallie les carences et insuffisances nutritives. Le moringa pousse au Sénégal et autour de la ceinture tropicale, supportant la rareté de l’eau.« En France, j’ai installé la partie R&D et je commence à commercialiser au Sénégal car le marché français est arrivé à maturité » indique Doudou Tamba qui envisage d’étendre ses compléments d’abord en Afrique de l’Ouest, puis sur la totalité du territoire africain.
Les trois axes de développement de la Métropole
Paul Bichat, chef du service international à la Métropole Aix-Marseille-Provence, explique à Gomet’ la direction stratégique métropolitaine « pour structurer la feuille de route envers l’Afrique ». Une étude a été menée par un cabinet extérieur pour « analyser les atouts et les faiblesses du territoire afin de développer davantage de liens avec le continent Africain » détaille-t-il.
Ainsi, trois axes de développement se sont dessinés. Le premier enjeu est l’attraction du territoire Aix-Marseille pour les acteurs extra-africain qui souhaitent se développer en Afrique. L’objectif est que Marseille devienne – à terme – une plateforme, un hub, une terre de croisement entre les acteurs étrangers et français qui souhaitent s’implanter en Afrique. Le deuxième est « de fédérer le réseau d’incubateurs publics comme l’Arbois ou l’Accélérateurs M et privés comme Zebox qui accueillent déjà des start-up africaines » indique Paul Bichat. Comment ? En créant « une offre lisible et claire » pour les entrepreneurs du territoire qui souhaitent lancer leurs projets dans un pays d’Afrique. La formation est le dernier axe de développement, impulsée par Aix-Marseille Université et Kedge Business School « fortement engagées en Afrique » selon le directeur du développement international de la collectivité locale.
Pour Paul Bichat, l’objectif est de continuer à « développer ce jeune prix pour mettre en lumière ces entrepreneurs issus du territoire en lien avec l’Afrique ». Il conclut sur« le besoin de symboles » qui illustrent que « le partenariat avec l’Afrique se construit avant tout à travers des hommes et des femmes. »
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