Le monde de la culture est dans la tourmente et en colère. Avec la crise sanitaire, la plupart des lieux de culture ont dû fermer leurs portes et aujourd’hui, les occupations de théâtres se multiplient. Certains cependant ont réussi à maintenir une activité partielle. C’est le cas de la scène nationale du Zef (ex-théâtre du Merlan). Nous avons voulu revenir en deux épisodes sur cette année si particulière dans un théâtre symbolique à Marseille.
On le sait, ici, dans le sud : quand le temps est nuageux, un peu de vent et tout redevient lumineux. C’était peut-être un présage, quand le théâtre du Merlan (dans le 13eme arrondissement) et la Gare Franche (dans le 15eme arrondissement) se sont réunis pour former la scène nationale du Zef.
Acté en 2019, ce mariage couvait depuis 4 ans déjà, mais il fallait l’organiser : on n’agrège pas si facilement deux lieux à l’histoire chargée, et 30 personnes au sein d’une seule et même équipe. En 2015, la Gare Franche peinait à survivre et sa directrice s’était tournée vers le Merlan pour l’aider. Dont acte, il ne s’agira pas d’une tutelle de l’un sur l’autre, mais d’une scène nationale unique sur deux lieux : l’ex-Merlan, côté cour et l’ex-Gare Franche, côté jardin. Ce sera le Zef, un nom aux accents méditerranéens et une identité unique, au souffle aussi vaillant qu’un mistral.
Cela faisait un petit mois que je disais aux équipes que ça allait arriver
Francesca Poloniato
À peine un an après sa création, la toute jeune scène nationale prend la crise sanitaire mondiale de plein fouet, mais réussit à tenir sur ses deux jambes.
« Je suis d’origine italienne : cela faisait un petit mois que je disais aux équipes que ça allait arriver » se souvient Francesca Poloniato, directrice du Zef. Mi-mars 2020, le couperet tombe : c’est le confinement. Le pays est mis sous cloche quelques mois, le temps de faire retomber la pression de la pandémie. « J’ai immédiatement réuni tout le monde et leur ai dit de rentrer chez eux. Ils ont pris tout ce qui était nécessaire pour travailler, on a acheté ce qu’il manquait ». Le théâtre se met à la visioconférence quotidienne, et si le lieu est fermé, l’effervescence continue.
Un lien social et local
Les équipes s’investissent dans le social. Pour Francesca le terme « socio-culturel » est noble et a pris toute sa valeur lors de cette année de pandémie. Elle raconte : « Il y a eu un énorme investissement personnel, la distribution de colis, l’écriture de centaines d’attestations pour ceux qui ne maîtrisent pas bien le français. Côté Merlan et côté Gare Franche, on a amené des repas, acheté des kits pédagogiques pour les enfants, il y a eu un vrai lien avec les associations, à qui on apportait des moyens et une logistique. Ça nous a unis, et ça nous a confortés dans notre rôle de lien ».
Les centres sociaux nous ont alertés. J’ai rencontré l’association, qui nous a parlé du besoin de décloisonner les étudiants.
Patricia Plutino
Un an après, ce lien perdure. Le théâtre entame un partenariat avec la Maison des Infirmières, une association née en septembre dernier pour venir en aide aux étudiants isolés. « Les centres sociaux nous ont alertés, explique Patricia Plutino, chargée des relations publiques pour la petite enfance et la jeunesse au Zef. J’ai rencontré l’association, qui nous a parlé du besoin de décloisonner les étudiants ». Très vite, le partenariat émerge : les étudiants peuvent s’installer dans le hall de billetterie par petits groupes, trois fois par semaine, de 10h à 17h et l’association fournit des repas gratuits préparés par la table de Cana.