Depuis avril 2019, le programme « Savoir Rouler à Vélo » (SRAV) transforme l’apprentissage de la mobilité cycliste chez les enfants de 6 à 11 ans en France. Initié dans le cadre du Plan vélo et mobilités actives du gouvernement, ce dispositif a pour objectif de tripler l’utilisation du vélo à l’échelle nationale en formant les jeunes aux compétences nécessaires pour circuler en autonomie et en sécurité sur la voie publique.
Savoir rouler à vélo : une première étape vers l’éco-mobilité
À Aix-en-Provence, depuis 2021, avec le soutien de la mairie, de Génération Vélo porté par la FUB (Fédération des usagers de la bicyclette) et des associations locales telles que l’Adava, plus de 3 000 élèves ont déjà été formés à la bonne pratique du vélo. Vendredi 21 juin, 78 élèves de CM1 des écoles de Puyricard (nord d’Aix) ont reçu un diplôme délivré par la maire de la ville, Sophie Joissains, récompensant leur participation au programme Savoir rouler à vélo. Pour la maire,
« c’est un encouragement symbolique formidable » pour « accélérer la pratique du vélo, d’autant plus avec les problèmes de réchauffement climatique et de pollution ». Elle souligne la nécessité d’apprendre dès le plus jeune âge, confiant « ne pas savoir elle-même en faire, peut-être que l’apprentissage à l’école aurait changé les choses ».
Le programme vise à former 65 000 enfants dans la région d’ici 2027. « Pour les villes de plus de 100 000 habitants, Aix est la plus dynamique, avec 80 % des élèves de CM2 qui ont validé leur diplôme », affirme Génération Vélo. Les élèves expriment leur enthousiasme, Louna, en CM1, partage : « moi je savais déjà faire du vélo mais le moniteur nous a appris comment on doit se comporter sur la route et aussi comment réparer une roue ». Elle exprime son souhait de se rendre à vélo au collège tous les jours. Mathéo, à ses côtés, décrit le programme comme offrant « une liberté immense ! ».
Avant leur tour en autonomie, Lydie, monitrice à l’Adava, rappelle aux enfants les règles essentielles : « on respire, on regarde bien droit et on met en application tout ce que l’on a appris cette semaine ». Elle insiste sur l’importance d’« ancrer les bonnes habitudes pour cette nouvelle génération de cyclistes ». Alain, également moniteur à l’Adava, estime que l’essentiel est de montrer que les enfants sont prêts « à s’insérer dans une vie de citoyen qui se déplace à vélo. Le programme Savoir rouler à vélo sème les graines de la pratique ». Il ajoute que la pratique du vélo apporte de nombreux bénéfices : « elle correspond à la transition écologique, le vélo est un moyen de déplacement peu coûteux, c’est un premier pas vers l’autonomie, et c’est aussi une pratique physique bonne pour la santé physique et mentale ».
Claire, mère d’un élève de l’école élémentaire à Puyricard, encourage son fils : « super ! regarde bien à gauche et à droite et signale que tu tournes ! ». Elle exprime sa satisfaction de participer à cette initiative : « je suis ravie de participer et d’aider au déroulement de cette manifestation. Il y a des choses que l’on pense acquises et qui ne le sont pas, par exemple sur la sécurité sur la route ». Après avoir vécu deux ans à Munich, où la famille se déplaçait presque exclusivement à vélo, Claire remarque les bienfaits : « cela rendait la vie plus apaisée ! ». De retour à Aix, elle note que la sécurité des routes reste un obstacle majeur au développement de la pratique du vélo.
Un changement de mentalité globale
Le programme Savoir rouler à vélo se veut une première étape vers l’éco-mobilité. Selon Génération Vélo, « un enfant sur trois a vraiment envie de se déplacer quotidiennement à vélo » après avoir participé au programme. Cependant, l’infrastructure est essentielle pour accompagner ce changement de mode de déplacement. « L’idée est aussi de travailler auprès des territoires pour essayer d’avoir une construction synergique autour de l’aménagement des pistes cyclables, et sur ce point, les associations ont un pouvoir auprès des collectivités. On explique qu’il faut travailler sur des plans pluriannuels, qu’il est important de co-construire pour mieux aménager les territoires », détaille Robin Allory, coordinateur régional de Génération Vélo. En effet, actuellement, certaines pistes cyclables s’arrêtent brusquement à la sortie des villes, en raison des différentes gouvernances selon les routes.
Le programme Savoir rouler à vélo est financé à 50 % par Génération Vélo, avec le soutien du Ministère des Sports et du Ministère de l’Éducation nationale, qui encadrent également la mise en place du volet éducatif. Le budget représente environ 57 euros par élève. À Aix-en-Provence, l’association Adava participe au programme, enseignant aux enfants l’usage et les bonnes pratiques du vélo, avec entre autres la technique de la bruxelloise, qui consiste à parcourir un trajet en autonomie avec des encadrants positionnés aux points sensibles (rond-point, contournement d’obstacles, passage piéton, etc.). « Cette technique permet de valider les acquis des enfants sur la voirie », explique Robin Allory. Intégrée aux heures de cours à l’école, cette formation invite également les parents à s’impliquer. « Le Savoir rouler à vélo a une capacité de développer l’autonomie de l’enfant, qui reçoit une attestation. Par contre, le parent n’est pas souvent conscient des acquis de son enfant. La bruxelloise est un exercice concret qui permet de faire le lien et de maximiser un changement de comportement face aux dangers de la route mais aussi un changement de manière de se déplacer », conclut Robin.
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