Le 22 mai à Marseille au Mucem, dans le cadre du forum Sistemic, le célèbre mathématicien Cédric Villani s’est exprimé à propos des mathématiques, des filles et des stéréotypes de genre dans les matières STEM (STIM en Français, acronyme pour sciences, technologie, engineering ou ingénierie et mathématiques). Devant un jeune public marseillais (venu des lycées Thiers, l’Estaque, de Simplon ou de nombreux collèges), il a convivialement abordé :
- son profil extraordinaire : diplômé de Normale Sup et agrégé de mathématiques, après une part de sa scolarité à Toulon, il est enseignant-chercheur en mathématique depuis 2000, a exercé en France à Paris, Lyon, à Bures-sur-Yvette, et aux Etats-Unis à Atlanta, Berkeley, Princeton. En 2009 il a pris la direction de l’Institut Henri Poincaré qui est l’un des plus anciens instituts de recherche du monde en mathématique et physique théorique et participé à la fondation du musée des mathématiques de Paris. Ensuite il embrasse une carrière politique et devient député en 2017 (mais n’est pas réélu dans la mandature actuelle).
- sa médaille Fields : qu’il obtient en 2010, lors du congrès international qui la décerne tous les 4 ans (la même année que la coupe du monde de football) à 4 mathématiciens dans le monde ; le Français Cédric Villani l’a obtenue à Hyberabad en Inde simultanément avec un mathématicien israélien, un russe et un vietnamien, et elle l’a considérablement rendu visible.
- ses thèmes de recherche : comme ses cours, ses conférences et sa soixantaine d’articles publiés dans des revues d’experts, ses travaux portent notamment sur les gaz et plasmas et leur compréhension via les mathématiques et la physique, le transport de la matière, l’optimisation de l’énergie, les liens entre géométrie, statistiques et économie, et les écosystèmes.
- diverses définitions des mathématiques échangées avec le public, par exemple science, logique, outil, raisonnement, jeu, énigme, suspense, curiosité, pour établir le vrai du faux, prouver irréfutablement, ordonner et comprendre le monde ou s’amuser…
- l’apport des mathématiques : en construction et architecture, en guerre (avec Turing) et politique, en conquête spatiale (avec la célèbre calculatrice Catherine Johnson à la Nasa), en finance (“où on trouve des mathématiques en quantité déraisonnable” dit-il)…
- leur rôle dans l’économie moderne, comme le succès de Google, dont l’algorithme puissant résout le problème mathématique consistant à déterminer quelle est l’information la plus pertinente et référencée, utilisant mathématique combinatoire et géométrie, mais aussi Facebook, l’open IA, et tout le champ de la gestion de données. L’occasion de citer le Français Yann Le Cun, chercheur français titulaire du prix Turing que l’Amérique et les Gafam révèrent, considéré comme co-inventeur de l’apprentissage profond, l’apprentissage automatique, l’apprentissage des réseaux de neurones…
- mais la place limitée des femmes parmi les centaines de milliers de mathématiciens dans le monde, que reflète le nombre réduit à seulement deux femmes médaillées Field en 80 ans : l’iranienne Maryam Mirzakhani puis l’ukrainienne Maryna Viazovska ; phénomène déplorable pouvant s’expliquer selon lui historiquement par l’interdiction, puis le dénigrement, et maintenant que les règles sont ouvertes mais que l’objectif de parité est pourtant loin d’être atteint, par “un biais culturel infondé, qui s’impose à la fois aux hommes et aux femmes, et qui est à combattre par la prise de conscience“, pour enrichir les profils et les regards, par souci de diversité et d’équité. « Volonté et motivation sont les qualités premières pour les mathématiques », précise-t-il avec ces mots féminins, mais ces concepts non genrés.
Élisabeth Borne et Renaud Muselier en visite à la Cité scolaire internationale Jacques Chirac
Le nouvel engagement d’Elisabeth Borne
Souhaitant également combattre ce stéréotype, depuis quelques semaines, Élisabeth Borne, ancienne Première ministre, polytechnicienne, a rejoint les forums Sistemic en présidente et au conseil stratégique, comme elle l’a souligné à Marseille le 30 mai, lors de sa venue à l’assemblée de l’agence régionale Rising Sud.
Egalité ou parité dans la tech ? débat d’entrepreneurs à Sistemic
Quatre figures économiques régionales de la technologie se sont réunies en table-ronde sur ce thème lors du forum Sistemic à Marseille. Verbatims :
- « Le chiffre des filles dans la tech reste minoritaire et ne bouge pas » selon Julie Davico Pahin, présidente d’Aix Marseille French Tech et ancienne patronne de la société Ombrea.
- Chez Imcheck Therapeutics, Pierre d’Epenoux reconnaît qu’il n’y a pas de femme au board, ni dans l’équipe de direction. « Ce n’est pas un choix mais une réalité. Est ce un problème ? non, absolument pas. Je regrette car ça apporterait de la diversité, mais ca ne change pas la capacité ni la mission de l’entreprise. Je préfère la diversité à la parité, et on l’obtient par les personnalités et les nationalités (12 sont présentes chez Imcheck).»
- En revanche, pour Thomas Kerjean, Mailinblack, « les équipes et le management sont égalitaires et le board “quasi” paritaire.»
- Quant à Pierre-Emmanuel Casanova, de la société de spécialisée dans l’hydrogène HSL, il souligne avoir « confié la présidence – direction générale à une femme » : Corinne Dubruel, que Gomet’ avait invitée à intervenir au Baromètre annuel régional des levées de fonds en février 2024.