« On doit accepter de soutenir certaines filières plus prometteuses que d’autres »
« La première orientation qui va être retenue, c’est celle d’atteindre une industrie et une économie totalement décarbonées en en 2050. C’est l’enjeu le plus difficile. Comment concilier production et décarbonation de l’industrie… Je peux vous dire qu’avec Agnes Panier, ça nous donne des migraines très fréquentes mais c’est l’enjeu le plus capital. Et contrairement à ce que l’on peut croire, c’est en innovant dans l’industrie que l’on parviendra à cet objectif. Et c’est là que nous voulons marquer dès aujourd’hui un changement radical car l’ancien modèle a échoué. Cet ancien modèle consistait à délocaliser l’industrie, à racheter à l’extérieur les produits industriels en pensant que l’économie française s’en porterait mieux. Ce fut un échec total.
Nous sommes l’une des nations qui a le plus délocalisé son industrie de toute la planète. Le résultat, c’est la double peine : moins d’emplois et plus de CO2. Finalement, les produits importés sont plus carbonnés que si on les fabriquait en France. Tout ce que nous réduisons en terme de CO2 à l’intérieur de nos frontières, nous le réimportons davantage de l’extérieur. Les délocalisations industrielles ont fait un tort considérable à la France, ont créé des saignées de l’emploi partout sur le territoire et en plus, affichent un bilan carbone négatif au bout du compte. Nous proposons de relocaliser l’industrie, avec des technologies de pointe. Un exemple : une batterie électrique produite en France, c’est cinq fois moins de CO2 que si elle est produite en Chine. Je préfère donc qu’elle soit produite en France. Ça va nous faire des emplois et moins de CO2. C’est le modèle que nous défendons avec le Président de la République ».
Taxe carbone aux frontières et baisse des impôts de production
« Il doit être accompagné évidemment d’une taxe carbone aux frontières. Si vous voulez que ce modèle soit efficace, il faut que les produits importés soient soumis à une taxe carbone aux frontières. Je peux vous garantir que nous allons mettre toute l’énergie politique nécessaire pour convaincre nos partenaires européens de mettre en place cette taxe dans les meilleurs délais. Ensuite, il faut être attractif. C’est compliqué de convaincre une usine de s’installer en France quand vous avez des impôts de production trois fois plus élevés que ceux de vos concurrents européens. Je connais plusieurs chef de très grandes entreprises mondiales qui ont hésité à installer en France des outils de production de 1 000 à 1 500 personnes. La raison principale de leur refus, ce sont les impôts de production trop élevés. Nous avons tous à régler ce problème d’impôts de production, le gouvernement avec les élus locaux. Je souhaite engager cette baisse des impôts de production dans le projet de loi de finances 2021. On pourrait commencer par la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S) car je crois qu’il y a un consensus, des économistes comme des industriels, pour dire que c’est l’impôt le moins acceptable. Ensuite, on pourrait transférer la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises aux Régions. Alors j’entend les critiques. Certains présidents de Région me disent que certains auront la possibilité de la baisser, tandis que d’autres non, ça va créer des inégalités… Discutons-en ensemble. Enfin, il faut une trajectoire sur dix ans. Les impôts de productions, c’est 70 milliards d’euros. Il faut engager la baisse et pour la tenir, il faut une trajectoire. Comme nous l’avons fait pour l’impôt sur les sociétés ou nous avons dit 25 % en 2022 pour toutes les entreprises. Ça permet aux entreprises de savoir où elles vont. Pour financer cette baisse de l’impôt durablement, il faut la financer par une baisse des dépenses publiques. Dans les mois qui viennent, nous allons donc regarder ensemble comment faire des économies sur les dépenses publiques ».