La 35e édition du Festival international de cinéma de Marseille, le FID Marseille 2024, se tient du 25 au 30 juin et investit plusieurs lieux de la cité phocéenne : l’Artplexe Canebière, la BMVR Alcazar, La Baleine, La Friche de la Belle de Mai, Les Variétés, le Vidéodrome 2, le Mucem, et la galerie La Compagnie.
Évenement majeur, à résonnance internationale, tourné vers les écritures cinématographiques singulières et les formes émergentes, le FID Marseille, propose chaque année une centaine de films en première mondiale ou internationale. Au cours de ces six jours, dans la lignée des précédentes éditions, les festivaliers et les professionnels du secteur découvriront, une cinquantaine d’oeuvres (fictions et documentaires), réparties dans cinq couloirs compétitifs, des séances spéciales, y compris pour le jeune public, une rétrospective dédiée à l’actrice et chanteuse Ingrid Caven et aux cinéastes Adirley Queirós/Joana Pimenta, un focus sur la comédienne Agathe Bonitzer. Le tout accompagné d’échanges avec une pléiade d’invité.e.s, sans oublier les rencontres professionnelles du FidLab (plateforme de coproduction internationale) et du FidCampus (résidence pour les jeunes réalisateurs venus du monde entier). De quoi réjouir les cinéphages et autres aventuriers, désireux d’explorer une autre facette de la planète cinéma.
Toutes les étoiles alignées pour ouvrir le bal avec l’actrice portugaise Crista Alfaiate
Les temps forts de cette édition 2024 du FID Marseille, sont marqués par un florilège d’événements, à commencer par la cérémonie d’ouverture, avec la projection de Grand Tour, de Miguel Gomes, Prix de la mise en scène, au Festival de Cannes 2024. Fraîchement récompensé, le cinéaste portugais, révélé au FID avec le sublime film Tabou (2012), compte parmi les fidèles du festival, où il a présenté tous ses films. Signalons également, que son long-métrage Les Mille et Une nuits (2015) a été tourné dans la cité phocéenne et que le co-producteur et le distributeur de son nouveau film est la société Shellac, basée à Marseille. Toutes les étoiles sont donc alignées pour ouvrir le bal et accueillir l’actrice portugaise Crista Alfaiate, qui accompagnera le film, mardi 25 juin à partir de 19h 30, sur le toit-terrasse de la Belle de Mai.
Ingrid Caven : actrice et chanteuse allemande, invitée d’honneur
Autre événement à ne pas manquer, la venue à Marseille de l’actrice et chanteuse allemande Ingrid Caven. Figure emblématique de la scène underground des années 60/70, révélée au cinéma par Rainer Werner Fassbinder avec lequel elle tourne plusieurs films, notamment L’année des treize lunes, Ingrid Caven poursuit sa carrière avec des cinéastes phares, à l’instar de Daniel Schmid La Paloma ou encore Werner Schroeter, La mort de Maria Malibran, qui mettra en scène son premier spectacle musical. Toujours très active à 85 ans, Ingrid Caven viendra présenter son nouvel album, en écoute publique, ainsi que la rétrospective qui lui est consacrée.Enfin,elle participera également à une masterclass : jeudi 27 juin à 17h 30 au cinéma Artplexe.
D’autres invités seront également également mis à l’honneur, à l’instar de Adirley Queirós et Joana Pimenta qui « ont révolutionné la fiction politique » soulignent les organisateurs. Les deux cinéastes respectivement brésilien et portugaise, feront l’objet d’une rétrospective et seront présents à Marseille tout au long du festival. Ils participeront également à une asterclass vendredi 28 juin à 17h au cinéma Artplexe.
Enfin, le talent de la discrète comédienne Agathe Bonitzer, vu récemment dans Muzik d’Angela Schanelec sera mis en lumière à travers un programme qui rend également hommage à sa mère, Sophie Fillières, réalisatrice française, récemment disparue.
La sélection officielle du FID Marseille 2024 : une carte du cinéma d’aujourd’hui et de demain
Du côté de la compétition, les 50 films sélectionnés, issus des quatre coins du monde, offriront aux festivaliers une grande diversité de l’expression cinématographique, que ce soit dans l’écriture ou dans la forme. Un regard pluriel qui permettra d’ouvrir grands les yeux sur de jeunes talents prometteurs et de continuer à suivre le parcours de cinéastes confirmés, à l’instar de Mariano Lilinás, « l’un des plus grands inventeurs de formes » nous dit Cyril Neyrat, le directeur artistique. En témoigne, Kunst der Farbe (L’art de la couleur), une comédie dans laquelle cinéaste argentin prend le prétexte d’un portrait d’un peintre, pour inventer un traité des couleurs très personnel au cinéma.
Très attendu également, un ovni cinématographique, Do you want to see part two ? de l’allemand Christian Von Borries, alias cricri sora ren, devrait nous réserver quelques surprises, puisque que le réalisateur a eu l’idée de s’allier avec l’intelligence artificielle, pour inventer un nouveau langage qui critique les imageries autoritaires, qui inondent les écrans et les réseaux venant de Russie et de Chine. Autre nom du cinéma contemporain, le libanais Ghassan Salhab, propose avec Contretemps, une chronique fleuve et intime de l’histoire du Liban, du début du soulèvement populaire dans les rues de Beyrouth en 2019, à son essoufflement, jusqu’à sa fin. Autre événement tragique, côté Argentine cette fois, avec Todo Documento de Civilizació (Every document of civilization), second long-métrage de Tatania Mazú Gonzalez, qui revient à travers les paroles d’une mère, sur la disparition forcée de son fils, un jeune adolescent torturé et assassiné par la police argentine dans les années quatre vingt-dix.
Dans La Chambre d’ombres de Camillo Restrepo, en “compétition française”, le cinéaste d’origine colombienne, invente une forme extrêmement singulière et colorée pour réfléchir sur les images-clés de l’histoire de l’art et les violences du monde. Autre film à ne pas manquer, cette fois dans la “compétition ciné +”, The Ballad of Suzanne Césaire de l’américaine Madeleine Hunt-Ehrlich, une merveilleuse évocation de la militante et écrivaine martiniquaise Suzanne Césaire, restée dans l’ombre de son illustre mari, auteur d’une oeuvre importante. Interprété par Zita Hanrot, l’actrice marseillaise sera présente pour partager avec le public.
Pour compléter cette inventaire, on n’oubliera pas de mentionner la “compétition Premier Film” du FID Marseille, qui comme l’a souligné le directeur artistique est « celle où se marque avec le plus d’évidence la vocation du FID, de parier sur des premiers gestes, libres, souverains chacun très singuliers venant du monde entier. » À cet égard, soulignons une jeune cinéaste installée à Marseille, Léa Lanoë qui pour son premier long-métrage, Frieda TV, dresse le portrait au long court d’une femme berlinoise à la fois fragile et très fantasque, au verbe haut et punk.
Enfin, citons la “compétition flash” dédiée aux formes brèves, un laboratoire des nouvelles écritures cinématographiques qui rassemble des artistes et des cinéastes plus ou moins confirmés, issus du monde de l’art ou du cinéma
Et s’il s’avère impossible de citer l’ensemble des films, on n’omettra pas de mentionner deux films tournés à Marseille, La Prunelle rouge de Pierre Louapre, présenté hors-compétition dans la section “autres joyaux” et Dans la peau de Pascal Tessaud, présenté dans le cadre de la séance spéciale proposée par le Festival de Marseille.
Les rencontres du Forum : un espace de partage convivial
Initiés l’année dernière, forts de leur succès, les rendez-vous quotidiens avec le public et les professionnels seront de retour à la Brasserie Blum, en plus des débats après la projection des films dans les salles. Pour cette 35e édition, les thématiques proposées par le FID Marseille, seront les suivantes : « Conversation libre avec la comédienne Agathe Bonitzer, » autour de son parcours et du cinéma de Sophie Fillières. Le lendemain, « Intelligence artificielle, you tube, streaming, quelles écritures pour toutes ces images ? » en présence du réalisateur Christian Von Borries. Suivra « Marseille et ses marges, nouveaux territoires pour le cinéma », et enfin « Les Festivals : fonction critique et politique éditoriale. » De beaux moments d’échange en perspective attendent les professionnels et les festivaliers (du 26 juin au 28 juin de 16h à 17h30, et le 29 juin à 11h).
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