La délibération est passée à la trappe. « Pas d’opposition ? Adopté », expédie Martine Vassal, la présidente de la Métropole Aix-Marseille au cours du dernier conseil métropolitain de l’année le 15 décembre. Pourtant, la nouvelle organisation de la compétence voirie et propreté (hors la gestion des déchets) actée entre la Métropole et la Ville de Marseille, effective au 1er janvier 2023, mérite de s’y attarder.
Dans le cadre de la loi 3DS, le maire de Marseille pouvait récupérer la compétence voirie et propreté. Et ce choix aurait demandé à la Ville d’emprunter pour financer les agents et les travaux (trous dans la voirie, pistes cyclables). Or, la ville de Marseille est déjà deux fois plus endettée que les autres communes de France, selon Joël Canicave, l’adjoint aux Finances. C’est pourquoi, le maire a souhaité récupérer un pouvoir de décision sans le budget, ni les agents associés.« Je ne pouvais pas aggraver la situation financière de la ville», concède l’édile lors d’une conférence de presse après le conseil.
Les deux institutions ont donc trouvé un accord« inédit» qui« ne s’est jamais vu dans d’autres villes», assure Benoît Payan. Cet accord prend forme dans le cadre d’une convention de coopération que nous avons pu consulter. La voirie et la propreté reste « reconnue comme une compétence métropolitaine. » Pour autant, la Ville de Marseille et la Métropole « décident d’exercer leurs compétences en forte complémentarité ». Selon le document, il s’agit de « coordonner les moyens respectifs » pour la voirie et les espaces publics, la propreté urbaine (hors la gestion des déchets), l’éclairage public et la politique de stationnement.
La Ville sera en mesure de déterminer, secteur par secteur, les travaux et le nettoyage à effectuer dans les rues par les agents métropolitains. La maire de secteur (1-7) Sophie Camard, a participé à l’élaboration de cette convention. L’élue précise lors du conseil municipal :« On aura de vrais moyens financiers identifiés, on va pouvoir suivre l’exécution de ce que nous voulons. J’espère que les services de la Métropole seront plus à l’aise.»
Trois comités mis en place pour piloter cette compétence
Pour ce faire, comme nous l’annoncions en avant-première, deux élues municipales et métropolitaines, issues de la majorité, deviendront « conseillères déléguées » à la Métropole au 1er janvier 2023. Selon plusieurs informations concordantes, Christine Juste, adjointe à l’environnement sera dédiée à la propreté et Perrine Prigent, adjointe déléguée à la valorisation du patrimoine et l’amélioration des espaces publics, gérera la voirie. Interpellé pour confirmer l’information, Benoît Payan botte en touche. « Vous saurez en janvier », a-t-il sourit.Selon nos informations, le DGS de Marseille, Didier Ostré, devrait également recruter cinq ingénieurs pour accompagner cette « nouvelle » compétence.
Pour piloter cette compétence, et s’assurer de la bonne coopération et avancée des dossiers, trois comités seront mis en place. Une fois par mois, un comité technique se réunira avec les deux directeurs généraux des services (DGS) et les directeurs généraux adjoints (DGA) avec leurs équipes compétentes. Une fois tous les trois mois, un comité de « pilotage » (à parité) sera composé des élus délégués (Christine Juste et Perrine Prigent) aux politiques publiques. Enfin, deux fois par an, Martine Vassal et Benoît Payan feront un point d’avancée au cours d’un comité stratégique pour suivre les objectifs fixés et les réajuster si besoin.
La Ville se félicite d’avoir obtenu l’engagement de la Métropole d’investir 200 millions d’euros sur quatre ans pour la voirie marseillaise (2023-2026), soit 50 millions d’euros par an. Ce qui n’est pas nouveau puisque la Métropole investissait déjà pour l’entretien et le renouveau de la voirie de la ville. Mais ce plan d’investissement permettra à la ville d’anticiper ses actions.
Liens utiles :
> Métropole Aix-Marseille Provence : un accord en vue pour passer à l’acte 2
> Gomet’ L’Hebdo n°244