Ce qui m’intéressait, c’était de voir quel projet on pouvait avoir pour Marseille, quel souffle on peut retrouver.
Corinne Vezzoni
On a parlé de vous à un moment donné comme potentielle candidate aux élections municipales à Marseille. Comme cela s’est-il passé ?
Corinne Vezzoni : On m’a sollicitée. J’ai été invitée à quelques émissions sur France Info et France Culture sur les questions d’aménagement du territoire et des transports. Je travaille en effet sur le projet du Grand Paris (réseaux de transports), sur la question du tourisme et de la pollution à Venise, sur le logement modulable et accessible à tous à Toulon et Bordeaux et sur la question des zones commerciales et des périphéries des villes. Parmi les auditeurs, des conseillers de l’Elysée m’ont entendue et le discours les a intéressé. Ils m’ont sollicitée pour venir parler de ces sujets à titre de conseil, d’expert. Au fil des conversations, certains ont commencé à me dire : « après tout, vous avez un discours, vous avez une pensée sur la ville, pourquoi ne pas y aller ? ». Ils ont insisté assez fortement et m’ont demandé de réfléchir. J’ai essayé de garder la tête froide, je me suis posée la question. Certains, comme Jean Viard, m’ont dit : « Rends toi compte, tu auras la ville entière comme terrain de réflexion, tu peux porter une vision ». Ce qui m’intéressait, c’était de voir quel projet on pouvait avoir pour Marseille, quel souffle on peut retrouver. Car travaillant dans d’autres villes, je vois combien un maire peut insuffler une vision ou pas. Une grande vision, prendre de la hauteur, pas simplement gérer les services, faire en sorte qu’une ville devienne bienveillante et attractive. Comment Nantes, Bordeaux, le Havre se sont renouvelées ? Chacune grâce à des maires qui ont su tirer parti des points forts de leur ville, qui ont révélé leur caractère intrinsèque. Je crois profondément que la concurrence des métropoles se fera par leurs particularités.
Je me suis dit que ce que je fais professionnellement, c’est peut-être la meilleure façon, pour l’instant, pour moi de partager et de participer à l’aventure collective
Corinne Vezzoni
Finalement, vous n’avez pas souhaité convertir cet engagement au service de la ville en politique ?
C.V. : Je me suis donnée deux, trois mois de réflexion. Cela remettait en cause beaucoup de choses, ma vie professionnelle et personnelle. Et puis je me suis dit que ce que je fais professionnellement, c’est peut-être la meilleure façon, pour l’instant, pour moi de partager et de participer à l’aventure collective, en créant, en participant à la fabrication de la ville à ma manière. D’ailleurs, ce monde politique ne m’a pas totalement convaincue. J’y ai trouvé d’avantage de luttes d’ego et de soif de pouvoir que de vrais désirs de faire le bien de tous.
Lien utile :
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