« Martigues, c’est Hollywood » : la Venise provençale veut rester en haut de l’affiche

Plus les années passent, et plus la filière cinéma du Pays de Martigues prend de l’ampleur. Depuis sa création en 2015, ce partenariat public-privé initié par la verve du réalisateur Olivier Marchetti, président de Provence Studios (voir notre vidéo), a déjà rapporté 38 millions d’euros de retombées directes pour le territoire. Une aire métropolitaine composée de trois communes : Martigues, Port-de-Bouc et Saint-Mitre-les-Remparts.

Bac Nord, Titane, Camping Paradis, Stillwater… Fort de ses 630 tournages en à peine six ans, cette jeune industrie ne connaît pas la crise. La filière cinéma du Pays de Martigues est d’ailleurs reconnue à l’international, attirant notamment à plusieurs reprises le géant Netflix (lire notre article), et des producteurs à renom venus des quatre coins du globe. Le CNC (centre national du cinéma) vient même d’offrir 800 000 euros au projet dans le cadre de son plan « choc de modernisation ». À notre passage à Martigues, mardi 21 septembre, les quatre studios étaient réquisitionnés pour des tournages. Preuve que la machine tourne bien, et qu’elle tend à s’expandre dans les prochaines années.

La Région Sud pourrait bientôt décaisser 20 millions pour le cinéma

Ce développement annoncé pourrait faire les affaires de tout un territoire. La Région Sud a senti le bon filon. L’institution présidée par Renaud Muselier (LR), a d’ailleurs débloqué en 2020 un fonds de 10 millions d’euros pour la création audiovisuelle, comme un investissement stratégique sur l’avenir. Un soutien financier qui permet à la filière cinéma du Pays de Martigues d’attirer les plus grands en leur proposant une aide au tournage de quelques dizaines de milliers d’euros. Les productions ont en contrepartie l’obligation d’investir localement si des figurants, des artisans, du matériel technique ou des décors sont nécessaires.

L’année dernière, huit projets, dont des internationaux, ont bénéficié de cette aide à la production (155 000 euros de soutien au total). Les retombées pour le seul territoire du Pays de Martigues ont été estimées à 780 000 euros. Cette année, onze projets ont déjà profité de l’aide à la production, ce qui devrait encore accroître les bénéfices pour les locaux. La filière cinéma envisage d’augmenter son plafond à 200 000 euros dans sa quête de devenir toujours plus attrayante. Elle table sur un doublement du fond proposé par la Région Sud dans les prochaines années.

La Métropole d’Aix-Marseille devrait également débloquer, à l’occasion du prochain conseil, une aide à la production ; 100 000 euros pour la première année. Un soutien bienvenu, mais loin du million réclamé par les équipes de la filière cinéma du Pays de Martigues. Le Département des Bouches-du-Rhône est quant à lui le grand absent du projet. Pire, la collectivité a organisé en juillet dernier la 32e édition de son festival international du film sans même solliciter les studios martégaux…

Hisser le Pays de Martigues au rang de référence mondiale du cinéma, un « devoir de l’État »

Aujourd’hui, alors qu’il vient de dévoiler sa dernière innovation technologique, The Next Stage, le cinéma martégal rêve plus grand. Florian Salazar-Martin, conseiller territorial en charge de l’économie, interpelle les collectivités locales, et surtout l’État. « La venue du Président de la République a montré la crédibilité de nos propositions », assure celui qui est également adjoint au maire de Martigues délégué à la culture. Toutefois, des efforts financiers sont attendus pour que la filière cinéma du Pays de Martigues se développe, et qu’elle acquiert de nouveaux studios. « Ça c’est un devoir de l’État », affirme Florian Salazar-Martin. Le discours d’Emmanuel Macron début septembre (lire notre document source), combiné aux milliards du plan de relance, suscitent l’espoir de tous les acteurs de cet écosystème culturel.

Le Président de la République l’a bien signifié vendredi 3 septembre lors de son allocution au jardin du Pharo : « c’est le moment d’investir dans les industries culturelles ». Emmanuel Macron a notamment appuyé sur la formation, réclamant le développement de la cinémathèque de Martigues, et la création d’une école Cinéfabrique destinée aux 18-25 ans, comme à Lyon. Cet établissement pourrait-il sortir des terres martégales ? « On y travaille depuis longtemps, indique Florian Salazar-Martin, on va bientôt pouvoir faire des annonces ». Et l’adjoint n’oublie pas les plus jeunes : « Tout le monde peut faire du cinéma, affirme l’élu martégal, on aimerait d’ailleurs trouver un moyen d’accompagner les enfants de la naissance à la formation professionnelle », sourit-il.

À Martigues, on prépare pour la mi-octobre l’ouverture au public de la Cascade. Une nouvelle entrée vers le 7ème art, avec des trois salles de projections et des ateliers pour petits et grands autour du cinéma.

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