Le salon Maison et Objet Paris 2024, qui fête son 30e anniversaire, s’est tenu en fin de semaine dernière, du 18 au 22 janvier, au parc des expositions de Paris Nord Villepinte. Réservé aux professionnels de la décoration et du design, il a réuni cette année plus de 70 000 visiteurs français et internationaux et 2 516 exposants, dont 648 nouvelles marques, ainsi qu’un millier de journalistes, selon l’organisateur M&O (filiale d’Ateliers d’Art de France et de RX France) lors de ce « plus vaste événement déco et art de vivre d’Europe. »
Pourquoi une telle affluence ? D’abord, parce que le marché français de la décoration est important : 13 milliards d’euros, et autant pour l’ameublement, avec 532 euros dépensés en moyenne par les Français pour leur décoration intérieure hors ameublement, selon les Echos Etudes en 2022); et parce qu’il est en tendance positive, même s’il est sensible à la conjoncture.
En effet, la crise sanitaire et le confinement ont accentué des facteurs de croissance, comme le repli sur le confort du chez-soi et au jardin, et les ventes en ligne, sans oublier l’influence des réseaux sociaux. Aussi, parce que l’organisation, menée en partenariat avec la Confédération des arts de la table et l’ordre des architectes, se déploie en multicanal : un salon physique de grande dimension, réparti sur huit halls à Villepinte, un salon parallèle “off” à Paris intra-muros, dans les shows-rooms parisiens des marques exposantes, en lien avec Paris Design Week, et la version virtuelle par le site internet MOM.
La croissance du visitorat (+5%) provient de l’export, avec 145 pays représentés, et aussi largement des prescripteurs, qui atteignent un tiers des participants et 8% de progression de fréquentation. Il s’agit des architectes d’intérieur et décorateurs, qui viennent pour s’inspirer, développer leurs connaissances sur les produits, les techniques et aussi leurs relations commerciales. « Ce salon a connu un nouvel essor, post-covid et en particulier cette année, à la fois quantitatif par la fréquentation et l’activité, mais aussi qualitativement », selon Noëmie Beyrat Nazarian, architecte d’intérieur du studio Archinoe à Marseille, spécialisé en rénovation, qui gère des projets de personnes privées et de professionnels, et a conduit des rénovations hôtelières. Participante régulière à M&O, elle est venue cette année encore pour “d’abord sentir l’actualité et l’innovation, ensuite pour voir les produits, les nouveautés, les mises en scène, et enfin pour nouer des liens commerciaux avec les marques proposées à nos clients, parfois suivies de longue date, parfois repérées avant le salon ou découvertes sur place. »
Pour les deux tiers des 70 000 visiteurs, il s’agit de distributeurs d’articles de maison et décoration, qui viennent en “sourcing”, à la rencontre de leurs fournisseurs réguliers ou nouveaux. Ainsi, Virginie Dumon, dirigeante de l’Âne bleu, situé à Marseille et à Bormes, se rend régulièrement à M&O pour y rencontrer ses partenaires et estime que ce millésime était « très bien, de qualité supérieure, propice à la découverte, à la création, au voyage, avec des styles ethniques et des collections d’extérieur. La Maison Marseillaise s’y est également rendue pour « faire notre sélection d’été, voir les produits qui nous plaisent et apportent de la nouveauté. »
Nombre d’acteurs provençaux exposaient au salon Maison & Objet à Paris cette année, comme les entreprises Milhe et Avons (centaure marseillaise), MGM (Gemenos), L’Othantique (Peyruis), les créateurs Talka (Marseille), J’ai vu la vierge (Marseille), ou Andréani Créations (La Penne sur Huveaune), qui indique : « Nous avons effectivement ressenti la hausse de fréquentation et la diversité géographique des acheteurs. C’est donc un plaisir renouvelé et un honneur de participer à cet événement de renom international. Maison & Objet nous permet de commercialiser nos bijoux en céramique colorés par delà les frontières, dans des contrées où le moral économique est au beau fixe. L’artisanat d’art français est par ailleurs extrêmement bien mis en valeur, dans le secteur Craft qui regroupe de nombreux adhérents d’Ateliers d’Art de France, dont l’atelier Andreani créations fait partie depuis 2009. »
Rappelons que les arts et la décoration et les arts de la table font partie des métiers éligibles aux Entreprises du Patrimoine Vivant régionales et que notre région arbore une belle réputation en design, avec des écoles, des talents, comme les designers marseillais Mickaël Koska, Margaux Keller, la décoratrice Sophie Ferjani, des concours et des expositions comme les Journées de l’architecture et du design organisées par Cité Fab et l’incontournable foire d’art contemporain et du design Art o Rama.