Avec ce scrutin, se clot une période électorale. Si vous êtes un citoyen électeur, vous avez vos quatre nouveaux tampons sur la carte tricolore. Qu’en ressort-il dans notre département ? Manifestement un paysage politique, qui en cinq ans a été totalement bouleversé.
Commençons, dans un premier temps par les mathématiques : nous avions en 2017 dans les Bouches-du-Rhône, sur 16 circonscriptions, cinq députés des Républicains, neuf de la majorité présidentielle et deux de la gauche (Jean-Luc Mélenchon et le communiste Dharréville). Nous avons six Majorité présidentielle, quatre Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale) et six Rassemblement national.
L’événement majeur qui ressort ce soir du 19 juin, est la percée législative incontestable du Rassemblement national qui emporte six députés. Le RN n’a absolument pas été affaibli dans notre département par la dissidence d’Éric Zemmour et de Stéphane Ravier. Les scores électoraux qui montaient, d’élections en élections, dans le département se sont enfin traduits pour Marine Le Pen, par une concrétisation en sièges de députés.
21 sièges sur 42 en Provence Alpes Côte d’Azur
Quels que soient les face à face, quel que soit l’adversaire, le RN a pu convaincre une majorité de votants d’envoyer plus d’un plus d’un député sur trois des Bouches-du-Rhône à l’Assemblée nationale. Le débat s’est tellement radicalisé, entre La France insoumise et la majorité présidentielle que les reports dits de “front républicain” ne sont plus qu’un souvenir des années Chirac. Il faudra dorénavant compter avec un Rassemblement national qui a six porte-parole nationaux, qui s’ajoutent aux 35 conseillers régionaux et aux très nombreux conseillers municipaux qui ont fait leur entrée dans les assemblées locales. Le RN est bien le parti le plus important, le plus ancré, le plus unifié du département.
Dans la région, le phénomène est encore plus massif. Le RN obtient 21 sièges sur les 42 que comptent la région Provence Alpes Côte d’Azur. C’est largement la première force politique. Dans le Var, ils seront sept députés sur un total de huit circonscriptions, dans le Vaucluse quatre sur six…
Parlons maintenant des disparus. En 2017, dans les Bouches-du-Rhône, cinq députés issu des Républicains avaient sauvé leur siège malgré le rush Macron. Ils ont tous disparus. Soit, ils ont rallié la majorité présidentielle, comme Lionel Royer-Perreault, soit ils ont été clairement battus comme Éric Diard qui pourtant bénéficiait d’une attitude bienveillante de l’Élysée (qui ne lui avait opposé aucun adversaire). En quelques années, un parti qui faisait la loi, non seulement à Marseille, mais dans la région Provence Alpes Côte d’Azur, avec Jean-Claude Gaudin comme leader incontournable, a disparu du champ politique. À moins que l’on considère que la majorité présidentielle est devenue une autre expression de cette droite régionale.
La vague macronienne se droitise
En 2017, la vague macronienne emportait neuf sièges dans le département, piochant autant dans les circonscriptions de droite, que celles de gauche. Cinq ans plus tard, le désastre est ici limité, puisqu’Ensemble aligne toujours six députés, mais avec un changement de sociologie électorale notable et indiscutable. Ce sont les circonscriptions plutôt à droite, avec des candidats souvent venus de la droite et du centre ou affichant des sympathies avec les Républicains qui ont sauvé le maximum de sièges.
La Nupes double ses députés, passant de deux à quatre, mais nous sommes loin du raz-de-marée promis et attendu par la France insoumise. En laissant une place ridicule, millimétrique, à ses alliés, les Verts, le PS et le PC, in fine, la Nupes est très modérément gagnante, et plus hors Marseille qu’intra-muros.
Ce jeu d’ombre devenu incompréhensible
Ici, comme au plan national, le paysage se structure autour des trois leaders nationaux Mélenchon, Le Pen, Macron. La victoire est pour celle qui a fait le moins de bruit, Marine Le Pen. Jean-Luc Mélenchon a su faire exister le rassemblement d’une gauche en débâcle. Et Emmanuel Macron, sans programme, a cru qu’il pouvait enjamber cette séquence électorale. Le jeu s’est fait à trois, mais à aucun moment les Français n’ont vu ces trois leaders en débat confronter leur personnalité, leur projet, leur vision.
C’est donc à l’issue d’élections sans passion, sans enjeux explicites forts, que la représentation nationale et donc la représentation de notre territoire a été bouleversée par, ne l’oublions pas, moins d’un citoyen sur deux (votants 20 695 734 soit 46,14 % dont 5,5% de votes blancs et 2,15% de votes nuls). L’autre a préféré regarder de loin ce jeu d’ombre devenu incompréhensible.
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