L’appel à intérêt d’HYnframed lancé en janvier 2023 s’est clôturé par « un bilan positif »se félicite GRTgaz. Le projet d’infrastructure, dont la première étude de faisabilité remonte à 2022, comprend 150 km d’hydrogénoducs dans la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer (13) et du stockage sous-terrain à Manosque (04). Le dossier intéresse une grande diversité d’acteurs constate GRTgaz. Une vingtaine d’intervenants côté production, consommation, stockage ou terminaux d’importation ont répondu à l’appel à intérêt. Ce sont des industriels historiques, des nouveaux acteurs de la pétrochimie ou des e-carburants, cimentiers… « HYnframed attire et une dynamique collaborative forte entre industriels s’est créée », se réjouit Geoffroy Anger, responsable développement hydrogène chez GRTgaz, « lequel agit comme organisateur et facilitateur » précise l’opérateur.
Une infrastructure pour servir les industriels en fonction des besoins et des évolutions du marché
Bérangère Préault, déléguée territoriale Rhône Méditerranée de GRTgaz, qui intervenait mercredi 29 novembre à Marignane lors de la soirée “Territoires en actions” organisée par la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence, voit un triple intérêt au projet HYnframed : « Il permet aux producteurs d’hydrogène d’avoir une zone de chalandises améliorée, de pouvoir stocker la ressource à des moments où le marché n’en a pas besoin et cela permet aux consommateurs d’acheter l’hydrogène au bon moment selon le prix du marché. »
Bérangère Préault souligne également la vertu d’HYnftamed de pouvoir soulager le système électrique. « Le modèle que l’on imagine est de produire l’hydrogène quand on a de l’électricité notamment renouvelable, par nature intermittente et de le stocker dans les cavités de Manosque. Et de restituer ensuite l’hydrogène lorsque que le sytème électrique est sous tension. » Selon des premières estimations du groupe, HYnframed pourrait disposer d’une capacité de 25 GWh/jour et permettre d’éviter l’émission d’environ 4 Mt CO2eq/an dans des secteurs industriels clés.
HYnframed connecté à la dorsale européenne H2Med
Prochaine étape pour Hynframed de GRTgaz: mener les études d’ingénierie qui permettront, en 2025, de prendre la décision d’investissement. Les études de base, qui doivent être en cofinancées avec les industriels du bassin « doivent démarrer dans les prochaines semaines » précise Bérangère Préault. La mise en service est espérée à partir de 2028. « La dynamique constatée démontre l’importance de Fos-sur-Mer et de Manosque dans le développement du futur marché de l’hydrogène, avec un potentiel de consommation élevé », analyse Geoffroy Anger.
La zone a d’ailleurs été choisie pour accueillir l’arrivée de BarMar, premier hydrogénoduc de niveau européen entre l’Espagne et la France, et tronçon majeur du futur H2med, le premier corridor d’hydrogène vert en Europe. Celui-ci connectera la péninsule ibérique à la France et à l’Allemagne à l’horizon 2030. La Commission européenne dans sa revue des projets d’intérêt commun a sélectionné la semaine dernière H2med parmi les dossiers d’intérêt commun (lire notre article).
HYnframed : des terminaux méthaniers de Fos jusqu’au stockage à Manosque
GRTgaz est propriétaire et exploite en France 33 000 kilomètres de canalisations enterrées. La région Provence Alpes Côte d’Azur compte 1460 kilomètres qui relient les terminaux méthaniers de Fos-sur-Mer jusqu’au stockage gaz de Manosque, en alimentant les grands consommateurs industriels du territoire notamment du pourtour de l’étang de Berre. Bérangère Préault explique que « lorsque le terminal de Fos-Cavaou tourne à plein, c’est l’équivalent de 25 tranches nucléaires qui arrivent. Et ce gaz il faut le transporter sur le territoire. C’est notre notre 2e mission, à côté de la production : s’assurer que tous les consommateurs de gaz le reçoive bien. »
Jupiter 1000, démonstrateur du gaz renouvelable
« Depuis 2020, grâce à son démonstrateur industriel Jupiter 1000, GRTgaz convertit de l’électricité d’origine éolienne en hydrogène renouvelable injectable dans le réseau de transport de gaz. Une nouvelle étape a été franchie en juillet 2022 : le méthaneur a produit ses premières molécules d’e-méthane, à partir d’hydrogène renouvelable et de CO2 en bouteille. Ce procédé permet de valoriser le CO2 rejeté par des sites industriels : l’hydrogène vert produit par les électrolyseurs réagit avec le CO2 capturé dans les fumées des industriels et génère ainsi du méthane de synthèse, directement injectable dans les réseaux de gaz. Cet « e-méthane » remplace le gaz naturel, ne nécessite pas la construction de nouvelles infrastructures de transport et permet de diviser en moyenne par deux les rejets de gaz carbonique dans l’atmosphère. Les autres filières de gaz renouvelables poursuivent également leur développement pré-industriel. Aussi concernant la gazéification hydrothermale, GRTgaz réalise une étude en région Sud afin de détecter et comptabiliser les gisements de résidus et de déchets organiques humides au service d’une conversion en gaz renouvelable et gaz bas carbone. Les résultats de cette étude seront communiqués au cours de l’année 2023. » Source GRTGaz
Dans la région, GRTgaz emploie 115 salariés. En 2022, l’entreprise déclare avoir investi 28 millions d’euros en Provence-Alpes-Côte d’Azur pour assurer la sécurité d’approvisionnement, entretenir et moderniser ses installations et accélérer son soutien à la transition énergétique.
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