« Ce ne sont clairement pas des produits sur lesquels on fait de la marge. Mais lorsqu’on a une technologie comme Viralstop, il faut la partager »
Nathalie Hagège, PDG de Proneem
Un succès qui pourtant n’est pas forcément rentable pour l’entreprise : « Aujourd’hui, pour nous, le bilan est positif médiatiquement parlant car permis a Proneem de se faire connaître grand public. Mais ce ne sont clairement pas des produits sur lesquels on fait de la marge : quand on a un masque fabriqué en France à 100%, qu’on vend à un prix entre 9 et 12 euros, la marge avec le coût de production est très étroite. On fait cela avant tout par solidarité, pas pour faire du profit. Quand on se rend compte qu’on a une technologie comme celle-là, capable d’éradiquer le virus, il faut la partager », explique Nathalie Hagège. Plus précisément, le coût total de production d’un masque Proneem s’élève à 9,90€, selon Nathalie Hagège. La marge sur ce coût ? « On parle en centimes », insiste-t-elle.
Ce n’est pas la recherche du profit, non plus, qui a poussé l’usine Fil Rouge et l’atelier InserMode (situés avenue de la Capelette, dans le 10ème) à se lancer dans la production de masques en tissu de catégorie 1, mais la demande urgente sanitaire du moment : « Nous sommes des entreprises de l’ESS (Economie Solidaire et Sociale) et nos valeurs sont, avant tout, d’être une passerelle pour des personnes éloignées de l’emploi et qu’ils puissent valoir d’acquis transférables par la suite dans d’autres secteurs », souligne Annie Carrai, la directrice. Un pari réussi avec l’activité de production de masques, qui a permis l’embauche de 76 personnes. L’objectif, à terme est que ces personnes puissent intégrer dans leur parcours professionnel des entreprises où ils pourront faire valoir de leurs expériences.
Malgré un important investissement (notamment pour l’achat de nouvelles machines pour la fabrication des masques), le bilan de cette production est doublement positif, dans la mesure où il a mis un coup de projecteur sur la fabrication locale. « Nous avons démontré qu’il était possible, en 2020, de relocaliser et de créer des emplois en France », se réjouit Annie Carrai. Cet attrait pour le « made in France » a d’ailleurs poussé l’entreprise à ouvrir une vitrine aux Terrasses du Port pour montrer le processus de fabrication de textile français et donner envie d’acheter local et durable.
Les pouvoirs publics, des soutiens pas toujours au rendez-vous
Les principaux clients de Fil Rouge restent les collectivités, d’autant que ces dernières semblent désormais vouloir favoriser la fabrication française. Fil Rouge a ainsi récemment été sélectionnée avec une dizaine d’autres entreprises dans le cadre d’un appel d’offre du Ministère de l’Economie et des Finances visant à fournir à l’Etat « des masques textiles grand public à usage non-sanitaire lavables au minimum jusqu’à cinquante (50) fois ». Aujourd’hui, l’entreprise continue de produire jusqu’à 4000 masques par jour dans le cadre de cet appel d’offre.
« C’est sur que, des courriers des félicitations, j’en ai reçu ! Par contre, je n’ai pas eu une seule commande de l’Etat ».
Mourad Amara, dirigeant de Protecto
Tous les producteurs de masques n’ont pas bénéficié d’autant de soutien de la part de l’Etat. Protecto s’est lancé dans la production de masques à la suite de l’appel d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui, il fustige « l’hypocrisie du gouvernement » : « C’est sur que, des courriers des félicitations, j’en ai reçu ! Par contre, je n’ai pas eu une seule commande de l’Etat ». Un sentiment d’injustice, qui ne faiblit pas lorsqu’on évoque les masques chinois distribués aux députés à l’Assemblée Nationale, ce qui avait fait polémique en avril dernier. « En somme, c’est faites ce que je dis mais pas ce que je fais », tacle Mourad Amara.