C’est un bateau pas comme les autres qui s’ajoute à ceux amarrés le long du port de l’Anse de la réserve à Marseille. Mais ce n’est pas son design ultra-moderne et épuré qui fait sa différence. Il s’agit en effet du tout premier bateau de l’entreprise ciotadienne Ephyra carburant 100% à l’hydrogène. En effet, l’entreprise avait remporté un appel à manifestation d’intérêt, lancé par la CCI Aix-Marseille (gestionnaire du port pour le compte de la Métropole Aix-Marseille, qui en est propriétaire).
Une première expérimentation durant les JO
Expérimenté dans un premier temps à des fins protocolaires durant les jeux olympiques à Marseille, le navire a désormais trouvé son port d’attache et pourra permettre de naviguer dans la baie de Marseille – pas encore dans les Calanques… Il a été inauguré jeudi 26 septembre, en présence de la directrice générale d’Ephyra Chloé Zaied, par ailleurs navigatrice et fondatrice de Hynova Yatchs. Cette dernière entreprise est en effet intégrée depuis juin 2023 à la franco-suisse Ephyra, devenant ainsi une « société sœur » de celle-ci.
Cette fusion a permis aux entreprises de proposer un écosystème hydrogène complet, Ephyra commercialisant initialement des bornes d’avitaillement. Si Hynova Yatchs n’en était pas à son premier bateau hydrogène, il s’agit néanmoins du tout premier écosystème proposé par l’entreprise avec Ephyra.
Avec Ephyra, Hynova Yachts lance sa station pour navires à hydrogène vert
Pour l’heure, néanmoins, la station d’avitaillement n’en est pas encore au stade de la production d’hydrogène, pour des raisons techniques, explique Chloé Zaied. En attendant, pour faire tourner le navire, Ephyra importe de l’hydrogène – non vert – produit du côté de Pau. « Malheureusement, le seul hydrogène vert disponible aujourd’hui est produit en Normandie. Faire venir un camion d’hydrogène vert depuis là-bas à Marseille n’aurait pas été logique en termes de décarbonation. Aujourd’hui, c’est une première étape qui nous permet de commencer à opérer. Nous avons encore des choses à perfectionner », poursuit la navigatrice.
Malgré tout, le projet a été soutenu financièrement par la Métropole, qui abonde 100 000 euros pour la station d’avitaillement, mais aussi la BPI, au travers d’un prêt de 500 000 euros. Le coût de l’investissement pour la conception de cet écosystème hydrogène n’est en revanche pas révélé par Ephyra. Quant au coût d’une réservation pour naviguer à bord du bateau à hydrogène, celui-ci devrait se situer « entre 10 et 15% en plus en se basant sur les prix du marché et de chaque port » précise Chloé Zaied.
Un bateau plus gros en préparation
Ephyra planche d’ores et déjà sur un second modèle de navire carburant aussi à l’hydrogène mais plus imposant « avec une cabine, et qui sera capable d’effectuer les traversées jusqu’en Corse », affirme Chloé Zaied. Si celui qui vient d’être inauguré mesure douze mètres, le prochain vise ainsi la taille « d’un petit yatch. » Ephyra Type 48, de son nom, sera conçu de A à Z en région Sud et assemblé à La Ciotat, puis mis en service en 2025.
Il pourrait dans un premier temps naviguer dans le golfe de Saint-Tropez. En effet, Ephyra vient de signer un accord avec le port de Saint-Tropez pour y implanter une future station. L’entreprise met aussi le cap sur d’autres destinations bien ciblées pour se développer : Cannes, Nice, ou encore Monaco … Des endroits où se trouve une clientèle pour Ephyra, mais surtout des « lieux d’intérêts » pour permettre l’exploitation du navire à titre touristique. L’entreprise est par ailleurs en discussion avec la mairie de Lausanne pour déployer sa technologie en Suisse. A terme, Ephyra Type 48 a vocation à remplacer celui actuellement dans le port de l’Anse de la réserve.
En savoir plus :
> Le site d’Ephyra
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