En pleine course à la Région Sud, le candidat du Rassemblement écologique et social, Jean-Laurent Félizia (EELV), était mercredi 19 mai dans les locaux de Gomet’ pour répondre aux questions de la rédaction. Sur le nez, il porte un masque de la Région Sud. « On me l’a offert de manière un peu provocatrice, et je mes suis rendu compte qu’il avait été fabriqué à Paris. Pour un président de Région qui revendique une économie locale, ce n’est pas banal. J’ai trouvé cela assez cocasse, alors je l’ai gardé », nous glisse-t-il en souriant. Si ses idées gravitent principalement autour de valeurs progressistes et écologiques, cet architecte paysagiste natif de Brignoles ne fait pas l’impasse sur les thématiques sécuritaires et économiques. Placé dans les sondages derrière Renaud Muselier (LR) et Thierry Mariani (RN), le candidat Félizia ne tremble pas. Au contraire, il dit même ne pas envisager une troisième position le soir du premier tour. Les élections régionales auront lieu les 20 et 27 juin prochains.
Fin mars vous officialisiez votre candidature pour les régionales avec la liste « l’écologie qui nous ressemble ». Puis le nom change et devient « le rassemblement écologique et social ». Pourquoi est-ce que ce dernier patronyme correspond plus à vos convictions actuelles ?
Jean-Laurent Félizia : Il n’a pas à répondre à mes convictions. Il doit converger avec une dynamique qui s’est mis progressivement en place. Je ne suis pas en train de me faire élire. Je suis en train de porter à l’attention des électrices et des électeurs un projet dont le rassemblement porte essentiellement sur l’écologie et le social. Nous sommes passés par des étapes. On a commencé d’abord par rassembler la famille écologiste. Oui, on a connu une défection de dernière minute (ndlr : Cap Écologie, mouvement écolo-centriste présidé par Jean-Marc Governatori, s’est retiré quelques jours avant le dépôt des listes). Un choix que je laisse au principal acteur d’assumer comme il veut. Cela ne m’intéresse plus. Le pôle écologiste a vécu. C’est vrai, il s’appelait « L’écologie qui nous ressemble », mais notre stratégie était aussi de s’ouvrir aux partenaires de la gauche qui souhaitaient se rassembler derrière une tête de liste écologiste. Le « Rassemblement écologique est social » nous permet d’affirmer fièrement que c’est la première fois que tous ces partis politiques, leurs représentants et leurs citoyens engagés, forment une véritable offre politique. Une offre qui représente une alternative à ce duo RN-LR, dont les pensées de sont pas si éloignées que cela. Il faut sortir de cet espèce de monothéisme politique. Nous apportons des solutions à l’opposé de ce que Renaud Muselier prétend développer. Nous voulons servir les territoires et leurs citoyens sur les compétences qui sont celles d’une Région.
Je pense que nous allons être la surprise de ce premier tour […] Je ne fais aucun pronostic si ce n’est d’être second ou premier.
Jean-Laurent Félizia
Mais si vous arrivez troisième au soir du premier tour, derrière Renaud Muselier et Thierry Mariani, quelle serait votre décision ?
J.-L F : D’abord, je pense que nous allons être la surprise de ce premier tour. Nous nous battons pour être en première ou en deuxième position ce jour là. Mais si une décision est à prendre, je ne peux pas me porter garant de la prendre seul. Je suis un porte-voix. Même si je suis militant d’Europe Écologie les verts, je ne suis pas là pour représenter ce parti. Je me dois par loyauté et par collectivisme de porter également la parole de Génération.s, du Parti socialiste, du Parti communiste français. Donc cette décision, si nous avons à la prendre, nous la prendrons collectivement. Encore une fois, je ne fais aucun pronostic si ce n’est d’être second ou premier.
On reproche souvent aux partis progressistes d’être éloignée des problèmes de sécurité, qu’en pensez-vous ?
J-L F : J’irai samedi déposer une gerbe à l’endroit où le policier a été abattu par un jeune à Avignon. Je ne le fais pas parce que je veux récupérer ce message là, je le fais parce qu’effectivement on considère trop souvent que la gauche est éloignée des problèmes de sécurité. Le mot sécurité peut aujourd’hui être galvaudé au point de créer une confusion dialectique. Je suis attaché à l’autorité, celle des institutions. Ce dialogue entre droit et devoir. Je ne transigerai pas sur le glissement du mot sécurité, comme je ne transigerai pas sur l’autorité d’une Région ni celle de ses représentants.
En tant qu’écologiste, et en tant qu’architecte paysagiste, que pensez-vous du plan « un million d’arbres » lancé par la Région Sud ?
Plan 1 million d’arbres : « Il n’y a pas cette notion d’accompagnement dans la croissance de l’arbre »
Jean-Laurent Felizia
J-L F : Pour moi, c’est une action un peu démagogique, pour ne pas dire du “greenwashing”. Ce n’est pas parce qu’on dégage des gros budgets pour planter des arbres que la nature va faire son petit bout de chemin par la suite. Il aurait fallut dégager des budgets complémentaires. J’aurai préféré que l’on soit dans l’attitude de proposer un arbre dans la ville comme un enfant dans la ville. Il n’y a pas cette notion d’accompagnement dans la croissance de l’arbre. Ce n’est pas une réelle conviction d’apporter ces poumons verts, ces puits carbone, ces endroits de fraîcheur que les arbres procurent et dont nos villes et nos villages ont besoin.
Avez-vous le même discours sur le nouveau plan « Gardons une Cop d’avance » initié par la Région Sud lors de la dernière assemblée plénière ?
J-L F : C’est une intention qui n’est pas assez sincère pour être considérée comme un acte fort d’écologie avancée et appliquée sur l’ensemble du territoire de la région. J’en veux pour preuve cette apologie des récifs artificiels en Méditerranée pour première étape de prévention aux risques de submersions marines. Dans certains pays comme le Danemark et les Pays-Bas, les digues sont en train de lâcher. Nous en région Paca, ce qu’on trouve de mieux à faire c’est d’installer des big bag, vous savez ces sacs plastiques remplis de matériaux inertes. Lorsqu’en conseil municipal je m’insurge contre cette technique, on me dit que ces big bag sont fabriqués en plastique recyclé… Pourtant on est au courant de ce septième continent qui flotte, mais nous on rajoute encore des microparticules en Méditerranée. Je rappelle qu’une personne qui consomme régulièrement du poisson mange l’équivalent plastique d’une carte bancaire par an. Oui, les risques de submersions vont être de plus en plus fréquent, de plus en plus violent, mais on doit éviter les méthodes qui complexifient la situation. Peut-être vaut-il mieux travailler avec des matériaux recyclés, mais d’origine végétale.
Demain le second volet de notre entretien avec Jean-Laurent Félizia
« Un tourisme de qualité plutôt qu’un tourisme de masse » (2/2)
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