Marseille portée par sa jeunesse
La population de la Métropole atteint 1 889 666 habitants en 2018. Elle a gagné 40 600 habitants entre 2013 et 2018, soit une hausse de 2,1 % au total et de 0,4 % par an en moyenne. La croissance accélère donc comparée à la précédente période 2008 / 2013 où la hausse n’était que de 1,2 %. Cette progression est exclusivement liée au solde naturel qui augmente de 0,5 % par an ces cinq dernières années alors que le solde migratoire est quasiment nul. Sur Marseille, le solde migratoire est largement négatif à – 0,3 % mais il s’améliore comparé à la période 2008 / 2013 où il était de – 0,5 %. Le solde naturel reste stable et le principal moteur demeure la hausse des habitants avec + 0,6%. La doctorante en géographie Dieynaba Ndour, spécialiste de la démographie régionale au laboratoire méditerranéen de sociologie (Lames) d’Aix-Marseille Université et du CNRS y voit une dynamique très positive pour la ville. « Marseille reste une ville assez jeune et la vigueur de son solde naturel a une influence plus durable car ces enfants auront eux-mêmes des enfants dans les années à venir », analyse-t-elle. Au 1er janvier 2018, Marseille compte officiellement 868 277 habitants, soit une hausse de 1,5 % en cinq ans. Cette progression est d’autant plus remarquable qu’elle signe une forte accélération par rapport aux années précédentes où la croissance était plus faible avec + 0,46 %.
Aix-en-Provence est également sur une bonne dynamique. Alors que la ville avait perdu des habitants sur la période 2008 – 2013 (- 1%), elle repart avec une hausse de 1% retrouvant ainsi à peu près le même nombre d’habitants (143 097) qu’en 2008. Ici aussi, c’est le solde naturel qui porte essentiellement cette progression avec + 0,3%, mais ce dernier est tout de même en diminution par rapport à la période précédente, qui affichait + 0,4%. Les soldes migratoires négatifs des deux grandes villes du département s’explique par une fuite des actifs et des retraités vers l’arrière-pays.
Le succès des petites communes de la couronne
« Il y a beaucoup de mobilité interdépartementale, indique Isabelle Bloss-Widmer. Contrairement aux autres régions de France, les méditerranéens qui quittent leur ville ne vont pas très loin ». Selon sa collègue Dieynaba Ndour, ce phénomène s’explique notamment par une recherche de « qualité de vie supérieure, un besoin de nature » et également par « le coût élevé des logements dans les grandes villes, notamment à Aix-en-Provence ». Dans la grande couronne d’Aix-Marseille, la croissance démographique est beaucoup plus rapide que dans le pôle (+ 0,7 % par an). Elle est portée par ses excédents à la fois migratoire et naturel. Certaines petites communes de la zone ont connu une augmentation spectaculaire de leur population ces dix dernières années. La palme est détenue par Cabriès qui est passée de 8 435 habitants à 10 159, soit une hausse de plus de 20%.
Autour de l’Étang de Berre, la progression est encore plus impressionnante. Les zones de Miramas, Saint-Chamas et Saint-Martin de Crau enregistre des hausses de plus de 6% de leurs populations entre 2013 et 2018. Le record est décroché par Châteauneuf-les-Martigues avec un bond de 26,34%. La commune a gagné environ 6 000 habitants en dix ans passant de 11 500 à près de 17 500. Les politiques de logements semblent influencer fortement cette dynamique : « On note que les projets de création de logements à prix accessibles ont un effet bénéfique sur l’attractivité de nouveaux habitants », relève Isabelle Bloss-Widmer.
Le Pays d’Arles en perte de vitesse
À l’ouest du département, le pays d’Arles et la zone de Port-Saint-Louis-du-Rhône perdent pour leur part des habitants avec respectivement des baisses de 0,6% et 0,3%. Les Saintes-Marie de la Mer, par exemple, sont retombées en dessous de leur population de 2008. La tendance s’est lourdement inversée entre 2013 et 2018 avec une diminution de 3,6% alors qu’elle avait progressé de 2,5% sur les cinq années précédentes. C’est la plus forte baisse du département. Leur éloignement des deux grands pôles d’activité du territoire semble expliquer le phénomène : « La présence d’emplois disponibles reste le nerf de la guerre pour attirer les populations », rappelle Isabelle Bloss-Widmer.
Tout au Nord du département, la communauté d’agglomération Terres de Provence continue par contre de gagner des habitants. Entre 2008 et 2013, la progression était de plus de 5% et sur les cinq dernières années étudiées, elle reste à un bon niveau avec + 3,4%. Ici, le solde naturel (+ 0,3% par an) comme le solde migratoire (+ 0,4% par an) contribuent tous deux à ce dynamisme.
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