Le candidat de la liste “l’Écologie au centre” pour les élections régionales 2021 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Jean-Marc Governatori, s’est entretenu mercredi 16 juin avec la rédaction de Gomet’. Déçu par la composition de la liste écolo-progressiste menée par Jean-Laurent Félizia (EELV), il s’est détaché du Rassemblement écologique et social en mai dernier. Soutenu par le parti animaliste et par Cap écologie, qu’il co-préside avec Corinne Lepage, l’élu d’opposition niçois fait (presque) cavalier seul pour ces élections. Jean-Marc Governatori est crédité de 4% des intentions de votes d’après les derniers sondages. Mais l’ancien chef d’entreprise vise 5% des suffrages au premier tour. Un score pallier qui lui permettrait de jouer les faiseurs de roi au second tour d’une élection à suspense. Jean-Marc Governatori ambitionne sans tabou de fusionner, à ses conditions, avec la liste conduite par Renaud Muselier (LR), et d’engager « une vraie politique écologiste dans la région » en cas de victoire du président sortant.
Vous reprochez au Rassemblement écologique et social de Jean-Laurent Félizia d’avoir opté pour quatre têtes de liste de gauche et deux têtes de liste écologistes. Auriez-vous préféré que toutes les têtes de liste soient écologistes ?
Jean-Marc Governatori : J’acceptais deux têtes de liste de gauche et 25% des postes éligibles pour la gauche. Pas 60% comme propose la liste conduite par Jean-Laurent Félizia. Je n’ai rien contre la gauche, c’est le parti de Jean Jaurès que j’admire. Le communisme est un système parfait si les gens sont parfaits. Mais ce n’est pas le cas, donc ça ne marche pas. J’ai beaucoup lu, j’ai vraiment du fond. Je respecte ces idéologies, mais aujourd’hui le temps est venu pour l’écologie. On n’a pas à se polluer avec la droite et la gauche. Dans mon monde idéal, on faisait une liste Cap écologie, Génération écologie et EELV, on dépassait les 10% [au premier tour] et on était les maîtres à bord. On faisait ce qu’on voulait au second tour. Là ce qu’ils ont créé [EELV+PS+PC+Génération.s], c’est une impasse incroyable. Ayant fait une liste de gauche, ils sont infusionnables avec Renaud Muselier. Donc au final, en faisant une liste de gauche, ils ont renforcé Thierry Mariani. Si monsieur Félizia reste, il fait gagner le RN, et s’il se retire, il n’a aucun élu. Il fait semblant de croire qu’il va gagner, mais il sait très bien qu’il va perdre. C’est juste pas possible. Il ne faut pas faire une liste comme ça les enfants.
Votre principal ennemi dans ces élections, finalement, c’est Thierry Mariani ?
Jean-Marc Governatori : C’est l’homme à abattre. Je suis très choqué de la banalisation de la victoire de Thierry Mariani. Il représente un parti qui est national populiste, et je pèse mes mots. Être pour un parti national populiste, c’est être stupide ou malhonnête. Parti national, cela veut dire qu’ils sont nationalistes, ce sont leurs convictions, pas de soucis. Mais comment peut-on être nationaliste dans un monde où il n’y a que des géants ? Et sur le volet populiste, c’est de la démagogie. Ils racontent aux gens que ce qui leur arrive, ce n’est jamais de leur faute. C’est super grave pour un parti ultra médiatique d’entrer ainsi dans les consciences des gens. Nous, les écolos-centristes, on dit au contraire aux gens qui votent mal que c’est de leur faute. Les problèmes qui nous arrivent, ce n’est pas que de la faute à Macron. C’est aussi parce qu’on éduque mal, qu’on consomme mal et qu’on vote mal. Je sais très bien que je ne ferai pas 10%, donc je serai obligé de retirer ma candidature. Pour que je puisse suffisamment dynamiser Muselier, je dois faire au moins 5% au premier tour. J’espère que notre liste pourra compter sept conseillers régionaux à l’issue des élections.
Pourquoi les habitants de la région voteraient-ils pour vous, et pas directement pour Renaud Muselier ?
C’est hallucinant qu’il y ait à peine 100 000 emplois paysans en Paca.
Jean-Marc Governatori
Jean-Marc Governatori : Renaud Muselier n’est pas un écologiste. Il fait tout, mais un petit peu. Mon objectif, c’est qu’au terme du mandat à venir, on recycle 100% des déchets produits par les ménages et par les entreprises. Et chaque année, on évalue. L’économie circulaire contribue au plein emploi. La rénovation énergétique, il faut la faire en collaboration totale avec l’État et les élus locaux. Nous souhaitons isoler thermiquement 100 000 logements par an. Là aussi, cela créé de l’emploi, cela résout le problème de la précarité énergétique et cela réduit notre dépendance énergétique. Plus de 90% de l’énergie consommée par les habitants de la région vient de l’extérieur, et c’est pareil pour les aliments. On a un gros problème d’autonomie, et nous proposons de le résoudre. Nous devons reconstruire le tissu paysan. C’est hallucinant qu’il y ait à peine 100 000 emplois paysans en Paca. À Marseille, vous avez une autonomie de trois jours de bouffe. Donc s’il y a une grève des transporteurs, dans quatre jours vous crevez. Il faut faire une maison des semences dans chaque département, et multiplier les potagers urbains en utilisant un maximum de toits. Mais ça, monsieur Muselier, qui n’est pas écologiste et qui n’a pas cette culture paysanne, il ne le sait pas. Son dernier plan climat Gardons une Cop d’avance ? C’est du green washing. C’est pas son truc.