Quelle est votre approche sur les transports, l’une des grosses compétences de la Région ?
Je préfère qu’on donne de l’argent aux Amap plutôt qu’on en donne à la LGV
Jean-Marc Governatori
Jean-Marc Governatori : Là encore, on prouve notre pragmatisme. Le plus grand moyen de transport collectif, c’est la voiture. C’est un fait. Aujourd’hui, il y a plus de deux millions de voitures qui roulent en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le problème, c’est qu’elle roule avec 1,4 personne en moyenne. Dans le monde idéal, on est d’accord qu’il y a zéro voiture. Mais on n’est pas dans le monde idéal. Nous devons faire en sorte que ce chiffre passe à 2,4 personnes par véhicule. Je souhaite que dans les douze mois qui viennent, 50% des voitures qui roulent prennent une personne, je gagne un million de place assise, je réduis les bouchons, je réduits les pollutions et j’augmente le lien social. Il y en a ras-le-bol de l’individualisme et du chacun pour soi. Pour y arriver, il faut utiliser la pédagogie, mais aussi l’incitation. On pourrait imaginer que les personnes qui font du covoiturage ne payent pas le stationnement, qu’elles ne paient pas les péages, que si elles sont critère 3 elles passes à critère 2. La culture doit être le covoiturage. Sur les trains, je trouve que Renaud Muselier a fait du bon travail, 90% des trains sont à l’heure. En ce qui me concerne, je fais au moins 5000 kilomètres de train par mois, donc je sais de quoi je parle. C’est d’ailleurs très injuste qu’on critique la SNCF, c’est une boîte extraordinaire. Mais le train ne peut pas aller partout. Il faut multiplier les minibus dans les zones éloignées de tout. Desservir les coins et les recoins. Il y a plein d’endroits où le grand car est vide. Cela coûte cher, ça crée plus de microparticules et ça prend de la place. Je préfère qu’on donne de l’argent aux Amap (ndlr : association pour le maintien d’une agriculture paysanne) plutôt qu’on en donne à la LGV (ndlr : ligne à grande vitesse) contre laquelle je suis totalement opposée.
Si vous disposez de plusieurs sièges au conseil régional, quelles seraient vos solutions en matière d’économie et d’emploi ?
Jean-Marc Governatori : Ma mission c’est l’écologie, mon expertise c’est l’emploi. Ce que ne disent pas ces ignorants du RN c’est que la problématique de l’emploi est la première raison de l’insécurité des biens et des personnes. Eux se satisfont en disant : « on va rajouter des agents de sécurité ». Ils ont raison, il faut des agents de sécurité, mais c’est vraiment très partiel. Je rappelle que 70% des personnes emprisonnées n’avaient pas d’emploi lors de leur premier délit. On peut créer le plein emploi en région Provence-Alpes-Côte d’Azur par quatre biais que la Région est en mesure d’aider. Cela peut être par le fait de devenir l’actionnaire partiel de l’entreprise, par des prêts, par des subventions ou par un fond financier coopératif abondé par les habitants, par les entreprises et par la Région. Quatre secteurs vont conduire la région au plein emploi. L’économie circulaire, la rénovation énergétique, les énergies renouvelables et les fermes paysannes. C’est la recette du plein emploi.
Le tourisme ne peut-il pas contribuer lui aussi au plein emploi dans la région ?
On va faire en sorte que dans les quartiers et dans les immeubles, les gens prennent le temps d’échanger leur temps, leurs biens et leurs compétences.
Jean-Marc Governatori
Jean-Marc Governatori : Nous, écologistes, ne sommes pas anti-touristes. On veut une région qui soit reconnue pour sa qualité de vie. Mais pas seulement. Pour la qualité de l’air, pour la qualité de l’eau, pour sa terre fertile… On veut également développer un système d’échanges locaux (ndlr : SEL). Les gens ne savent pas ce que c’est mais c’est un outil fabuleux qui coûte zéro. On va faire en sorte que dans les quartiers et dans les immeubles, les gens prennent le temps d’échanger leur temps, leurs biens et leurs compétences. En France, il y a 500 SEL, une trentaine dans notre région. Elles ne fonctionnent pas très bien, parce que pas accompagnées par les pouvoirs publics. La Provence-Alpes-Côte d’Azur doit devenir un immense SEL, avec plein de petits SEL partout. Donc on respecte la terre, on respecte l’eau, on respecte l’air, on donne la priorité aux transports collectifs. Il faut une charte pour expliquer aux touristes qu’ils sont bienvenus, mais qu’on attend de leur part une attitude particulière quant à l’éco-responsabilité. Contrairement à ce que pense certains, cela n’est pas un repoussoir, ça va être attractif. L’expérience économique montre que ce qui marche c’est la qualité, et donc en matière de tourisme, on va faire de la qualité. C’est le même soucis que pour l’agriculture bio, il faut la développer. Si on parvient à faire de la France un pays bio, ça va être super attractif. Si on arrive à mettre le paquet sur l’agriculture bio, et que l’image de la France ce soit l’agriculture bio, on aura tout gagné. Aujourd’hui le contenu de l’assiette c’est n’importe quoi. En quantité et en qualité. Je veux que l’agriculture bio devienne une marque de la région.
Quelle est votre politique en matière d’urbanisme ?
Je veux que la Région ne se concentre pas sur la construction ou la destruction, mais sur l’existant.
Jean-Marc Governatori
Jean-Marc Governatori : On ne construit rien. Quand vous construisez, en général c’est sur une terre fertile. Chaque fois que vous construisez, vous consommez toujours plus d’énergie parce que vous éclairez ce que vous construisez. Je rappelle que le dérèglement climatique est une réalité. En construisant, vous volez de l’eau et des terres fertiles à vos enfants. Construire c’est un acte très grave, détruire, c’est un acte très grave. Il faut apprendre à faire avec l’existant. 14% des logements de la région sont vacants. Quand on me dit qu’il faut construire des lycées, je dis qu’il faut d’abord regarder la démographie. Quand le bâtiment va, il y a beaucoup de choses qui vont. Le bâtiment doit s’impliquer dans le solaire, dans l’éolien, dans la récupération des urines et des défécations. Je veux que la Région ne se concentre pas sur la construction ou la destruction, mais sur l’existant. On répare, on répare, on répare. C’est un acte fabuleux et écologiste.
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