Quand Gaston Defferre s’effondre, victime d’une commotion cérébrale, en mai 1986, il est transporté à l’hôpital de la Timone, où il mourra peu de temps plus tard. Un de ses adjoints, peu connu à l’époque sur la scène politique, est neurochirurgien, et lui prodigue les soins ultimes.
Réputé dès lors avoir exploré le cerveau du disparu, et peut-être compris ses secrets, Robert Vigouroux deviendra maire de Marseille, au grand dam de quelques héritiers, qui pensaient leur heure venue, comme Messieurs Pezet ou Sanmarco. Au terme de ce premier mandat de trois ans, (1986-1989), ce médecin réputé, mal vu des appareils politiques, triomphera aux municipales de 1989, en gagnant les huit mairies de secteur sous son image de rassembleur.
Taiseux
Peu bavard, mais accompagné d’une des plus belles femmes de Provence, Marilyne, le 47e maire lancera le projet Euromed entre les Docks de la Joliette, le port et la gare Saint-Charles. Il est aussi à l’origine du Dôme de Saint-Just et autres grands équipements marseillais, tel le palais des sports. Toujours peu soutenu par les partis traditionnels, secoué par les menées locales de Bernard Tapie, il renonce à la bataille de 1995, qui verra l’irruption d’un successeur nommé Gaudin.
Depuis, l’ancien édile, grand amateur de cigarillo, se consacrait à la peinture et à l’écriture. Curieusement, cet homme de gauche préfèrait Édouard Balladur à Lionel Jospin. Mais soutiendra Ségolène Royal face à Nicolas Sarkozy.
En mars dernier, Robert Vigouroux fêtait son 94e anniversaire, le cheveu toujours bouclé, mais de plus en plus sel, de moins en moins poivre.
Réaction de Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, député européen. « Un grand homme vient de s’éteindre. Neurochirurgien de dimension internationale, il a contribué fortement à la renommée de l’école de neurochirurgie marseillaise. Maire constructeur de Marseille, il a su casser les clivages, imaginer EuroMéditerranée, sortir du clientélisme. Ami de ma famille, Robert-Paul Vigouroux restera pour moi un maître intransigeant, un chirurgien hors-pair, un maire visionnaire, un homme ouvert et tolérant, très cultivé. J’espère que l’histoire ne l’oubliera pas car son action ne peut être effacée. Son travail doit être reconnu comme efficace et pragmatique pour Marseille. Il a imaginé le grand Marseille, une partie de son rêve se réalise aujourd’hui, pour notre belle ville et sa Métropole. Merci Monsieur. »