« Accueil, fierté et fraternité : ce sont les trois valeurs qui définissent la Bonne Mère et qui font que les Marseillais lui sont si attachés », décrit le cardinal Jean-Marc Aveline, par ailleurs archevêque de Marseille. Alors que Notre-Dame-de-la-Garde s’apprête à être restaurée, le diocèse compte justement sur l’attachement des Marseillais à leur Bonne Mère pour l’aider à financer cette restauration qui débutera en septembre 2024 pour s’achever courant 2025.
Après une année chargée, marquée par la venue du Pape en septembre 2023 et le passage de la flamme olympique le 9 mai dernier, le diocèse de Marseille, propriétaire des lieux, profite d’une accalmie pour engager des travaux de rénovation. Lors d’une conférence de presse mardi 13 mai, les responsables du diocèse ont annoncé le lancement prochain d’une campagne de dons pour financer ce chantier. Coût global du projet : 2,47 millions d’euros, dont 1,3 million pour la rénovation de la statue qui surplombe la basilique, ainsi que la cité phocéenne.
L’effigie de la Vierge à l’enfant a été mise à rude épreuve par le temps, mais aussi les conditions climatiques et la brise marine. De loin, elle semble ne rien avoir perdu de son éclat, mais à y regarder de plus près, sur les images projetées par l’architecte Xavier David, on aperçoit de nombreuses petites taches qui viennent ternir les feuilles d’or (voir ci-dessous). De fait, la dernière redorure de la statue remonte à 1989 et a perduré une trentaine d’années. « Avec les innovations techniques d’aujourd’hui, qui permettent surtout de mieux contrôler les conditions atmosphériques, nous espérons prolonger cette tenue pendant cinquante à soixante ans », confie l’architecte. Cette opération de dorure se déroulera dans une seconde partie du chantier, de mars à mai 2025. Lors de la dernière restauration, ce sont 30 000 feuilles d’or de 23,5 carats, soit un total de 510 grammes d’or, qui ont été utilisées pour redonner son éclat à la structure.
Bio-consolidation et éclairage Led pour rénover Notre-Dame-de-la-Garde
Avec ses dix mètres de hauteur, la Bonne Mère est « la plus grande statue fabriquée selon la technique de galvanoplastie », poursuit Xavier David. Il s’agit d’une technique permettant de déposer une couche de métal sur une structure par l’électrolyse. Une méthodologie au sujet de laquelle Eugène Viollet-Leduc, architecte célèbre de la flèche de Notre-Dame-de-Paris, avait émis des réserves à l’époque, estimant que les matériaux résisteraient moins bien au temps. Cent cinquante ans plus tard, l’histoire lui a donné tort… Ce qui n’empêche pas l’usure de la statue. En effet, outre la surface dorée, la statue doit faire l’objet d’une restauration totale : car sous les feuilles d’or, elle se compose avant tout de cuivre, d’acier et même de pierre.
Hormis la statue, d’autres parties de la basilique doivent être revues : la façade, qui doit être enduite d’hydrofuge, mais aussi le clocher et la terrasse des anges, dont les statues ont également subi les outrages du temps. Pour rénover les anges, le diocèse s’est entouré d’experts et veut tester une technique expérimentale de bio-consolidation, qui consiste à utiliser des bactéries vivantes qui, une fois mortes, vont produire de la calcite, et donc reformer la pierre. Cette même technique sera également utilisée pour restaurer le campanile de pierre à l’intérieur de la Bonne Mère. Enfin, le diocèse souhaite revoir tout l’éclairage à l’intérieur de la basilique pour le faire passer au Led, dans une logique de sobriété énergétique. Pour ce qui est de l’accessibilité à la basilique durant les travaux, elle ne devrait pas être entravée. Seul l’accès à certaines portions à rénover, par exemple la terrasse des anges, sera empêché durant la période des travaux.
Notre-Dame-de-la-Garde bientôt inscrite au titre des monuments historiques ?
Qui l’eût cru ? La Bonne Mère n’est pas classée comme monument historique … Un état de fait qui, bien que conditionné à avis de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture, reflète une volonté du diocèse, affirme le père Xavier Manzano : « Le diocèse est propriétaire des lieux, nous avons une certaine liberté, notamment pour l’accueil du public, qui ne serait pas possible si elle était classée monument historique. » Des discussions seraient cependant en cours pour l’inscription de la basilique, un régime de protection moins contraignant que le classement.
En attendant, la basilique a été choisie (de même que la villa et les jardins Ephrussi à Saint-Jean Cap Ferrat) pour représenter la région Provence-Alpes-Côte d’azur dans l’émission de France télévisions « Le monument préféré des Français » dont la quatrième édition sera diffusée à la rentrée 2024. Notre-Dame-de-la-Garde s’est en outre vue décerner une troisième étoile par le guide Michelin. De quoi accélérer le processus d’inscription ?
CMA CGM promet son soutien financier au diocèse
Le coût total de ce chantier se chiffre donc à 2,47 millions d’euros. Si le diocèse compte beaucoup sur les dons des Marseillais, le mécénat devrait également lui apporter un coup de pouce salutaire. « Nous avons déjà l’assurance du soutien du groupe CMA CGM », affirme ainsi Edouard Detaille, responsable mécénat du diocèse, qui n’en dit pas plus sur le montant promis par l’armateur marseillais.
Une aide qui, dit-il, « s’inscrit dans la continuité des événements récents », CMA CGM ayant déjà soutenu financièrement, de même que d’autres entreprises, le diocèse lors des Rencontres méditerranéennes en septembre 2023, qui ont permis d’accueillir le pape pour une messe au stade Vélodrome.
Afin d’inciter à investir, le diocèse prévoit l’organisation de « dîners des mécènes » au sein de l’édifice religieux. Concernant les dons, les particuliers pourront participer via une plateforme de financement participatif en ligne mais aussi chez des commerçants partenaires, en arrondissant leurs paiement à l’euro près.
Côté financements publics, les collectivités, impliquées à 50% lors de précédentes rénovations, n’ont pas encore été sollicitées, poursuit Edouard Detaille. Ces dernières étaient pourtant engagées en amont des précédentes rénovations de la basilique. « Lancer ce chantier sans avoir tous les financements, c’est certes un acte audacieux, qui relève de la foi et de la confiance. Nous sommes pour l’heure assez confiants », explique Edouard Detaille.
Si les travaux doivent démarrer en septembre, la campagne de dons, elle, n’a pas de date butoir et pourra se prolonger dans le temps. Il sera bientôt possible donner via le site jesoutienslabonnemere.com. Les dons sont directement reversés à l’association diocésaine de Marseille. Une fois la campagne clôturée, le diocèse souhaite rendre hommage à tous les donateurs en inscrivant leur nom aux pieds d’un ex-voto, « quel que soit le montant investi », promet le cardinal Aveline.
En savoir plus :
> Le site du diocèse de Marseille
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