Une réunion s’est tenue vendredi 27 septembre en Préfecture pour un point d’étape dans la création d’une ligne très haute tension (400 000 volts) ralliant la zone de Fos-sur-Mer au poste de Jonquières Saint-Vincent (Gard). Pour autant, même si la phase de concertation préalable vient de s’achever, cela ne signifie pas que le dialogue est clos. Au contraire, insiste Christophe Mirmand, « la concertation se poursuit ».
Ainsi, le représentant de l’Etat a émis plusieurs conditions auprès de RTE, l’opérateur du réseau de transport électrique, pour la poursuite du projet : il demande notamment la conduite d’expertises complémentaires et indépendantes sur la possibilité d’enfouissement de la ligne – « une question récurrente durant la concertation », écartée par RTE pour des questions de coût mais aussi de faisabilité.
Le préfet demande également une expertise pour réévaluer les besoin en électricité. « L’inscription de la déclaration d’utilité publique dépendra du suivi de ces deux conditions, qui devront être engagées sous trois mois » assène Christophe Mirmand devant les dirigeants de RTE.
Ligne très haute tension : un tracé « de moindre impact » pour ne pas dégrader le paysage
Le préfet Christophe Mirmand et les équipes de RTE, l’opérateur, ont apporté des précisions sur le tracé par lequel passera la future ligne, objet d’inquiétudes de la part de riverains. Ce « fuseau de moindre impact » doit en effet limiter les effets environnementaux, agricoles ou encore touristiques de la future ligne aérienne. Ce tracé (voir le schéma ci-dessous) est encore appelé à s’affiner.
Ainsi, selon les projets de RTE, la future ligne passera au sud par le terre plein de la RN568 pour limiter l’impact sur la nature et les habitations. Elle passera néanmoins au nord de la réserve de Camargue. Au nord de la ligne, du côté du Gard, elle rejoindra une ligne déjà existante. Par ailleurs RTE envisage l’enfouissement de certaines portions de ligne moyenne tension et promet la mise en place d’un système d’indemnisation du préjudice pour les personnes impactées par la ligne. Des garanties qui ne semblent pas rassurer le collectif de riverains qui s’est monté – le collectif Stop THT – présent aux abords de la préfecture durant la réunion.
Le choix du parcours : les explications
« Depuis le poste de Feuillane (à Fos), le fuseau s’insère dans le terre-plein central de la RN568 séparant la plaine de la Crau à l’est et les marais de la Camargue à l’ouest. Il contourne cet ensemble marécageux par le nord et traverse le Rhône dans un espace agricole peu habité et hors de la zone d’écopage. Le fuseau reste à l’écart de la ville d’Arles et de son patrimoine réputé mondialement. Il se situe loin des Alpilles et de l’Abbaye de Fontvieille qui domine la plaine. Le fuseau remonte vers le nord en direction du poste de Jonquières en s’appuyant autant que possible sur des lignes électriques aériennes existantes, tant dans la plaine du Rhône que sur le plateau des Costières. Le fuseau s’écarte des principales agglomérations que sont Bellegarde, Beaucaire et Tarascon. C’est à l’intérieur de ce fuseau que sera défini le tracé de la ligne 400 000 volts à construire.» Préfecture et RTE
Une enquête publique en 2025
La réserve du préfet s’ajoutant à cela, le projet pourrait-il rétropédaler ? Interrogé, le préfet répond : « Il ne dépend pas de moi de dire si le projet va se poursuivre ou non. Le mandat qui m’a été donné est de mener la concertation à bien. Ce qui est certain, c’est que la décision de décarbonation ne pourra pas intervenir dans dix ans. Mais il y a des oppositions qui doivent êtres prises en compte. » Il rappelle néanmoins le caractère « vital » du projet pour le territoire. Afin de poursuivre le dialogue, préfet prévoit de saisir le président de la Commission nationale du débat public (CNDP). Une enquête publique doit par ailleurs débuter en 2025.
Les besoins électriques dans la région, on en parle lors du 1er forum Nos énergies en question(s)
organisé par Gomet’ est ses partenaires. Programme et inscription
De fait, la décarbonation des industries déjà existantes sur la zone de Fos et celles qui ont prévu de s’implanter mobilisera une forte hausse de la demande électrique dans le futur. Ainsi sur les 400 000 volts de la future ligne, précise le délégué régional RTE Gilles Odone (qui présentera un panorama des besoins électriques lors du forum Nos énergies en question(s) mercredi 2 octobre), les trois-quarts seront orientées vers l’industrie, le reste (0,9 gigawatts) étant pour l’heure destiné aux besoins particuliers, la mobilité électrique ou encore le raccordement à quai des navires. Selon le calendrier prévisionnel de RTE, les travaux devraient démarrer en 2027, pour une mise en service en 2028.
En savoir plus :
> Plus d’informations sur le site de RTE
> Ligne très haute tension à Fos : face aux inquiétudes, RTE ajuste son projet
> Ligne à très haute tension RTE : fin de la concertation préalable du public
> RTE lance la concertation sur la ligne électrique aérienne de 400 000 volts entre le Gard et Fos
> Les projets industriels à Fos – Gomet