La nouvelle union populaire écologiste et sociale (NUPES) n’a pas été d’une grande générosité avec le Parti communiste dans les Bouches-du-Rhône. Le PC n’obtient le leadership que dans une seule circonscription, la XIIIe, celle du seul député sortant communiste Pierre Dharréville. Et quel recul pour un parti qui fut après la Libération le premier parti des Bouches-du-Rhône, un parti qui tenait la ceinture rouge de Marseille : La Ciotat, Aubagne, Gardanne, Martigues plus à Marseille intra muros, des quartiers populaires emblématiques comme celui de Menpenti (10e), puis le dernier refuge communiste, le quartier de Guédiguian, le 15/16. D’élections en élections, le Parti communiste n’a fait qu’avancer en marche arrière.
Reste donc le dernier bastion : la XIIIe circonscription qui regroupe Martigues, Istres sud (Istres nord dépend de la 16e) , Fos-sur-Mer, Port-Saint-Louis-du-Rhône et Port-de-Bouc. Les deux grandes villes, Martigues la communiste, et Istres tenue par François Bernardini qui fut au siècle dernier, (1990-2000) l’homme fort socialiste des Bouches-du-Rhône, bénéficient de budgets généreux : les grandes entreprises de la pétrochimie et de la sidérurgie nourrissent de leurs taxes les municipalités ; le clientélisme y a été souvent dénoncé et des affaires ont éclaboussé depuis très longtemps Istres et puis plus récemment Martigues. Port-Saint-Louis-du-Rhône a quitté le giron communiste et Port de Bouc avec Laurent Bersola est restée communiste. .
Montée du RN lors de la présidentielle
Le FN puis le RN grignotent une portion d’électeurs à chaque scrutin et font des scores puissants et s’implantent sur le territoire en faisant émerger des nouveaux élus. Aux dernières présidentielles Marine Le Pen séduit au premier tour, 21 910 électeurs soit 32,5 % des voix et surtout, elle performe à 58,6 % des voix et 35 324 bulletins au second tour, écrasant Emmanuel Macron qui plafonne à 41,4 %.
Impossible pourtant de se projeter à partir de l’histoire municipale ou du scrutin présidentiel sur le devenir de cette circonscription. Pierre Dharréville, est un personnage atypique, il a une trajectoire de “catho coco” assumée : il a été permanent de la Jeunesse ouvrière chrétienne, il a fait ses premières armes de journaliste dans la presse catholique. Journaliste, écrivain, amateur de BD, musicien, il cultive à la fois la proximité avec les élus communistes, il est conseiller municipal et son suppléant fut le maire de Martigues, il a été secrétaire fédéral du PC 13 et la distance avec une liberté de propos revendiquée. Pour asseoir sa légitimité, il a choisi comme suppléante Magali Giorgetti, assistante sociale et dont le frère fut pendant 43 ans, premier adjoint de la ville
Face à lui, la majorité présidentielle, Ensemble a choisi le candidat du Modem, ancien de Larem, Thierry Boissin et sa suppléante Emmanuelle Taupin-Mayer. Thierry Boissin est bien connu à Martigues ; équithérapeute de profession, il est un élu d’opposition au maire actuel et porte le fer en séance sur les affaires de la société d’économie mixte de la ville la Semivim dont le maire Gaby Charroux a couvert trop longtemps les turpitudes : la directrice du patrimoine et son compagnon ont été placés en détention et soupçonnés de “corruption passive, favoritisme et prise illégale d’intérêts”. L’investissement de la municipalité dans une société d’économie mixte de communication bien connue par sa radio et sa télévision Maritima, font aussi l’objet de débats. La société était jusqu’au Covid à l’équilibre, elle a perdu depuis beaucoup d’argent et le Conseil municipal a voté en 2022 une subvention très discutée de 278 000 €.
La droite républicaine, après le score calamiteux de LR aux présidentielles, ne se risque pas dans une campagne vigoureuse. Jean-Luc Di Maria, le leader local, lui aussi opposant à Gaby Charroux au conseil municipal avait été officiellement investi par les Républicains. Puis réflexion faite il a refusé cette investiture au prétexte a-t-il déclaré dans la Provence : “Comme pour la présidentielle, l’issue de ce scrutin paraît déjà annoncée.” C’est donc Isabelle Rouby élue d’opposition à Fos-sur-Mer qui porte les couleurs défraîchies de LR.
Le Rassemblement national présente Emmanuel Fouquart, conseiller municipal de Martigues, conseiller régional, retraité de la marine nationale et de la gendarmerie nationale, courtier financier, engagé au RN à Martigues depuis 2013. Candidat antiéolien, il compte bien capitaliser sur le score de Marine Le Pen dans la circonscription et voit dans le scrutin de juin un 3e tour prometteur. La présence d’un candidat des Patriotes et un autre de Reconquête affaibliront le score de premier tour du RN et peuvent l’empêcher de franchir la barre fatidique de 25 % des inscrits. Les trois blocs regroupés autour de Mélenchon, Le Pen et Macron, partent chacun avec des atouts et des handicaps substantiels : l’élection reste donc ouverte.
Les candidats et leurs suppléants
- Villecourt-Gil Christiane et Vassero Thomas (Reconquête)
- Pierre Dharréville (député sortant) et Magali Giorgetti (Parti communiste français-nupes)
- Stéphanie Busson et Mathieu Mistral (Les patriotes)
- Marie Mainville et Myriam Martinez (Parti animaliste)
- Emmanuel Fouquart et Gisèle Gonzalez (Rassemblement national)
- Olivia Franzi et Yunes Labiad (Divers écologistes)
- Joël-Pierre Chevreux et Thierry Perbal (Divers écologistes)
- Francis Lopez (Divers)
- Isabelle Rouby et Michèle Leban (Les républicains)
- Cyril Métral et Amel Gherbi (Lutte ouvrière)
- Thierry Boissin et Emmanuelle Taupin-Mayer (Modem – Ensemble)
Les résultats des législatives 2017 dans la 13e circonscription
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