C’est une visite destinée à remonter le moral des troupes, après la débâcle de l’élection présidentielle. Tel un général, le patron des Républicains Christian Jacob a fait le déplacement à Marseille ce mardi 17 mai pour lancer la bataille des législatives, entouré des candidats investis dans les seize circonscriptions des Bouches-du-Rhône. Une façon, également, de tester la mobilisation des militants : devant le nouveau local de campagne de Didier Réault, investi par le parti dans la sixième circonscription, ils étaient bien une centaine de militants massés dans l’attente du « big boss ». Pourtant, tous ne semblent pas emballés par cette venue : « Sa personnalité ne fait pas consensus, si l’on en croit les remontées du terrain. Et puis, on peine encore à digérer le choix de Valérie Pécresse (qui a fait un score en dessous de 5% des voix, ndrl) pour la présidentielle … », souffle une militante, qui n’a d’ailleurs pas renouvelé sa carte au sein du parti et préfère poursuivre son engagement au niveau local.
La 6e circonscription, un lieu symbolique pour LR
Le lieu choisi pour cette venue n’est pas non plus anodin. Dans cette circonscription, c’est un combat fratricide qui se prépare : Didier Réault aura en effet à affronter son ex-collègue LR Lionel Royer-Perreaut, accessoirement maire du 9-10, qui a rallié les rangs de la majorité présidentielle, dans la foulée de Renaud Muselier et Martine Vassal. Pourtant, dans les rangs LR, on nie toute inquiétude face à cette situation : « Ne voyez pas dans le choix de ce lieu une quelconque signification : nous l’avons choisi car cette visite est organisée à l’initiative de Guy Teissier (député sortant de la 6e circo, ndlr). De plus, nous attendons encore de trouver un QG départemental », soutient Stéphane Le Rudulier, qui a pris la tête de la fédération des Bouches-du-Rhône suite à la défection de Martine Vassal (voir notre article sur son soutien à Emmanuel Macron).
Questionnés sur ces départs successifs, les cadres de LR affichent un front uni : « Nous avons fait signer à chaque candidat une charte de la clarté et de l’indépendance. Si elle n’est pas respectée, l’investiture LR sera retirée », précise aussi Christian Jacob, interrogé sur le spectre d’un accord entre Renaissance et le député sortant de la 12e circonscription Eric Diard, où aucun candidat de la liste Ensemble n’est investi. Sylvain Souvestre, maire du 11/12 qui, à quelques heures de la venue de Christian Jacob, a annoncé à nos confrères de La Marseillaise faire campagne pour la candidate de la liste Ensemble, Sabrina Roubache, qui se présente face à la LR Sarah Boualem dans la 1ère circonscription. Le président de la fédération nationale élude la question : « La loyauté au parti compte pour nos électeurs », balaie-t-il.
Didier Réault, pour sa part, affirme avoir reçu le soutien de la présidente de la Métropole. « Martine Vassal a assuré qu’elle soutiendrait les candidats qu’elle a elle-même choisis pour l’investiture » renchérit Stéphane Le Rudulier. Une hypothèse surprenante, d’autant que Martine Vassal avait choisi Lionel Royer-Perreaut comme colistier lors des élections départementales de 2021.
« Une droite libérale, sociale et de proximité »
Au cours d’une conférence de presse, le président du parti a détaillé les grandes lignes de la stratégie des candidats pour les trois semaines de campagne restantes. « Proximité », tel est le maître-mot qui guide cette stratégie. En effet, Les Républicains comptent sur l’aspect local du scrutin pour mobiliser les électeurs, dans un climat d’abstention croissante : « Nous allons chercher les voix avec les dents » illustre Guy Teissier, paraphrasant une formule de Jacques Chirac. « Ce n’est pas une nouvelle élection présidentielle qui se joue, mais une élection pour représenter chacun des 577 territoires de la République. Or, nous disposons d’un fort ancrage dans ces territoires, contrairement aux élus Renaissance » détaille Christian Jacob, interrogé par Gomet’, qui ajoute que « 75% des collectivités locales sont représentées par les Républicains ». Guy Teissier comme Didier Réault, pour leur part, dénoncent « la technocratie qui guide la macronie » : « c’est un pouvoir absolu donné à l’Administration. Or, ce n’est pas ce dont les Français ont besoin », martèlent-ils.
Une technocratie et un penchant de plus en plus à gauche qui, selon eux, se traduit dans le choix de la nouvelle Première ministre Elisabeth Borne : « Ceux qui voteront pour Renaissance doivent être conscients qu’ils se rangent derrière une première ministre ex-conseillère de Lionel Jospin (Premier ministre socialiste de 1997 à 2002, ndlr) et directrice de cabinet de Ségolène Royal (ministre de l’Ecologie sous François Hollande, ndlr) », rappelle le patron des Républicains, adressant ainsi un message implicite aux membres de son parti qui pourraient être tentés par la macronie. A contrario, Guy Teissier taxe de « politiquement nul » le choix d’Emmanuel Macron, soulignant pour sa part que « Madame Borne ne convient ni à la gauche qui ne se reconnaît pas dans sa politique, ni à la droite ».
Pour se démarquer dans cette élection, le parti des Républicains semble aussi vouloir réaffirmer sa ligne gaulliste et son ancrage à droite, quelque peu estompé par la présence de deux partis encore plus droitier, le Rassemblement national et Reconquête : « Nous ne sommes fongibles ni dans le lepénisme ni dans le macronisme. Nous voulons défendre une droite libérale et sociale, au sens gaulliste du terme, c’est-à-dire équitable », réaffirme Christian Jacob. Pouvoir d’achat, sécurité, immigration, des thématiques chères à la droite, devraient ainsi être au cœur des discours.
A l’approche de l’échéance électorale, Les Républicains semblent vouloir sauver le navire. Toutefois, évoquant une réunion du groupe parlementaire organisée le matin du 17 mai à Paris, Guy Teissier parle pour sa part de « bal des faux-culs », laissant transparaître à demi-mots les divisions qui règnent en ce moment au sein du parti au niveau national. Christian Jacob, qui ne brigue pas un nouveau mandat de député en Seine-et-Marne, pourrait d’ailleurs laisser prochainement vacant le siège de patron du parti.
[Vidéo] Christian Jacob explique les raisons de sa venue à Marseille
Liens utiles :
> En pleine campagne présidentielle, LR dévoile ses investitures pour les législatives 2022
> [Législatives] Stéphane Le Rudulier : « Des candidats LR dans les 16 circonscriptions du 13 »
> Présidentielle (J-4) : Les Républicains face aux vents contraires
> Malgré les départs, le parti Les Républicains entame sa restructuration