Aujourd’hui, quatrième et dernier volet des extraits de l’échange tenu vendredi 3 janvier entre Christophe Mirmand, qui le jour même devait être nommé dans de nouvelles missions (directeur de cabinet de Manuel Valls, le ministre des Outre-Mer) et quelques médias (dont Gomet’) invités à partager le bilan de quatre ans et demi d’actions dans les Bouches-du-Rhône et la région Provence Alpes Côte d’Azur.
L’ancienne secrétaire d’Etat Sabrina Agresti-Roubache avait annoncé la création d’une zone franche dans le centre-ville. Ce projet est-il toujours d’actualité ?
Christophe Mirmand : La question d’une compensation d’une éventuelle délocalisation vers le nord des activités judiciaires, qui quitteraient le site historique de la place Monthyon pour aller vers Euroméditerranée, selon l’arbitrage qui avait été rendu par l’ancien garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti, a été posée, notamment par les acteurs économiques, afin d’éviter une baisse de chalandise pour les restaurateurs et commerçants de l’hypercentre. Un travail est en cours avec la CCI, les collectivités, les acteurs économiques. La difficulté est de savoir quels seraient les effets, si effets il y a, d’une nouvelle installation des services judiciaires à l’horizon 2031. Six années à l’avance, c’est un peu difficile de dire que cette solution de la zone franche urbaine est forcément la réponse appropriée. Elle est un outil qu’il faut étudier, un moyen qu’il faut envisager, mais les problèmes de l’hypercentre ne sont pas liés à ce projet ni même à la crise du Covid. L’évolution de la demande des consommateurs, la création par exemple des Terrasses du port a entraîné sans doute un glissement de l’offre commerciale vers cet équipement. C’est vrai que le commerce du centre-ville a besoin d’être réhabilité. Les difficultés que connait aujourd’hui le Centre Bourse témoigne de cet enjeu de trouver une solution. L’Etat a demandé à l’Adam de faire une étude pour prendre en compte les propositions de redynamisation du centre-ville qui pourraient être portées.
Concernant le transfert de la cité judiciaire, un travail est toujours en cours avec l’agence en charge du projet, l’Apij (agence pour l’immobilier de la justice, ndlr), pour définir les besoins d’un programme immobilier qui sera localisé sur le site voisin de Sogaris. Il reste bien évidemment à confirmer l’enveloppe financière du projet, environ 350 millions d’euros. Ce travail doit se poursuivre encore un certain temps avant d’arriver au lancement d’un appel d’offres, d’abord pour la maîtrise d’œuvre puis pour les travaux qui devront permettre une livraison en 2031 si le calendrier est respecté. L’actuel garde des Sceaux (Gérald Darmanin, en visite à Marseille jeudi 2 janvier, NDLR), interrogé par des journalistes sur ce dossier, a considéré qu’il n’avait pas suffisamment d’éléments pour engager l’Etat et le gouvernement.
D’autres solutions ont été avancées pour la cité judiciaire, notamment par la CCI Aix-Marseille Provence…
Christophe Mirmand : la Chambre de commerce et d’industrie, semble-t-il, veut en quelque sorte faire coup double. A la fois régler les problèmes du Centre Bourse et maintenir dans l’hypercentre la cité judiciaire. A date, il n’y a pas de proposition qui était clairement formulée. Je suis un tout petit peu interrogatif sur le fait que l’immeuble du Centre Bourse, qui représente, certes, une surface totale d’environ 40000 mètres carrés, puisse correspondre aux besoins d’une future cité judiciaire. C’est un bâtiment de grande largeur, avec des murs aveugles et peu de visibilité sur la rue.
Un autre projet a été évoquée par l’ancienne secrétaire d’Etat à la Ville : l’extension d’Euroméditerranée pour la production de logements sociaux…
Christophe Mirmand : il y avait deux aspects dans cette étude que Madame Agresti-Roubache avait souhaité. Le premier était lié à la maîtrise d’ouvrage d’un certain nombre de projets du NPRU (Nouveau programme de rénovation urbaine, ndlr) qui n’avaient pas été attribués par la Métropole. Nous étions à l’époque en juin 2023. La secrétaire d’Etat souhaitait savoir si l’EPA Euroméditerranée pouvait, le cas échéant, assumer cette maîtrise d’ouvrage. La question était donc de savoir si le champ d’intervention de l’EPA pouvait être étendu et à quelle échéance. Est-ce qu’Euroméditerranée peut avoir comme vocation d’être opérateur, en dehors de son périmètre, d’autres opérations ? Aujourd’hui, nous avons la superposition d’une part d’une OIN (Opération d’interêt national), ce qui signifie le transfert à l’Etat d’un certain nombre de responsabilités qui sont normalement dévolues à la mairie, et d’autre part le périmètre géographique de l’OIN. Quand vous êtes à Nice par exemple, vous avez une OIN qui est très large et qui prend la totalité de la vallée du Var, et un EPA dont le périmètre est beaucoup plus réduit. Le rapport pour lequel j’ai consulté les collectivités et qui a été rendu il y a quelques mois, est plutôt favorable. L’idée serait de pouvoir, sur demande des collectivités territoriales, saisir l’établissement public d’une mission d’aménagement comme opérateur sur certaines parties de la ville.
L’autre demande portait sur une extension de l’OIN au-dela du périmètre actuel. Est-ce qu’il faut envisager un Euroméditerranée 3 vers le nord ? Est-ce que c’est opportun ? Créer ou étendre une OIN nécessite un décret en Conseil d’Etat, ce qui suppose une justification. Vous pouvez imaginer continuer l’aménagement de la frange littorale vers le nord par exemple. Ou bien se saisir de l’opportunité de l’allongement du tramway T3 vers le nord pour étendre l’OIN. Et là, pour l’instant, la position des collectivités est plutôt réservée.
En savoir plus :
Les précédents volets du verbatim de Christophe Mirmand.
[Verbatim] Christophe Mirmand dresse son bilan : le logement « très en deçà » des besoins (1/4)
Projets industriels, OIN, routes, THT… : état des lieux avec Christophe Mirmand (2/4)
[Verbatim] Marseille en grand : Christophe Mirmand défend le suivi et l’avancée des dossiers (3/4)