Après le départ de Lionel Royer-Perreaut, élu député (Ren.) de la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône en juin 2022, la présidente de la Métropole Aix-Marseille Provence, Martine Vassal (LR), a proposé à Yves Moraine (LR) de prendre les rênes de la Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire métropolitaine (Soleam). L’avocat, conseiller métropolitain et ancien président de cette structure, accepte la mission. Toutefois, Yves Moraine devra attendre le vote du conseil d’administration de la structure, jeudi 24 novembre, avant de prendre officiellement ses nouvelles fonctions.
Vous dites que votre « nom fait consensus » pour reprendre la présidence de la Soleam…
Yves Moraine : Non ! Vous connaissez les médias… Comme la Soleam a pour administrateur principal la Métropole et plusieurs grandes communes du département comme Marseille, Marignane, Aubagne, Salon-de-Provence et La Ciotat, Martine Vassal m’a demandé en juillet de considérer la possibilité de devenir président de cette société. Ce n’était ni mon ambition ultime, ni le rêve de ma vie, d’autant moins que j’ai déjà présidé la Soleam à sa création en 2010.
Pourquoi avoir accepté ?
J’ai accepté car je fonctionne en confiance étroite avec Martine Vassal.
Yves Moraine
Y. M : J’ai accepté car je fonctionne en confiance étroite avec Martine Vassal. Je dirige les finances du département, ce qui implique une grande proximité. Elle a souhaité que je suive, pour le compte de la Métropole, le plan « Marseille en Grand ». J’occupe à présent des fonctions plus techniques que politiques, qui nécessitent un grand souci du dialogue, de l’échange et de la recherche du consensus au regard des activités que j’ai exercées dans le passé. Je n’ai pas dit « oui » tout de suite, mais j’ai considéré que cette fonction était pertinente au regard de mes fonctions actuelles. Cette recherche du consensus et de l’esprit constructif, sans nier les différences normales et nécessaires, peuvent apporter à la Soleam.
Trois administrateurs sont élus à la ville de Marseille. Avec vos divergences politiques, comment allez-vous travailler avec eux ?
Y. M : J’ai échangé avec plusieurs maires, notamment le maire de Marignane (Éric Le Disses, LR) et le maire d’Aubagne (Gérard Gazay, LR). Ils m’ont dit être très satisfaits que je puisse présider la structure. J’ai également souhaité que le maire de Marseille soit informé. Je ne sais pas quelle sera la position de la Ville lors du vote, mais j’aborde cette relation dans un esprit constructif. Je ne vais pas diriger une structure politique. Je vais présider une société publique d’aménagement qui doit fonctionner et remporter des marchés, des clients, être compétente et prendre grand soin de son personnel. L’intérêt général doit être son seul guide.
La politique sera donc mise de côté ?
Y. M : Voila. Je ne suis pas le représentant des Républicains à la présidence de la Soleam. Nous avons des visions différentes avec la Ville, et encore que, pas toujours. La Ville n’a pas besoin de la Soleam pour tout. Et vice-versa. J’espère que la Ville nous confiera des mandats et des concessions, et je resterai très ouvert. Mon ambition, c’est que la Soleam devienne un outil efficace, efficient au service de ses actionnaires pour l’aménagement.
En parlant d’efficacité, un rapport de la Cour régionale des comptes (CRC) avait pointé la gestion défaillante de la Soleam entre 2010 et 2018, notamment sur un programme de 1500 logements dans le centre-ville de Marseille. Seulement 31 avaient été livrés en temps et en heure.
Y. M : Je n’ai pas relu ce rapport de la CRC. Mais de tête, ces remarques n’étaient ni péjoratives ni nombreuses. J’ai en tête deux remarques qui ne sont pas extravagantes : un retard sur un village d’entreprise et une critique sur la prolongation un peu trop systématique des opérations.
J’ai l’ambition que la Soleam devienne l’aménageur de référence du département.
Yves Moraine
Pour vous, la Soleam était donc un outil efficace dès sa création ?
Y. M : Non, une société naissante qui marche immédiatement, c’est rare. Comme je ne suis pas encore président, je n’ai pas encore remis mon nez dans les dossiers. Mais j’ai effectivement l’ambition que la Soleam devienne l’aménageur de référence du département, dynamique et complètement dépolitisé. Je pense qu’on doit pouvoir nouer des alliances avec d’autres aménageurs publics du département, sans volonté de fusion ou de mainmise. Je veux qu’on travaille en confiance avec les actionnaires dans une pure objectivité, dégagée de toute considération politicienne.
L’une des opérations les plus importantes a été la rénovation de La Plaine (1er) à Marseille. Qu’en pensez-vous ?
Y. M : C’est une opération exemplaire. Voilà une opération qui, malgré des difficultés énormes, des postures politiciennes continuelles et des agressions insupportables, a pu être menée à son terme avec un souci de concertation loué de tous. J’ai le souvenir que Gérard Chenoz (ancien président de la Soleam, ndlr) s’est énormément mobilisé pour que le projet marche. Cet aboutissement montre qu’il y a beaucoup de compétences et de qualités dans les équipes.
Pour lutter contre l’habitat indigne, l’État a créé avec la Ville de Marseille une société publique locale d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN) pour rénover le centre-ville. Cette société ne remet-t-elle pas en cause le rôle de la Soleam ?
Y. M : Ça ampute la Soleam de la possibilité d’avoir ces opérations-là, mais ce ne sont que les opérations d’habitat de la ville de Marseille, ce n’est pas l’essentiel de son activité. Il faut coopérer. La Soleam va céder des immeubles à la SPLA-IN donc le travail va être mené main dans la main, il n’est pas question qu’il en soit autrement.
Je ne veux pas entrer dans une bataille avec Mathilde Chaboche.
Yves Moraine
Mathilde Chaboche, l’adjointe à l’urbanisme de Marseille, nous avait fait savoir qu’un élu d’une autre ville que Marseille à la présidence de la Soleam serait intéressant…
Y. M : Un maire à la tête de la Soleam, pourquoi pas, simplement, il est peu courant qu’une société publique ou privée soit dirigée par le représentant d’un actionnaire qui a moins de 1% quand un autre en a 80%. Mais les maires sont tellement submergés qu’ils ont peu de temps à accorder à ce poste. Je ne veux pas entrer dans une bataille avec Mathilde Chaboche. J’ai mené 10 000 batailles dans ma vie. Si elle veut chercher la bagarre, elle le fera seule. Mais si elle veut trouver des solutions, on sera deux.
Votre élection est donc jouée d’avance ? Quelle direction allez-vous impulser ?
Y. M : Oui. Je ne vois, a priori, pas d’obstacle. Je vais faciliter les relations avec les actionnaires institutionnels et avec les communes. Les maires siègent souvent avec moi au Département avec lesquels j’entretiens de bonnes relations. Je vais leur dire : « Faites confiance à la Soleam, donnez-lui des opérations ». Je vais également regarder de haut un certain nombre de critiques faites à la Soleam pour essayer de les rectifier, donner des possibilités d’alliances avec d’autres aménageurs et veiller à ce que les 80 personnels se sentent bien.
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