Annoncée en 2018 au Salon du Bourget, la nouvelle usine de peinture pour l’aéronautique de Satys ne verra pas le jour à Marignane. Le maire de Marignane Eric Le Disses l’annonce dans un communiqué triomphant lundi 22 novembre : « C’est la fin de l’épisode Satys (…) un beau jour pour notre ville », se félicite-t-il. Avec plusieurs associations, l’édile s’est opposé depuis le départ à l’installation de ce site classé Seveso sur la Zac des Florides. Après plusieurs courriers au Préfet et à la Métropole, il a finalement obtenu gain de cause : « Vendredi dernier, après une semaine de travail avec les services et le directeur général de la Métropole, j’ai demandé à Martine Vassal de ne pas reconduire le compromis de vente à la société en charge de l’installation de cette usine (…) C’est chose faite, Madame Vassal a répondu à ma demande de ne pas accepter l’installation de ladite usine », raconte le maire. La Métropole n’aura même pas attendu le résultat de l’enquête publique qui s’est déroulée entre août et septembre dernier. Eric Le Disses salue d’ailleurs « le commissaire-enquêteur pour son travail colossal », ce dernier doit rendre son rapport dans les jours qui viennent.
Satys confirme le gel de son projet
Le groupe toulousain Satys a pris acte de la décision dans la journée « regrettant de ne pas avoir réussi à suffisamment convaincre du bien-fondé et de la qualité de notre dossier, et toujours soucieux d’un climat transparent et apaisé avec les communes où sont localisées nos bases industrielles, il nous apparait ainsi nécessaire de geler le projet ». L’usine de Marignane devait remplacer le site de l’ancienne filiale de Bonans, Protec Métaux Arenc, rachetée par Satys et actuellement installée dans le 15ème arrondissement de Marseille qui emploie 120 personnes. Déjà, cette usine a fait l’objet de plusieurs arrêtés de la préfecture pour pollution des eaux souterraines au chrome VI, une substance toxique et cancérigène. « En effet, l’exploitation de Satys STM (anciennement PMA) est actuellement assurée dans une usine très ancienne et vétuste. Dans le cadre de la reprise de l’activité de PMA, notre intention est donc de construire une unité ultra moderne (…) Satys a toujours fixé à ses sites industriels dans le monde la règle absolue d’être meilleur que les exigences environnementales, hygiène et sécurité. C’est bien sûr le cas de notre projet localisé dans la ZAC des Florides à Marignane », assure-t-il.
Satys à la recherche d’un nouveau terrain
Désormais, l’objectif est de trouver un nouveau point de chute. Une chose est sûre, ce ne sera pas à la Zac des Florides : « J’ai demandé à la Métropole de modifier les objectifs de la Zac en y refusant tout futur projet dangereux », insiste Eric Le Disses. A la place de l’usine de peinture, le maire propose l’installation d’une entreprise logistique. Satys se lance donc à la recherche d’un nouvel emplacement et « engage dès ce jour l’étude d’un scenario modifié dans les prochaines semaines en lien avec les services de l’état ». L’entreprise espère néanmoins trouver un point de chute le plus près possible d’Airbus Helicopters, son principal client : « Sans le site actuel, plusieurs centaines d’aéronefs pourraient se retrouver cloués au sol avec des conséquences extrêmement fortes pour l’aéronautique française et bien sûr pour le tissu social et économique de la Région », prévient le groupe.
L’activité d’Airbus Helicopters directement menacée
Interrogé en marge de l’inauguration d’un nouvel atelier d’assemblage à Marignane ce 22 novembre, le P-dg d’Airbus Helicopters Bruno Even ne cache pas son inquiétude : « Satys est un acteur clé dans notre chaîne industrielle. On doit rapidement trouver une solution sinon l’ensemble de notre activité risque d’être perturbée », déclare-t-il. A ses côtés, Renaud Muselier va dans le même sens : « Il va falloir trouver une solution pour peindre nos hélicos ». Cependant, le président de la Région Sud ne cache pas qu’il partage la position du maire de Marignane : « Depuis le départ, ce dossier était mal préparé, mal ficelé… Il faut tout reprendre à zéro », annonce-t-il.
Le monde économique réclame une réunion avec le Préfet
Rapidement, le monde économique local s’est ému de cette décision. Pour l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE 13), « c’est une très mauvaise nouvelle, très préoccupante ». Le syndicat patronal dénonce « une campagne de désinformation qui a malheureusement porté ses fruits, en jouant sur l’inquiétude, bien évidemment légitime des riverains, qui n’ont pu de fait, entendre dans un climat serein toutes les réponses apportées par l’industriel à leurs questions et doutes ». De son côté, l’union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) réclame « au Préfet et aux collectivités une réunion urgente sur ce sujet avec les différentes parties prenantes afin de trouver des solutions ». Elle s’inquiète des conséquences sur les futurs projets industriels dans la région : « En refusant l’installation d’un projet industriel d’avenir sur ce site pourtant spécialement prévu à cet effet, notre territoire vient d’adresser un signal catastrophique de rejet aux investisseurs et industriels mondiaux ».
Liens utiles :
> [Aéronautique] Satys construit une nouvelle usine de traitement de surface à Marignane
> Satys (Toulouse) : investissement à Marignane, dépollution et départs à Marseille