[Baromètre] Avec 40% des levées de fonds, la Côte d’Azur talonne Aix-Marseille Provence

Après un millésime 2021 excellent pour la Tech dans les Alpes-Maritimes, comme par ailleurs en France et dans toute l’Europe, l’investissement est resté soutenu sur la Côte d’Azur avec 40% des levées de notre baromètre 2022. Quelques bonnes opérations ont été inscrites au millésime 2022. Coup de flash.

Quatre levées à plus de 10 millions d’euros

En tête sur le podium, la néobanque sophipolitaine Akt.io, propriété du groupe anglais Automata qui a conclu en mars une levée de 27 M€ en cryptomonnaie pour accélérer sa R & D.

Deux autres belles opérations de plus de 15 M€ sont aussi sur ce podium azuréen : Frafito, société spécialisée dans la distribution B2B de dispositifs médicaux, avec 20 M€ en avril ; Therapixel, spin-off d’Inria Sophia-Antipolis avec 15 M€ en mai pour MammoScreen, son logiciel d’intelligence artificielle d’aide à la lecture des mammographies, efficace dans la détection précoce de cancers du sein.

Au créneau aussi des levées de fonds conséquentes, celle de Nicox. Biotech sophipolitaine créée à la fin des années quatre-vingt-dix, elle a déjà levé plusieurs centaines de millions d’euros depuis sa naissance. S’y ajoute une augmentation de capital par placement privé de 10 M€ en novembre pour arriver au lancement en 2024 de son premier médicament ophtalmologique sur le marché américain.

Les jeunes pousses azuréennes de la Tech ont pu se financer

Les jeunes pousses de la tech azuréenne ont réussi de leur côté à se financer avec plusieurs levées entre 5 et 10 M€. Ce fut ainsi 9 M€ en mars pour Bodyguard, expert niçois de la modération en ligne, qui cherche à étendre ses solutions au métavers, 5,3 M€ en février pour Cintoo 3D, spécialiste de la capture de la réalité pour le marché de la construction, ou encore 5 M€ en novembre pour Livmed’s, service de livraison de médicaments à domicile (Livmed’s a déjà utilisé cet apport financier en rachetant début mars, la start-up grenobloise Pharmanity).

En deçà des 5 M€ quelques premières levées : 3 M€ pour les chariots connectés de supermarchés de Knap en novembre ; 2 M€ en avril pour Videtics et son cap sur les JO de Paris (analyse vidéo par deep-learning), 1,5 M€ en mai pour Qiti (assurance pour expatriés et nomades digitaux) ou encore 1,3 M€ en septembre pour les logiciels de crédit management d’Hoopiz. Au total du compteur 2022, plus de 75 M€ levés en prenant en compte les opérations de moindre ampleur.

RSI : un financement record dans les AM

Après le millésime 2021 d’après Covid qualifié d’exceptionnel, la Côte d’Azur connaît une belle année 2022. En témoigne RSI (Région Sud Investissement) qui, a ouvert en juin un bureau à Nice et qui, pour la première fois, n’était pas loin d’avoir plus investi dans les Alpes-Maritimes que dans les Bouches-du-Rhône. « Nous avons réalisé une vingtaine d’opérations dans les AM dont six nouveaux investissements et 15 réinvestissements », explique Pierre Joubert, directeur de RSI.

« Nous étions en 2022 dans un cas particulier avec un fonds qui se terminait et un nouveau qui s’ouvrait. Sur l’un des fonds, les AM dépassent même les Bouches du Rhône. Sur le cumul des deux fonds en 2022, RSI -2 et React.eu, cela donne 47 % d’entreprises financées en capital sur le 06, ce qui est un record, contre 53 % dans les BdR. »

La “valo” sous contrôle

Les tendances ? « Depuis l’été, la nouvelle lame de fonds tient dans tout ce qui touche aux accords de Paris, une tendance qu’avait déjà prise la Région Sud, avec beaucoup de sujets d’investissement sur l’hydrogène, la cosmétique bio, le bien-être », souligne Pierre Joubert. « Le numérique garde sa place, s’il est utilisé pour des innovations dans l’industrie ».

Côté Business Angels, Michel Bernasconi, président d’Angels Bay Invest, note que le club n’a pas investi dans de nouveaux projets en 2022, mais a réinvesti dans des 2e et 3e tours de son portefeuille. « Nous avons connu une bonne période et beaucoup d’investisseurs sont aujourd’hui en recherche de sortie. À noter aussi une baisse de valorisation et un renforcement du contrôle de coûts. »

Pour Noémie Keller, associée et directrice de la Région Provence Alpes Côte d’Azur chez In Extenso Innovation Croissance, « les facteurs exogènes (Ukraine, inflation, durcissement de la politique monétaire) ont réduit le nombre de grosses opérations et ont mis la tension sur les évaluations ». Un tournant. Elle reste néanmoins optimiste pour les AM, un département « fort de ses deeptech et qui historiquement s’est montré comme un territoire performant à contre-cycle ».

Jean-Pierre Largillet (Webtime Medias) à Sophia

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