Le mercredi 9 octobre, Gomet’ organisait les 3e Rencontres du vélo et des mobilités douces à Aubagne. De riches débats autour de ces enjeux ont animé la journée, dont une séance de pitchs regroupant de nombreux acteurs du territoire venus présenter leurs projets favorisant les mobilités durables au quotidien.
Vincent Tinet (Agam) : la marche à pied, c’est la santé
Vincent Tinet, chargé de mobilités de l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) a d’abord introduit la séance en évoquant l’activité physique des Français. Seulement 25 à 30 % des personnes pratiquent suffisamment d’activité physique. Alors que marcher davantage permet de réduire de 30% le risque de développer un diabète, améliore la santé mentale, diminue les risques de cancer et d’obésité. Il a également évoqué le rôle clé de la marche dans le bien-être social, à une époque où 79 % des Français utilisent encore la voiture pour les trajets quotidiens. (lire aussi notre article sur l’étude de l’Agam : les déplacements actifs, c’est meilleur pour la santé.)
Marine Minvielle (Croix-Roge) mobilisée contre la fracture sociale des mobilités
Ensuite, Marine Minvielle, chargée de mission mobilités pour la Région Provence Alpes Côte d’Azur et Corse à la Croix-Rouge a débuté son pitch en soulignant la dépendance à la mobilité en France. En effet, seulement 35% des communes disposent d’au moins un commerce aujourd’hui, contre 75% en 1960. Alors que la distance moyenne à parcourir pour accéder aux ressources quotidiennes est passée de 6 km en 1960 à 40 km en 2023…
Elle a ensuite évoqué les services développés par la Croix-Rouge, déployés à l’initiative des bénévoles locaux. Parmi ces solutions, on y retrouve :
- Le transport solidaire ou l’auto partage
- Un camion équipé pour la distribution alimentaire en dehors des centres urbains
- Croix-Rouge sur Roues : un dispositif itinérant permettant de rompre l’isolement, notamment en zones rurales et périurbaines. Les bénévoles vont à la rencontre des personnes isolées, les écoutent et leur apportent, si besoin, une aide matérielle
- La mise à disposition de vélos en partage et vélos triporteurs
- Des boutiques itinérantes, offrant divers services aux personnes éloignées
- Plusieurs initiatives visant à favoriser l’inclusion par la mobilité douce.
Létitia Vandon (Ressourcerie Aubagne) : l’économie circulaire et le recyclage
Létitia Vandon, cheffe de projet chez Evolio, ressourcerie basée à Aubagne, a évoqué l’organisation de l’association reposant sur deux piliers : l’économie circulaire et l’inclusion sociale des personnes vulnérables. La Ressourcerie emploie 40 salariés en parcours d’insertion et 10 salariés permanents. Parmi ses différents ateliers, l’un est spécialisé dans les vélos. À partir de trois vélos récupérés en déchèterie, les techniciens parviennent à en re-conditionner un, qui est ensuite revendu à prix réduit.
La cheffe de projet a également présenté la collaboration avec son partenaire Teebike (Nice), une solution innovante : des vélos à assistance électrique qui ont pour particularité d’avoir tout le système électrique intégré dans la roue avant. Cette dernière est dotée d’un moteur, d’une batterie et de capteurs qui permettent d’électrifier le vélo sans câble mais contrôlée via une application connecté en Bluetooth.
Ces vélos à assistance électrique sont principalement destinés aux salariés en réinsertion, aux demandeurs d’emploi et aux étudiants, afin de faciliter leur mobilité et leur insertion professionnelle. Des cautions réduites et des locations avec option d’achat sont par ailleurs proposées pour faciliter l’accès au vélo.
Guennolé Tripotin, la boîte à outils du vélo
Guennolé Tripotin, fondateur des Bichonneurs de Vélo, propose quant à lui un service de cycles itinérants à Marseille, spécialisé dans la réparation et la customisation de vélos. Il a d’abord rappelé que la vente de vélos neufs est en nette diminution depuis 2019, tandis que la demande pour la maintenance a fortement augmenté, avec une hausse de 19 %. Le marché de l’occasion est également en pleine croissance.
L’objectif de l’entreprise est de fournir un service de qualité aux particuliers et aux professionnels, incluant la réparation, la révision, le dépannage, l’accessoirisation, ainsi que des ateliers pédagogiques, des formations et la location de matériel. Les techniciens se déplacent dans Marseille et redonnent une vie à tout types de vélos.
Les Bichonneurs de Vélo organisent aussi des ateliers mécaniques participatifs, en partenariat avec la Croix-Rouge et des centres pour mineurs, dans une approche artisanale accessible à tous types de vélos.
Fannie Nolhier (Les boîtes à vélo) : le vélo cargo cheval de Troie de la ville moderne
Fannie Nolhier, chargée de mission pour la région Provence Alpes-Côte d’Azur au sein des Boîtes à Vélo, œuvre à promouvoir le vélo cargo comme principal moyen de locomotion et outil de travail pour les professionnels tels que les aides-soignantes, cordistes, serruriers, coiffeurs à domicile, agents de propreté ou encore jardiniers paysagistes.
« 50% du trafic en ville sont dûs à la livraison des marchandises en heure de pointe. Ces vélos cargos peuvent remplacer les petits fourgons de livraison » explique-t-elle avant de poursuivre : « Les entreprises doivent se réorganiser et adapter leur logistique en fonction de leur périmètre d’action afin d’intégrer ce mode de transport plus éco-responsable et confortable pour les habitants des villes. »
Les Boîtes à Vélo accompagnent les professionnels et entreprises souhaitant adopter le vélo cargo, notamment avec des formations. À Marseille, via l’initiative Cyclevolution, huit vélos cargos sont actuellement déployés à Aix et Marseille pour des essais gratuits. L’objectif est de collaborer avec les entreprises pour démontrer que le vélo cargo est une solution plus pratique, ergonomique, écologique et économique. En effet, alors que le prix d’achat d’un vélo cargo est trois à quatre fois moins élevé qu’un fourgon, plusieurs aides à l’achat sont aussi proposées, comme des aides à l’acquisition (2000€ en région Sud) ou la déduction de la TVA.
Sarah Tenefer (Egerine) : la publicité agile, mobile et et éco-responsable
Sarah Tenefer, fondatrice d’Egerine, start-up basée à Nice, qui se spécialise dans la publicité collaborative à vélo. Le concept repose sur la rémunération des «égéries», qui acceptent des missions, effectuent des trajets en portant une publicité sur le vélo pour une rémunération de 20 euros de l’heure. L’idée d’Egerine est de redistribuer les budgets publicitaires à ceux qui en ont besoin, en utilisant la mobilité douce pour soutenir une mobilité plus durable. « Aujourd’hui, on fait face à des centaines de publicité chaque jour. On cherche à moderniser la publicité en brisant les codes traditionnels » raconte la jeune entrepreneuse.
Soutenue par la French Tech, la start-up utilise l’IA pour optimiser les trajets des cyclistes, qui relèvent des missions et fournissent des données sur les indicateurs de performance clés. Pour les entreprises, la publicité à vélo permet un accès à des zones difficiles d’affichage et de se faire remarquer par de nouveaux canaux, tout en étant éco-responsables. Parmi ses clients actuels figurent Orange ainsi que des petites entreprises.
Ghislain Dubois (Vélo Station) : le vélo dans toutes ses dimensions
Ghislain Dubois, gérant de Vélo Station à Marseille, souligne l’importance de la distribution dans la mise en valeur du vélo. Le magasin propose une large gamme de vélos pour répondre à des besoins de plus en plus complexes, allant des vélos électriques aux vélos cargos, pliants, biporteurs, triporteurs et d’autres. Le gérant raconte une anecdote : « ll y a quelques jours, un homme de 85 ans atteint de Parkinson est venu au magasin. Nous avons pris le temps de trouver le vélo adapté à sa condition, et il est reparti avec une immense joie de pouvoir reprendre son loisir favori.»
Vélo Station accompagne également le développement de la cyclologistique avec une gamme très large et en mettant en avant les aides spécifiques, comme la TVA récupérable sur les triporteurs, les aides de la Région Sud pour les professionnels qui achètent des vélos cargos ou les subventions d’État.
Ghislain Dubois souligne également l’importance d’approcher les entreprises pour convertir les automobilistes en cyclistes notamment avec le vélo de fonction qui devient une tendance.
Les entreprises qui achètent des vélos pour leurs salariés peuvent bénéficier d’un crédit d’impôt de 25%, un avantage cumulable avec d’autres déductions.
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