Dans l’ombre d’Emmanuel Macron lors de sa première visite à Marseille en juin dernier, le ministre de l’Éducation et de la Jeunesse, Pap Ndiaye, a pris cette fois toute la lumière à Marseille, en consacrant trois jours de son agenda, du 17 au 19 novembre, pour écouter et discuter avec les élèves, les professeurs et les collectivités locales. L’ancien professeur d’histoire, conscient des difficultés propres à la deuxième ville de France, est également venu rappeler l’aide de l’État pour la reconstruction de 174 écoles marseillaises et observer les projets des « écoles laboratoires », sans pour autant faire d’annonce.
Son déplacement était l’occasion de visiter plusieurs établissements marseillais, hétéroclites, de la maternelle au lycée, à commencer par ceux des quartiers Nord. Comme pour réaffirmer l’intérêt du président de la République pour créer une nouvelle dynamique au Nord de la ville. Jeudi 17 novembre, Pap Ndiaye s’est rendu au micro-collège Barnier (16e), avant de visiter la section internationale du collège Versailles (3e). Ensuite, le ministre a rencontrer les professeurs d’une des 59 écoles laboratoires du plan Marseille en Grand, l’école maternelle Fonscolombe (3e) pour découvrir leur projet de classe flexible, à mobilier modulable. Ces écoles du futures, voulues par Emmanuel Macron, vont être généralisées sur le territoire national. Mais pour l’heure, l’État est en concertation avec 800 écoles.
La visite de Cité scolaire internationale (3e)
Pap Ndiaye s’est ensuite arrêté sur le chantier de la future Cité scolaire internationale, entre le Dock des Suds et la tour CMA CGM. Ce futur établissement accueillera près de 2 200 élèves, à la rentrée 2024, du primaire au lycée dans un écrin de verdure, à quelques pas des bassins Est du port de Marseille-Fos. La Région Sud, financeur à 49% de ce projet chiffré à 100 millions d’euros, en fait son étendard : cinq langues seront dispensées dans cette cité qui mêlera « excellence » et « mixité sociale. » Le président de la Région Sud,Renaud Muselier, se montre particulièrement proche du ministre lors de la visite pour faire valoir ce projet d’investissement colossal.
Guidé par l’architecte Roland Carta, le ministre ne fait qu’acquiescer devant ce projet « important pour la ville, une ville ouverte sur le monde, de personnes qui viennent d’ailleurs. Offrir un tel cadre d’études pour celles et ceux qui viennent de loin a une signification particulière», partage Pap Ndiaye pour qui, il faudra surtout, être vigilant à la mixité et l’ouverte sur le quartier, l’un des plus pauvres d’Europe. L’édile salue par la même le travail de coopération des collectivités pour réaliser une cité internationale de 5 000m2 au coeur de ce quartier défavorisé.
Un détour par la CMA CGM
Pour finir sa journée, le ministre a rencontré le président de la CMA CGM Rodolphe Saadé et sa soeur, Tanya Saadé, présidente de la fondation CMA CGM pour échanger sur les différentes actions éducatives du groupe. Si la presse n’était pas conviée aux discussions, ce rendez-vous semblait être l’occasion parfaite pour les deux dirigeants de mettre en avant le futur campus de formation de la CMA CGM et les entreprises éducatives incubées au sein de la fondation.
Aborder l’égalité des chances et le harcèlement scolaire
Vendredi 18 novembre, le ministre s’est réjouit de parler « égalité des chances » au lycée Saint-Exupéry (15e). Dans sa vidéo de la semaine, postée sur Twitter, Pap Ndiaye estime que « ce lycée donne de l’enthousiasme et donne envie de se projeter ensemble pour la réussite de nos élèves. » Il rappelle toutefois la non-mixité de ce lycée de la Madrague-ville qui compte 74% d’élèves boursiers. Dans une interview accordée au journal La Provence, le ministre s’attarde sur le tissu associatif« remarquable» de Marseille, et se dit frappé par la « véritable communauté éducative » qui s’est constitué au lycée Saint Exupéry.
Ensuite, c’est au tour de deux établissements des quartiers sud de recevoir le ministre. D’abord la Cité scolaire Marseilleveyre (8e), pour assister à la présentation des projets culturels et artistiques des élèves. Puis, direction le collège Grand Bastide (9e) pour y découvrir différentes initiatives pédagogiques de lutte contre le harcèlement scolaire, d’entraînement des filles de la section sportive foot féminine de l’OM, d’aide aux devoirs et une fresque en hommage à Samuel Paty.
Clôture au Mucem à la rencontre des étudiants
Pour achever son déplacement, Pap Ndiaye choisit le Mucem pour échanger avec des jeunes volontaires de 16 à 25 ans aux côtés de la députée Renaissance Sabrina Agresti-Roubache et du préfet Christophe Mirmand. Interrogés à leur sortie par BFM Marseille, les étudiants semblent déçus et mécontents, sans réponse à leurs demandes précises. Le ministre, Pap Ndiaye, l’avoue lui-même, sur la chaîne locale :« Je ne suis pas venu fournir une réponse précise sur des situations locales, mais plutôt prendre le pouls de la jeunesse, entendre leurs préoccupations et les priorités.»
Une visite en longueur donc, qui a semblé ravir les collectivités, mais sans annonce, ni pour l’éducation nationale (salaires des professeurs) ni pour l’avancée de la Société publique des écoles Marseillaises (SPEM) dirigée par Vincent Bourjaillat depuis septembre. Malgré des lenteurs administratives, le ministre assure que« la phase de maîtrise d’ouvrage peut commencer.»
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